Chapitre 3.

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Je ne sais même pas si je vais retourner à l'université. Si c'est pour le croiser tous les jours, je préfère mourir. Ce serait comme me prendre une claque à chaque fois. 

Je sors de la voiture et l'ignore du mieux que je le peux. L'autre voiture n'est pas là ce qui signifie que ma mère est partie. Super... 

Quand je m'apprête à ouvrir la porte, il se place devant moi. Je garde le regard droit devant moi, c'est-à-dire sur son torse, pour ne pas le regarder.

_Dégage.

_Faut qu'on parle.

_T'as perdu ta copine ? Où est ce qu'elle est, je ne la vois pas.

Je tourne la tête dans tous les sens à sa recherche. Bien sur, j'en fais des tonnes mais je m'en fous.

_Chez moi.

_Ah tu lui as dit de rester. Si elle touche à mes affaires, je la bute. Je veux bien te donner toi mais faut pas abuser non plus. Mes affaires, ce sont mes affaires.

_T'as vu comment tu parles de moi là ?

_T'as vu comment tu me traites ? Tu fais pire.

_C'est faux.

_Et tu mens en plus. Je ne veux pas te parler, casse toi de là.

_Tu sais ce que je ressens pour elle...

_La ferme. Je ne veux pas t'entendre me dire que tu me jettes parce que cette meuf... aussi superficielle qu'elle soit, est revenue. Quand tu étais mal, c'est moi qui était là, pas elle.

_Je sais. Et moi j'étais là pour toi avec Roy. Si tu le revoyais tu serais dans le même état que moi.

Je secoue négativement la tête.

_Non, tu as tout faux. Je n'ai rien ressenti.

Instantanément, j'apporte ma main à ma bouche mais c'est trop tard. Il a entendu.

_PARDON ?!

Je l'esquive et passe à côté de lui pour ouvrir une bonne fois pour toute cette porte et éviter sa réaction. 

Subitement sa main attrape fermement et durement mon bras et me fait me retourner de force. Mon dos se plaque contre celle-ci et son visage est à quelques millimètres du mien. Son souffle s'abat violemment sur mon visage et une veine saille de son cou. Dire qu'il n'est pas content est un gros euphémisme.

_Qu'est-ce que tu viens de dire ?

_Je n'ai rien dit, affirmai-je faiblement.

Il secoue mon bras toujours dans sa prise. Ça me fait vraiment mal.

_Ne joue pas à ça avec moi.

_Je joue à ce que je veux, tu n'as pas ton mot à dire. Tu ne m'aimes pas.

_Ferme la. Tu ne sais pas ce que je ressens. Gwendoline se pointe et toi, tu accours dans les bras de ton ex qui te frappait. C'est quoi de ce délire ?!

_Tu m'as laissée tomber ! Tu l'as choisie elle! La salope qui t'a trompé ! Et ça ne s'est pas passé comme ça.

_Ah non, comment alors ? Ça fait combien de temps que tu le vois ? C'est peut-être lui le père de ton gosse en fin de compte.

Ma main libre vient s'abattre sur sa joue. Comment peut-il me dire ça ? Il est en train de battre des records de conneries... J'ai une subite envie de meurtre là. Sa joue rougit et sa tête se tourne lentement vers moi. Il ne s'y attendait évidemment pas.

_Va t'en, Evan. Dégage. Tu ne peux pas continuer à venir me voir. Je vais me débrouiller pour mon enfant qui a un père même pas foutu d'assumer ses actes. Tu n'es qu'un connard. Tu me fais une crise parce que j'ai revu mon ex mais toi, tu m'as abandonné. Tu ne m'as jamais aimé et tu oses venir faire le petit ami jaloux ? Non, ça ne se passe pas comme ça. Casse toi. On n'a plus rien à avoir tous les deux.

_Tu vas faire quoi pour notre enfant ?

_C'est à moi de voir. Tu m'as fait clairement comprendre que tu ne l'assumais pas.

_Mais j'ai dit ça sur le coup de la colère putain! J'ai aussi le droit d'avoir mon mot à dire. Tu ne peux pas m'en empêcher.

_C'est ce qu'on verra.

Je lui tourne le dos et pose ma main sur la clinche. Mais je me stoppe.

_Je t'avais prévenu.

_De quoi ?

_Qu'on allait souffrir ensemble. Je le savais. Je t'ai fait confiance, je t'ai même aimer, tout ça pour que ça finisse comme ça.

_Je t'aime encore, Aya.

_Pas plus qu'elle. Ce sera toujours elle.

Il ne répond rien et je ne lui demande aucune réponse parce que je la connais déjà.

_C'est bien ce que je me disais...

J'ouvre finalement la porte et rentre. Je tombe adossée contre la porte et enfouis mon visage dans mes mains. Aucun mot ne peut décrire ce que je ressens. Du vide. De la souffrance. Dans ces moments, qui sont devenus trop banaux dans ma vie, je m'en veux. Si j'avais résisté un peu plus à ses avances, on n'en serait pas là. JE n'en serais pas là. Sûrement enceinte d'un homme qui voyait encore son avenir avec moi hier soir et qui ce matin, en a choisi une autre. Cette vie me rend dingue. Au fond, je serai toujours seule. C'est écrit. Tout comme je me retrouve seule dans cette grande maison vide qui fut autrefois mon foyer. 


ARE Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant