L'empire de la nuit

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ATTENTION CECI EST UN ROMAN POUR ADULTE

DÉCONSEILLÉ AUX MOINS DE 16 ANS


"Ce sont des monstres. Ils nous gardaient dans une cage, comme des animaux, sans même une couverture. Parfois ils nous nourrissaient, parfois ils oubliaient. Nous avons roulé pendant des jours et des jours. Nous espérions de l'aide, mais personne... personne n'est jamais venu. De temps en temps, ils venaient chercher l'un d'entre nous et nous ne le revoyions plus après. Nous savions que c'était fini... Et alors, ensuite, il y avait des cris, d'horribles cris. Ils sont mauvais, ils sont le mal..."


Un libraire m'a fait part un jour de l'immense pouvoir que détenaient les auteurs de fantasy, pouvoir dont bien trop de Wattpadiens abusent pour donner de médiocres résultats bâclés. Les possibilités de ce genre romanesque sont infinies, et bien qu'ayant évolué dans toutes les directions, nous ne connaissons qu'une minuscule facette de ce qu'elle peut nous offrir. La magie, souvent trop plébiscitée -il m'arrive également de trop en faire usage, comme vous le verrez peut-être dans les Chroniques du Grand Bateau-, laisse parfois de côté les situations complexes qui donnent tant de sel à nos lectures. Et quand je lis ça, je ne parle pas que des histoires d'amour ! Mais j'entends principalement par là la politique, un sujet que certains trouveront ennuyeux, mais qui s'avère être passionnant. C'est par ailleurs une excellente porte vers le non-manichéisme, où on peut imaginer toutes sortes de situations face à une guerre ou une paix menacée. Voilà où je veux en venir. Deux royaumes, Lyval et le Helmdal, sont souvent en mauvaise relation. Lyval, le plus au sud, est soumis au monothéisme via l'Église, tandis que le Helmdal, pays nordique et terre de mystères obscurs, est resté aux traditions héritées du paganisme et du chamanisme. Les deux royaumes ne se sont jamais réellement entendus, même si des alliances ont déjà été conclues par le passé.

Alors que l'on débat politique, que l'on songe à de vieilles histoires mêlant amour et guerre, que dans les bas-quartiers nobles et gueux se mêlent dans les tavernes mal famées et les bordels, l'Église se rend peu à peu compte qu'une menace plane sur l'ordre -ou le semblant d'ordre depuis l'effondrement de l'Empire (non, cela ne m'a en aucun cas inspiré la nouvelle Kanniah, que j'avais élaborée longtemps auparavant)- établi depuis deux milliers d'années : des créatures sans pitié, sans remords, sans bonté, sans âme, viennent du nord, les mêmes qui auraient détruit autrefois l'Empire : les vampires. Une race maudite et perverse, dont on sait bien peu de choses, mais leurs apparitions et leur diabolisme sont cauchemardesques. Envoyant quelques moines-guerriers à leur encontre afin de collecter des renseignements, le père Ambrose espère ainsi déjouer leurs plans...

Et c'est dans ce cadre sombre et obscur de dark gritty fantasy que se trame une épopée qui ne tardera pas à arriver. L'auteur est impressionnant tant par sa maîtrise de la langue que par son réalisme, explorant un monde de complots très fortement inspiré de nôtre Moyen Âge -les croisades, les légendes (il existait en effet une croyance comme quoi les vampires auraient assisté à la crucifixion du Christ, leur donnant tous leurs pouvoirs maléfiques), la politique, les armes, ect.- et multipliant les personnages et points de vue. Petit à petit, les destins se bousculent, les vies se mêlent, l'intrigue, très vague, commence à converger vers l'invasion prévue de monstres glacés et sanguinaires... Peu de regrets, sinon que l'auteur, contrairement à Legendiere, n'aie pas envie de publier un glossaire, même très concis, ou une chronologie afin de mieux comprendre l'Histoire et les royaumes qui ne sont pas inclus dans ce roman encore en cours d'écriture, et que la période de situation initiale reste tout de même un tantinet trop longue. Oubliez les âneries et autres fadaises de la bit-lit, ces vampires-là ont du mordant, du vrai (si j'ose dire), et si cela ne vous satisfait pas, vous pourrez toujours observer la psychologie de personnages nombreux et intelligents, ainsi que les rouages d'une société complexe et impitoyable. Je n'ai qu'un mot à dire : Bragelonne risque de louper un évènement si ses employés ne découvrent pas ce tapuscrit...

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