Chapitre 32.

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Sans réfléchir, j'ai bondi au dessus de la table pour la dégommer sur place. C'était la seule chose à ne pas dire et cette garce l'a fait. Je vais la tuer. Elle ne sait rien sur ce qu'il s'est réellement passé sur la perte de mon bébé. Je la frappe du mieux que je peux avec mes poings. L'une de mes mains lui tire les cheveux alors que l'autre s'écrase encore et encore sur son visage. Je veux la défigurer. Qu'elle soit tellement amochée que les gens qui la verront la prendront pour une créature sortant droit d'un film d'horreur. Je m'allonge sur elle et la plaque de tout mon corps pour l'empêcher de bouger. Toute ma rage que je canalisais depuis tout ce temps peut enfin exploser. Tout ce qu'elle a fait, tout ce qui m'est arrivé depuis Roy, les mensonges d'Evan... Je laisse tout sortir. Elle ne mérite pas d'être en vie. C'est injuste. J'enchaîne les coups sur son corps qui ne se défend même plus. La rage a pris possession de mon être. Je sais que je risque de la tuer mais je ne peux pas m'arrêter.

_Aria ! Arrête !

_Appelle de l'aide!

Je sens des bras me prendre par la taille et me tirer en arrière. Je suis plaquée contre un torse et entraînée vers le couloir. Je me retrouve dans le noir puis une lumière s'allume et je me trouve dans une chambre. Du coin de l'œil, je vois que c'est Evan qui m'a traînée ici. Il est à l'embrasure de la porte et me regarde d'une façon vraiment perturbante. Je tremble de manière incontrôlée. Je veux continuer de frapper. J'en ai besoin. Et elle aussi, au passage.

_Calme toi, Aya.

Je devine à la proximité de sa voix qu'il est derrière moi. Je me retourne et je lui assène la gifle la plus violente de toute l'histoire de l'humanité -sans me venter. Des larmes brouillent ma vision et j'ai envie de rentrer chez moi mais j'ai besoin de lui dire ce que je ressens.

_Ne t'avise même pas de me parler. Ni de m'appeler comme ça. Pour qui est-ce que tu te prends ? Je te déteste tellement, Evan ! Depuis le début tu me mens ! C'est... C'est trop. Je ne peux plus. J'en ai marre de tous ces mensonges. Comment pouvais-tu me regarder dans les yeux et me mentir comme tu l'as fait ? Tu te drogues depuis le début ! Non. Non. C'est trop. Tu n'es qu'un connard égoïste. Tu n'as toujours pensé qu'à ta petite gueule. Au moindre problème tu fuyais. Tu as raison, maintenant c'est fini. Nous deux, c'est fini. On ne peut pas bâtir une relation où tout n'est qu'une vulgaire illusion.

Je le contourne pour sortir mais sa voix m'arrête.

_Je suis désolé. Pour tout. Laisse moi t'expliquer au moins.

_Tu es toujours désolé. Tu dois toujours donner des explications. Mais tu sais quoi, je m'en fiche. Avant ce soir, j'étais prête à tout pour me faire pardonner mais là rien de ce que tu feras ne changera ma façon de pensée. Corey m'a dit que tu étais addictif à ces merdes et moi, je prenais encore ta défense car tu m'avais eu avec toutes tes belles phrases si prometteuses. Mais ça ne marchera plus. Tu as tout niqué. Avec tout le monde.

_Aya... Je t'en prie. Reste.

_J'aimerai tellement pouvoir. Mais ce serait recommencer ce cercle qui ne se finit jamais.

Il se poste devant moi et prend mes poignets dans ses mains. Je n'ai même pas la force de résister. Il est si désespéré que ça me ferait presque peine à voir si je ne savais pas qui il était vraiment.

_J'arrêterai mes conneries. Tu sais tout maintenant. Je ne te cache plus rien. Je vais me soigner. Je te le promets. Je t'ai menti parce que je savais que tu réagirais comme ça mais ne pars pas. Ne me quitte pas. Je ferais tout ce que tu veux. J'oublie que tu as vu Roy. J'oublie tout. On s'en fout de Roy. Vois le quand tu veux. Fais le venir chez toi, je ne dirais rien. Je lui parlerai bien pour toi. Je t'en supplie. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, halète t-il.

Il se met à genoux et enfouit sa tête dans mes jambes. Mon cœur souffre de le voir comme ça. Des larmes coulent en ruisseau sur mon visage. Mais on ne peut pas passer l'éponge sur quelque chose d'aussi énorme que ça. C'est impossible.

_Dis moi ce que tu veux et je te le donnerai. Tout.

D'un revers de main, je ressuie mes larmes tandis que de l'autre, je caresse une dernière fois ses cheveux.

_Je ne veux rien, Evan. Si tu m'aimes, tu me laisseras partir.

Il resserre son étreinte sur mes jambes. Si cette scène était dans un film, je trouverai ça pathétique mais là, ça nous concerne. C'est différent. En tout point.

_Evan...

_Non, je ne peux pas. Tu ne vas pas revenir si je te lâche.

Mon cœur est définitivement en morceaux. Je saisis doucement ses bras et les retire difficilement de mes jambes.

_Je ne te le demande pas. C'est mon choix.

_Je suis désolé, murmure t-il.

_Je sais.

Je m'éloigne lentement jusqu'à la porte. Il m'est impossible de décrire la douleur que je ressens à chaque pas que je fais de plus en plus loin de lui. Je ne peux pas me retourner car je sais que je vais craquer et tout lui pardonner. Il me rend trop faible. Au moment de sortir une bonne fois pour toute, il réduit mon cœur en poussière.

_Je t'aime. Je t'aimerai toute ma vie, Aria.

_Au revoir, Evan. 

ARE Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant