Chapitre 3

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- Dites-moi, est-ce que quand vous étiez adolescente, vous vous êtes déjà mutilé ?            

- Non jamais, j'avais horreur de m'abîmer toute seule. J'avais en revanche une amie qui se taillait régulièrement les veines, elle se coupait avec tout ce qu'elle trouvait, que ce soit des ciseaux, des cutters ou même des lames de rasoir. Je me souviens lui avoir dis que ça serait dommage de mourir comme ça, car si elle se coupait la peau et les veines comme ça, quand elle serait morte son corps ne serait pas joli. En plus peut-être que notre âme prend l'apparence du dernier souvenir de nous vivant, alors avec des veines toutes cassées ça aurait été dommage. Quand je lui ait raconté cela, elle a rigolé et m'a dit que j'étais fêlée. Je crois que ça lui a fait plaisir, c'était amusant. Mon amie s'appelait Emilie, elle était très mauvaise à l'école et en plus de se déchirer régulièrement la peau à coup de diverses lames, elle volait aussi dans les magasins et pratiquait le vandalisme. Je crois qu'elle allait mal, mais je sais qu'elle détestait qu'on le lui demande. Alors je ne disais rien, je m'arrangeais juste pour toujours pouvoir la voir et sortir me balader. Pour elle j'étais une fille énergique un peu stupide mais qui a de bonnes notes, elle n'a jamais cherché non plus à en découvrir trop sur moi, elle savais que je ne voulais jamais paraître dérangée ou mal, j'avais juste envie de sourire et me dire que ça n'existe pas. L'œil au bord noir, le bleu sur la jambe ou une griffure sur la joue, elle ne demandait jamais pourquoi, elle savait et ses coupures, ses fugues et sa mauvaise humeur agressive, je le savais aussi. C'est dingue comme on peut comprendre sans dire un seul mot, je trouve cela beau.

- Bon je ne vois rien qui puisse m'aider à avancer, ne pouvez-vous pas me parler d'un élément plus déclencheur ? Votre passé, rien d'étrange n'est arrivé. J'aimerai beaucoup vous aider mais si vous ne me faite pas confiance on n'y arrivera pas.

- Comment faire confiance à quelqu'un qui vous croit folle ?

- Vous n'êtes pas folle juste un peu malade, vous avez besoin d'aide et je suis là pour ça.

- Bon je ne sais pas quoi chercher, je vous raconte mes histoires de jour en jour mais vous n'y trouvez pas de réponses n'est-ce pas ?

- Effectivement, pourrais-je alors vous demander de me parler des moments où vous aviez des accès d'envie de meurtre.

- Je ne dirais pas que j'avais vraiment une envie de mort. Je ne voulais pas tuer, mais c'est comme si quelque chose m'attirait à attraper une personne pour la démembrer, quand j'étais petite je voulais devenir chirurgienne, les organes étaient quelque chose qui me semblaient incroyable, je voulais les toucher, les palper avec mes mains, mais avec le temps je me suis rendue compte qu'il n'y avait pas que les organes qui m'intriguaient, il y avait aussi la mort, la mort humaine plus particulièrement, elle m'intéressait énormément.

- Votre première victime était un jeune homme de 17 ans, vous aviez d'ailleurs 17 ans vous aussi à cette époque. Un certain monsieur "Soares".

- Soares, comment l'oublier ? C'était vraiment un pauvre con, et en plus il m'harcelait tout le temps, alors un soir alors qu'il me raccompagnait, il essaya de mettre la main sur moi, je refusais toujours ses avances mais cette fois il insista. Je lui collais alors ma main au visage d'un geste rapide et brusque. Cela lui déplus alors il essaya de me priver de mouvement en m'attrapant par les poignets. Il n'avait pas tant de force que ça mais il réussi tout de même à avoir le dessus. Et à ce moment là c'est le vide.

- Comment ça "le vide" ?

- Oui, c'est comme si mon âme était retirée de mon corps un instant et qu'une autre partie de moi agissait. J'ai réussi à me libérer et je lui ait tordu le bras, suite à cela je l'ai frappé dans le ventre avant de l'assommer avec un rocher. Il avait perdu connaissance, il ne bougeait plus. J'avais un peu paniqué sur l'instant mais je me suis ressaisie et j'ai traîné son corps à l'abris des regards. Tout d'abord je lui ait arraché la tête et je l'ait enterré. J'ai ensuite découpé ses membres que j'ai caché à différents endroits. Comme je suis rentrée le soir très tard je n'ai croisé personne. Une fois chez moi je me suis simplement endormie.

- Vous n'aviez pas caché les preuves, en étiez-vous consciente ?

- Je n'ai même pas agis consciemment, alors comment voulez-vous que je vous explique le "pourquoi je n'ai pas caché les preuves."

- Très bien, mais alors quel était votre ressenti à propos de cela ?

- Je m'en fou. Ça ne me fait ni chaud ni froid. Je sais que ce n'est pas bien mais quelque chose en moi s'obligent à pratiquer ces actes. C'est ça d'être "fou", c'est que tu n'es plus doté de raison. D'ailleurs puis-je vous poser une question ?

- Oui, bien entendu, quelle est-elle ?

- Admettons, vous êtes un membre parfaitement banal d'une société, vous avez une famille, des enfants, un travail, des responsabilités. Mais chaque soir un homme que seul vous pouvez voir, vient chez vous vous tirant dehors pour vous forcer à faire des choses que vous ne voulez pas, des choses illégales. Que feriez-vous ?

- Et bien je pense que le plus simple selon moi, est de simplement appeler la police.

- Et c'est à ce moment même que vous vous retrouvez au même endroit que moi.

- Pourquoi donc ?

- Parce qu'un homme que seul vous pouvez voir, est un homme qui n'existe pas. Et si vous voyez des gens qui n'existent pas ou qui n'existent plus, c'est que vous n'êtes pas un membre parfaitement banal de votre société.

- Bien, je pense qu'on en a fini pour aujourd'hui, je suis désolé mais, je ne peux pas répondre aux questions qui n'ont pas encore d'autres solutions que le traitement.

- Ce n'est rien docteur, à bientôt.

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant