Chapitre 11

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Ces derniers mois m'ont donné le ressenti d'être retombée en enfance. Je sortais tous les jours avec le Docteur Harrins. On se baladait, on rigolait, on discutait, rien ne me semblait mauvais tant qu'il était là. Il me disait les plus belles choses au monde sans rien me demander en retour, mais il savait que je pensais pareil à son égard.

Quand j'étais plus jeune j'avais peur d'aimer quelqu'un de cette manière, car j'avais peur que la personne me fasse du mal, qu'elle prenne mes sentiments et les brise en milles morceaux. Je craignais trop cela, au point que je prenais tout sur moi pour éviter les disputes.

La première personne que j'ai réellement aimé était dans ma classe quand j'avais 15 ans. Je passais énormément de temps avec elle au point même que je cru lui plaire. J'ai fini par lui avouer mes sentiments pensant qu'elle comprendrai, c'était mon amie après tout, elle pourrait bien comprendre. À mon grand étonnement elle avait non seulement compris mais en plus, elle a accepté de sortir avec moi. Je n'aurais jamais cru cela possible, c'était tellement étrange, mais j'étais vraiment heureuse. Quand je me disais juste dans ma tête seule "ouah, c'est ma copine en fait" j'étais vraiment bien, j'étais pleine d'espoir. Elle me blessait souvent en me repoussant ou m'ignorant quand je voulais l'aider, mais il me suffisait juste de la regarder, de me plonger dans l'immensité de ses yeux brun chocolat, pour lui pardonner toute la peine qu'elle m'infligeait. Elle faisait basculer les sentiments en une fraction de seconde, elle pouvait me mener à la baguette, elle pouvait faire tout ce qu'elle désirait de moi, je lui étais fidèle et je ne lui refusais rien. Seulement comme toute bonne chose, si on peut appeler cela bonne chose, a une fin. Elle fini par me dire que c'était trop étrange entre nous, qu'elle ne voulait pas de moi et qu'elle trouvait ça dégoûtant, deux filles ce n'était pas bien à ses yeux. Elle parti me laissant ainsi et emportant avec elle tous ce qu'elle m'avait apporté, la joie, les bons moments et tout l'amour qu'elle m'avait donné avec difficulté.

Maintenant que je me suis percé les oreilles, que je me suis faite mitrailler avec une aiguille dans le dos pendant six heures pour faire un dessin, que je me suis faite frapper sur chaque épaule, et que je me suis râpé toute la peau contre le sol en tombant à vélo, j'affirme malgré tout que ces douleurs ne sont même pas le quart de la douleur d'un chagrin.

Je marchai à côté du Docteur, on discutait de tout et de rien, on passait un agréable moment et j'avais l'impression que tout s'est arrangé finalement, après tout les efforts paient, à présent je le crois. Aujourd'hui le Docteur voulait m'emmener dans une vieille cathédrale, il m'a dit que la vue y était magnifique et qu'elle a fermé ses portes il y a quelques mois.

Une fois arrivé, j'étudiais la vieille bâtisse de dehors. Elle était exactement comme le Docteur me l'avait décrite, à moitié détruite, quelques fenêtres brisées et des morceaux de bois qui trainaient autour alors qu'ils n'avaient pas lieu d'être là. On ouvrit prudemment la grande porte et nous entrâmes à l'intérieur, à chacun de mes pas, je sentais le bois du sol craquer légèrement. Harrins me prit par la main pour m'aider à avancer. Je serrai sa main et nous avançâmes ensemble, doucement, sans trop se presser jusqu'aux escaliers qui nous menèrent à l'étage supérieur. À l'étage, le décor était encore plus annihilé, le sol semblait limite fragile et il y avait des trous dans les murs. Le Docteur Harrins avança en premier et me tendit à nouveau sa main pour m'emmener vers la grande fenêtre qui était recouverte d'une fine vitre non-abîmée. Je m'approchai précautionneusement de la vitre pour regarder la ville d'en haut.

Les maisons ne semblaient pas si nombreuses, elles étaient vraiment petite de cette hauteur mais elles n'étaient pas groupée, comme si notre ville n'avait aucune régularité. Je voyais des voitures sortir de tous les côtés filant dans toutes les directions opposées. Les voitures, elles n'avaient pas le temps, elles filaient et défilaient en vitesse, elles partaient dans tous les sens sans te laisser le temps de les comprendre que tu le veuilles ou non. Je relevais mes yeux pour cette fois observer le ciel. Il n'était pas spécialement particulier, il y avait quelques nuages sur un fond bleu, ils semblaient bouger, se déplacer sur ce fond bleu comme s'ils nageaient dans un océan. Le soleil laissait ses rayons glisser un peu dans cette mer, il illuminait chaque partie blanche comme s'il y était relié. J'ai vraiment l'impression que pour la première fois dans ma vie une chose aussi banale a retenue mon intention aussi longtemps et à ce point. Je me sentais vraiment bien, j'ai peut-être enfin réussi à redevenir ce que j'étais, j'espère vraiment que c'est le cas, j'espère tant que cette fois c'est la bonne, car si c'est ça, alors je suis prête à déplacer les planètes à mains nues pour rester ainsi.

J'allais me retourner pour voir ce que faisait le Docteur mais quelque chose me frappa de toutes ses forces sur la tête. La dernière chose que je me souviens c'est ma chute au sol, suite à cela je perdis connaissance.

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant