Save Me Then Love Me

Chapitre 8

Cela faisait à présent trois jours que j'étais inactive, puisque je ne savais que faire en ce qu'il s'agit de cette mission. TaeHyun était (ou avait l'air) toujours aussi décontracté, tandis que moi j'étais stressée et me rendais souvent à la salle d'entraînements multiples pour perfectionner mes tirs, le plus important. Il était fier de moi, mais il n'est pas con non plus : il devait se douter que je me doutais de quelque chose. Pas folle, la guêpe.

-Su, où est-ce qu'il est mon magnum ?

-Dans ton froc.

-Hein ?

-Je rigole, derrière la malle à grenades.

-Tu l'avais caché ?

-Non, un agent de service est venu déposer un nouvel attirail.

-Oh, je vais voir ça.

Il délaissa son petit bijou (de famille si ma blague était la bonne) et ouvrit la malle où étaient soigneusement rangées des grenades de dernière technologies. Il s'agissait de bombes flash, bombes paralysantes, bombes fumigènes, simples grenades. L'un d'entre elles attira notre attention.

-Je me demande bien à quoi elle sert.

-Faut lire la not- TAEHYUN, NON !

Il la dégoupilla et la lança devant nous à dix mètres. Je me cachai derrière la table et attendis que ça saute. Sauf que ça n'arrivait pas. Je relevai la tête et aperçus un nuage rose. C'est quoi ce bordel ? J'attrapai la notice et lus consciencieusement. Le nuage était pourvu d'une drogue qui fait tourner la tête à celui qui le respire. Ainsi, les ennemis sont hors d'état de nuire puisqu'ils sont sous l'emprise de stupéfiants.

-Suzaaanne ! Vieeens, c'est drôôôle !

... Il est sérieux ? Y'a du relâchement, TaeHyun, ça va plus là. Je vais devoir tout faire si ça continue ! Mais j'espère pas quand même. C'est lui le pro, moi je ne suis qu'une amatrice. Alors que le nuage rose se propageait dans la salle, je retins ma respiration et allai chercher un masque à gaz vite fait bien fait. Je ne tenais pas à finir droguée comme l'autre qui se roule par terre à rigoler comme une baleine. Une fois le masque sur mon visage, je m'approchai de lui et eus alors une idée. Un sourire en coin se dessina sur mes lèvres.

Quand quelqu'un est sous l'emprise de drogues... il avoue tout, n'est-ce pas ?

-TaeHyun, qu'est-ce que tu fais quand je ne suis pas là, à la maison ?

-Rien, sourit-il.

-Rien de rien ?

-Rien de rien de rien.

-Ah bon. Tu ne serais pas en train de faire des... recherches ?

-Sssi ! Pour mieux te ssséduire, ma chère Sssuzanne.

-... D'accord. Et en quoi cela s'agit-il ?

-Eh bien... comme je t'aime très fort et que je ne veux pas que tu partes, il faut que j'empêche des gens qui viendraient te chercher.

Bingo !

-Tu es gentil, TaeHyun. C'est bien.

Je tapotai sa tête, il referma les yeux en souriant, content de lui. Je sortis de la salle avec l'idée en tête d'accélérer les choses : il était temps de passer à l'action. Mais d'abord, je vais faire une petite virée chez le boss.

Une fois arrivée devant la porte, je me demandais si c'était bien raisonnable de lui demander à ce que j'aille sur le terrain. Je n'ai pas été formé dans les règles de l'espionnage, je ne sais pas encore tout à fait me servir de ceci ou de cela, etc. Mais tentons le coup. Je toquai, puis m'engageai dans le bureau quand on me le demanda.

-Oh, bonjour Suzanne. Vous allez bien ?

-Parfaitement bien, et vous ?

-Oui, ça va, merci. Alors, quel est l'objet de votre visite ?

-Eh bien... j'aimerai aider TaeHyun dans sa prochaine mission. Si je ne me trompe, il s'agit des russes qui nous ont causé du tort.

-Avez-vous... ouvert le dossier adressé à TaeHyun ?

-Oui. Je me suis permise car il avait besoin de repos et je ne voulais pas qu'il se replonge aussi vite dans sa vie professionnelle tumultueuse.

-Je vois. Alors, qu'avez-vous appris ?

Je lui fis la liste de ce que je savais, de ce que j'avais fait. Mes prouesses héroïques l'impressionnèrent car il relevait la tête en acquiesçant.

-Je vois que vous êtes plutôt futée. Vous vous entraînez souvent avec TaeHyun ?

-Je m'entraîne seule.

-Oh, je vois.

Un petit bip se fit entendre et quelqu'un sortit de derrière la bibliothèque. Je tombai en arrière et redressai mon siège comme protection et sortis mon arme pour tirer sur l'homme arrivé par surprise. Ma balle atterrit dans le thorax, l'homme tomba à terre. Il ne s'agissait que d'un simple mannequin. Je me relevai et époussetai mes vêtements avant de me rasseoir tranquillement. Le boss était penché en arrière, les mains crispées au fauteuil, un air décontenancé au visage.

-On n'est jamais trop prudent.

-Je... je vois. Eh-eh bien, il serait favorable pour TaeHyun que vous l'accompagner, alors.

Il rigole nerveusement en remettant sa cravate en place, puis reposa ses coudes sur la table en croisant ses mains devant son visage.

-Il n'y a qu'une chose. Vous m'avez parlé du quartier Est, n'est-ce pas ?

-Oui, c'est bien ça.

-Les agents qui veillent sur vous se rendent régulièrement là-bas, vous pourriez obtenir leur couverture pour aller enquêter dans ce coin de la ville.

Mais... ces pseudo-agents de protection sont les gens qui nous veulent du mal ! On ne va pas gentiment aller leur demander de nous amener chez eux ? C'est comme si une vache demandait à son boucher d'aller à l'abattoir, c'est complètement con ! Je décidai de ne pas lui en parler, on ne sait jamais s'il est de mèche avec ces gars, et sortis du bureau une fois que je l'eus salué. Je marchai en silence dans les couloirs quand mon téléphone sonna. C'était TaeHyun.

-T'es où ?

-Oh la, ça va ! J'ai le droit de me balader, hein !

-La voiture qui est censée te surveiller n'est pas partie de la maison. Comment t'as fait pour ne pas être vue ?

Ok, ça c'est bizarre.

-TaeHyun.

-Quoi ?

-Cache-toi.

-Mais pour-

-Cache-toi, jt'e dis, putain !

Je raccrochai et courus le plus vite possible à la maison. Je fis le tour du pâté de maison pour arriver par derrière, en vérifiant que personne ne s'y trouvait. J'escaladai le muret du voisin et atterris dans son jardin, parce qu'on a une haie et j'aurais pas réussi à sauter au-dessus. Je grimpai ensuite sur le muret séparant nos deux jardins et arrivai dans le mien pour rejoindre la véranda puis la cuisine. TaeHyun eut la bonne idée de m'appeler sur mon deuxième téléphone, ce qui fait que notre appel n'avait pu être tracé. Mais il a sûrement été sur écoute pour TaeHyun, s'il y avait des micros dans la maison. J'envoyai un message pour savoir où il était, il m'indiqua la chambre. La fameuse planque. Je montai les escaliers et arrivai près du lit. TaeHyun sortit du bunker puis d'en-dessous du lit.

-Pourquoi tu...

Je posai un doigt sur sa bouche et sortis le bloc-notes de mon téléphone. J'inscrivis "il y a peut-être des micros, ici". TaeHyun me fit signe de le suivre, nous rejoignîmes alors le bureau pour se servir d'un petit bijou électronique : un détecteur de microphones.

Et il se trouve que la maison en était truffée.