Chapitre 7

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Je me réveillais comme à mon habitude, au même endroit terrifiant et dérangeant. J'étais seule entourée de 4 murs blancs, attachée au lit et portant une camisole de force. J'arrivais juste à percevoir l'horloge grise suspendue au plafond face à moi. Elle semblait indiquer 9h. Ils allaient  bientôt venir me chercher. Je tournais mes yeux de droite à gauche puis de gauche à droite pour me sentir en liberté, car sans mentir c'était la seule partie de mon corps que je pouvais bouger comme bon me semblait à l'heure actuelle.

J'entendis soudain la porte s'ouvrir, c'était les infirmières. Elles me détachèrent sans un mot et je fus emmenée à la salle du réfectoire. Je grignotais un peu de pain pendant que l'une d'elle me donna des pilules, un grand sourire collé aux lèvres. Je lui rendis son sourire, attendis qu'elle parte et jetai les pilules. C'était des calmants, elle essayait juste de me faire dormir toute la journée pour ne pas avoir à s'occuper de moi, pour par conséquent avoir congé la journée.  Désolée de la décevoir, ses petites vacances ce n'était pas pour aujourd'hui.

Je suis dégoûtée de notre personnel, je suis dégoûtée de notre nourriture, dégoûtée de comment on nous traite. Ici on est encore plus loin de la vie que les morts ne le sont, on est perdu, brisé, oublié. Les proches, soit on en a pas, soit ils ne veulent plus de nous. On n'est qu'un ramassis d'ordure sans intérêts, on s'occupe de nous pour simplement montrer aux petits citoyens normaux que les dirigeant de notre pays sont altruistes et dignes d'être des cœurs en or.

Après le repas on m'emmena me laver. J'étais debout face à un miroir, me lavant le visage grâce à l'eau du robinet que j'avais face à moi juste en dessous de la glace. Je relevais la tête et me scrutai un instant. Mes yeux verts étaient sombres et presque sans vie, de grandes poches noires pendaient autour de chacun d'eux les rendant encore plus petits qu'ils ne l'étaient déjà. Ma peau était devenue très pâle, avant j'étais bronzée naturellement mais à présent j'avais presque un teint de porcelaine. Mes cheveux m'arrivaient aux coudes mais étaient très abîmés. Cette chevelure toute froissée que je portait, contenait mille et un épis impossibles à coiffer. J'étais extrêmement maigre, depuis ma venue ici j'avais dû perdre pas moins de 10 kilos. J'avais encore un tas de cicatrices aux bras, aux poignets, aux jambes, au dos, partout en fait. Tout ceci sans ajouter les chevilles et les poignets légèrement rouge à cause des attaches qu'on me mettait la nuit pour ne pas que je me fasse mal. La camisole de force me serrait tellement que je n'arrivais pas à respirer des fois. Souvent j'étais complément effrayée à l'idée de peut-être mourir étouffée par celle-ci. Je m'observais encore un peu me demandant si le Docteur Harrins n'avait pas juste plaisanté en me disant que j'étais une belle patiente. Honnêtement, je n'avais sûrement plus rien de beau, j'avais l'air brisée en mille morceau et totalement vide, comme si toutes mes émotions ont été enlevées.

Toutes les émotions enlevées, je me souviens que quand j'étais jeune je ne souhaitais que ça : que mes émotions disparaissent. J'avais toujours affreusement mal et j'essayais de tout couvrir avec un beau sourire que je montrais à mes camarades de classe. Certains ont fini par comprendre la supercherie mais que pouvaient-ils bien faire pour moi ? Rien, absolument rien, car je ne voulais rien, aucun changement. C'était trop tard, je ne pouvais plus le supporter, j'avais toujours affreusement mal, sans que cela ne cesse. Puis le temps passait et je ne riais plus, ne souriais plus, ne m'enthousiasmais plus, je ne pleurais plus, je n'avais plus peur, je n'étais plus angoissée, tous mes sentiments s'évaporaient dans l'air peu à peu, ils disparaissaient et ne sont plus jamais revenus. Maintenant quand je m'enferme dans ma tête je ne vois que du vide et du noir sans aucune présence réconfortante. Je m'assieds juste au milieu d'un champs noir et fixe le néant.

Je finis de me nettoyer et mis des vêtements chaud avant de suivre à nouveau les infirmières qui me menèrent jusqu'à la salle commune de l'établissement. C'était la pièce que je haïssais le plus dans ce putain d'institut. On était tous là entassés, obligés de jouer aux échecs ou lire sous le regard des infirmières et certains médecins. On nous faisait sortir comme du bétail pour nous mettre dans une salle en contact les uns avec les autres. On s'ennuyait à mourir et on se sentait observé à tout instant. Nous n'avions pas le droit de faire trop de bruit, on devait rester tranquille et éviter les réactions excessives, sinon nous pourrions être privé de l'infecte repas qu'on nous sert matin, midi et soir et tous le monde est ramené en cellule pour éviter que la crise se "propage" sur les autres.

Je m'asseyais dans un coin de la salle, j'étais un peu isolée des autres car je n'avais pas le droit de trop les approcher, on m'a diagnostiqué de dangereuse et impulsive. Je restai donc seule, comme à mon habitude pour seul compagnon un ancien roman de Stephen King. Je lisais mon livre sans trop regarder par dessus, me concentrant sur chaque ligne et essayant de me perdre dedans pour faire passer le temps plus vite.

Soudain j'entendis des chuchotements. En relevant la tête sans perdre la ligne que je lisais, je remarquais devant moi une jeune fille de 17 ans je dirais, me faire des signes discrets le visage empli de douleur :

⁃ S'il vous plaît... aidez-moi... je fais une...crise, me souffla-t-elle.
⁃ Il faut que j'appelle les médecins pour-...
⁃ Non ! S'il vous plaît ... pas les médecins... ils vont encore me priver de repas pour comportement tendancieux...
⁃ Depuis combien de temps n'avez-vous pas mangé ?
⁃ Je dirais... environ 3 jours... ces crises m'arrivent trop souvent... je ne sais plus quoi faire avec ces crises d'angoisses...

Mon cœur fit un demi-tour dans ma poitrine. Je dois l'aider, absolument.

Je me retournais sur le côté et me mis à crier et rire comme une déglinguée au sol, gesticulant de la manière la plus échange possible. Les médecins aussitôt alertés accoururent autour de moi pour m'immobiliser, l'un d'eux sortit une seringue qu'il me planta dans le bras puis fit entrer le liquide à l'intérieur pour qu'il atteigne mon système nerveux. Peu à peu j'arrêtais de gesticuler et on me traîna jusqu'à ma cellule. On me mit la camisole de force et on m'attacha à mon lit avant de partir de la salle me laissant là, seule. Le médicament commençait à faire effet, tout doucement, m'emmenant dans un profond sommeil bien que produit non-naturellement.

J'avais vraiment eu envie d'aider cette fille, j'ai connu les crises d'angoisses incontrôlées et je les connais encore à l'heure actuelle, je sais exactement ce que l'on ressens, alors laisser quelqu'un avoir mal à cause de ces satanées crises, était au-dessus de mes forces.

Je suis désolée Docteur, pour l'instant ça ne va pas mieux.

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant