Chapitre 4

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- Est-ce que quelque chose vous fais peur ?

- Non, je crois qu'actuellement plus rien ne peut me faire peur. J'avais bien peur de quelque chose quand j'étais toute petite. Cette chose c'était mes parents. Je dis "une chose" car c'est comme s'ils ne faisaient qu'un, à mes yeux ils étaient une créature unique et terrifiante. Une bête horrible composée de deux parties : le côté salaud et violant de mon beau-père ainsi que le côté rabaissant et désintéressé de ma mère. J'avais toujours eu peur de lui, surtout après l'avoir vu essayer d'étrangler ma mère. Il avait d'énormes mains qui pourraient te serrer le cou pendant des heures jusqu'à ce que tu ne puisses plus respirer. Il n'y avait d'ailleurs pas que ses mains qui me faisaient peur, il y avait aussi ses yeux, ils étaient gris, et quand il s'énervait ils pétillaient de rage, je pouvais percevoir une telle haine en eux que ça me donnait presque des frissons. Quand il me frappait j'étais souvent courbée au sol, je n'arrivait plus vraiment à respirer car il me donnait des coups de pieds dans le ventre, et je ne pouvait par conséquent plus percevoir son regard. C'était les coup les plus douloureux mais les moins fréquents. Il n'osait pas faire ça quand ma mère était à la maison. Je demandais toujours à ma mère à quelle heure elle rentrerai après ses cours de danse. Quand elle me répondait une heure très tardive, je regardais ailleurs inexpressive, le visage déformé par la peur. Ma mère n'était pas spécialement mieux que lui, elle était juste légèrement plus clémente, pour ne pas dire raisonnable qui serait un mot trop fort. Elle ne s'intéressait à rien chez moi, ni mes activités, ni mes exploits. En fait elle ne me posait des questions que sur ce qui pourrait être un avantage pour frimer auprès de ses copines. C'est une femme très égocentrique qui ne pense qu'à l'image d'elle que les gens voient. Le jugement que les gens lui portent lui est très important et ça, quelle que soit la personne. Un ami, quelqu'un de la famille, ou même un parfait inconnu, tous les jugements devaient être positifs si elle l'estimait ainsi sinon elle s'énervait ou bien se mettait à pleurer. Quand ma mère s'énervait elle était capable du pire, et généralement c'est sur moi qu'elle passait ses nerfs. Elle cassait des objets, me frappait avec son poing ou une chaussure, tout ce qui lui tombait sous la main, quand elle était énervée, pouvait être une arme. Mes parents étaient l'image parfaite qu'on a des parents dans la société, aux yeux des gens nous étions une famille équilibrée et adorable, vivant dans l'harmonie la plus totale. Leurs sourires étaient plus faux que tout. Ces apparences étaient les choses les plus fausses au monde.

- Pourquoi n'aviez-vous pas averti la police ou vos proches de ce qui vous arrivait ?

- C'est plus facile à dire qu'à faire, c'était une situation très délicate et les actions de mes parents étaient très discrètes et vicieuses. Ils ne me blessaient jamais à des endroits très voyants, et de toute évidence ils m'ont mis en tête depuis mon plus jeune âge que si je racontais quoi que ce soit aux autorités ou bien aux professeurs, il se pourrait que ma vie soit raccourcie. Traumatiser un enfant de 8 ans est facile en tant que parent, les parents sont censés être notre exemple pour grandir, on leur obéit aveuglement qu'on le veuille ou non, c'est une question de principe. On leur obéit d'ailleurs encore plus lorsqu'ils nous effraient plus que tout au monde.

- Je comprends mieux.

- Ils me faisaient tellement peur que des fois je faisais le rêve de les tuer. C'est un rêve qui revenait très souvent durant des semaines. Comme si quelque chose au fond de ma tête voulait me pousser à le faire. Je n'ai jamais été somnambule ou quelque chose dans le genre, je ne les ai jamais blessé physiquement.

- Je vois, je vois. Nous avançons progressivement dans tout ceci, pouvez-vous me parler du meurtre du jeune Killian ?

- Rien de bien particulier, disons qu'il m'avait laissé tomber le jour de Noël sous prétexte que "ça ne collerai pas entre nous". Ça m'avais tellement déplus que je lui ai fixé un rendez-vous pour lui cracher ma haine dessus. Mais notre rencontre ne s'est pas passée exactement comme prévu, je ne me sentais plus...

- Vous ne vous sentiez plus ?

- Oui, j'avais cette impression, quelque chose me portait à lui faire du mal. Je n'en avait pas envie mais, mon inconscience me guidait d'elle-même. Et à nouveau le mal fut fait. Il est mort, j'en suis l'initiatrice.

- Écoutez, je vous propose quelque chose, comme votre état semble s'être pas mal stabilisé, je vous propose qu'on sorte en dehors de cet hôpital pour vous faire respirer un peu d'air frais, peut-être que vous pourrez me parler de quelque chose qui vous serait revenu.

-Comme cela vous semblera bon Docteur.

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant