Chapitre 1

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- J'étais assise à la mezzanine un jeudi matin, j'étais seule, Sarah n'était pas encore arrivée. Je dessinais en jetant des coups d'œil à mon téléphone sur lequel se trouvait l'image que je voulais dessiner. C'était un cœur humain, l'organe en d'autres termes. Quand j'y pense, si on voyait mon cœur à moi, cela ne devrait pas être très beau à voir. Si les sentiments blessaient physiquement, je pense que je serais obligée d'être hospitalisée. Je crois que mon cœur est déchiré en mille morceaux, piétiné et cassé. Les gens ne le remarquent pas heureusement, c'est comme si j'avais ramassé le moindre morceau pour tous les mettre dans une boîte ou un vase comme ça, cela reste joli, présentable.

Je ne bois pas, je ne fume pas non plus, je ne prends même pas de drogue, c'est sûrement pour me rendre compte jusqu'à quel point je peux sombrer dans mon stress et devenir cinglée. Ce n'est pas mauvais, je vois plus cela comme une expérience. Des fois j'ai l'impression que mon système nerveux ne tient qu'à un fils, je ne pourrais même pas l'expliquer, ce n'est pas possible. Je ne sais pas mentir alors des fois, je ne montre juste pas ce qui fait mal. « T'inquiète pas, j'ai trébuché, je suis tombée, je n'ai pas vu une porte, non je suis juste fatiguée, mais non je rigole, mais non il y a pire, pas d'soucis, il n'y a aucun soucis, rien ne m'embête, c'est la routine, rien de mal, rien de mauvais, ce n'est pas important. »

Mais j'y crois, ce n'est vraiment pas important, ça arrive quoi, trop de choses arrivent mais ce n'est pas grave, c'est la vie.
Les gens me demandent pourquoi je ne crois pas en Dieu, je leur réponds que je ne veux pas croire en quelque chose qui ne m'a jamais aidé, et ça même si j'y ai cru, même si j'ai prié et demandé de l'aide.
Quand j'étais petite j'étais toujours malade, je croyais mourir des fois, j'avais tellement mal que je n'avais même pas la force de pleurer au bout de plusieurs heures. Je n'avais juste plus de voix. J'avais tellement prié pour qu'il m'aide votre putain de Dieu, j'avais tout fais pour qu'il m'entende, pour qu'il essaye, mais rien, il n'a rien fait, j'avais encore plus mal et rien ne passait.
Ce qui m'a aidé, c'est les médicaments, le sport, mon déménagement, voilà ce qui m'a aidé, pas ce Dieu de pacotille ! La vie m'a appris que si l'on veut quelque chose il faut travailler pour l'avoir, que si l'on a mal on résiste jusqu'au changement, que si je fais trop attentions aux gens qui n'en valent pas la peine je serais déçue.
Mais les gens, ce sont des créatures incroyables, bien plus que les dragons ou les pégases. J'aime tellement les gens que cela m'effraie, ils pourraient me détruire en morceau que je les aimerais encore, même eux pourraient se dire « Quoi t'en a pas eu assez avec ce que je t'ai fait subir ? », et bien non, je continue à en rencontrer encore et encore, et quoi qu'ils me fassent je les aime, je les aime tant. Les gens sont bons ou mauvais, ce n'est certainement pas à moi de les juger, mais si eux m'apprécient, alors ça me suffis. Ceux qui m'aiment malgré mon côté cinglé, sont ceux qui ont réellement appris à m'aimer, et je les aime à en crever. Je sais aimer, j'aime facilement, parce que je déteste haïr.
La vie n'arrive pourtant pas à me faire comprendre qu'être gentille avec les mauvaises personnes peut causer ma perte. Je n'arrive pas à faire du mal gratuitement, en fait je n'arrive pas à faire du mal tout court, ce n'est pas bien. Et ce n'est pas à cause d'un dieu, ni d'un paradis ni d'un enfer que je pense cela, je le pense car pour moi c'est juste. L'univers ne m'a pas offert le monopole de l'intelligence mais je crois que je sais réfléchir seule et ne me fier à personne. C'est certainement ce qui doit embêter ma mère et mon beau-père, je suis trop différente d'eux, et des gens. Ils pensent que je suis associable et renfermée, mais en réalité c'est surtout qu'on ne se parle pas, de moins en moins en tout cas. Je ne veux pas leur parler, on risque de se disputer, si l'on ne parle pas on ne se dispute pas, voilà ma solution. Des fois j'ai peur qu'il me frappe, c'est quand maman sort à ses cours de danses, alors je reste dans ma chambre seule.
J'adore être seule quand il n'y a pas mes amis, c'est tellement bien. Je n'ai pas toujours besoin de quitter la maison pour me retrouver seule, mon cerveau part tout seul des fois, c'est quand je ne pense plus à rien.
J'adore les balançoires et les parcs de jeu pour enfants, ça me détend vraiment, mais je n'aime pas vraiment les enfants, je préfère les animaux, c'est plus mignon, une araignée c'est plus chou qu'un nouveau-né je trouve. Mais bref je m'égare, je parlais de mon cerveau non ? Ah oui, bah mon cerveau il n'est plus vraiment en place je crois, c'est assez marrant non ? Mais je l'aime bien comme ça, en fait j'adore être comme je suis, j'ai moins mal quand il m'arrive des trucs, mais personne n'y est pour rien, personne, c'est drôle, oui, c'est si amusant...

- Bon je pense qu'on va s'arrêter là pour aujourd'hui, merci à vous. Je souhaiterai que vous me parliez davantage des détails de votre passé demain.
- Oui.. merci à vous Docteur.
- Et autre chose : Pourquoi pour certains détails de votre passé employez-vous le présent ?
- Je.. je pense que je me projette dans le passé..

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant