Chapitre 8

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C'était un après-midi comme les autres, on m'avais emmené dans la cour arrière avec quelques autres patients pour s'aérer un peu. La cour n'avait rien de beau, ce n'était pas comme le jardin près de l'entrée, ici il n'y avait aucune plante, les murs étaient gris, il y avait juste quelques bancs pour s'asseoir tout aussi gris que les murs. L'air était frais et il n'y avait que très peu de soleil, c'était un peu déprimant de voir le ciel aussi gris que le décors matériel qui m'entourait. Tout était clôturé d'un grand mur fabriqué en fil de fer qui rendait le paysage qui était derrière presque repoussant à observer. Je m'approchai de la clôture métallique m'appuyant un peu contre pour regarder dans les trous, pour me donner l'impression que j'étais de l'autre côté juste un court instant. Il n'y avait sur ce côté que de grands arbres ornés de feuilles jaunes, de petites routes étroites et un banc en bois solitaire.  Je soupirai puis entendis des pas arriver. Je vis un homme accompagné de sa femme marcher ensemble en poussant délicatement devant eux une poussette contenant leur enfant.

La femme avait une veste ouverte et une énorme écharpe qui lui entourait le cou, une tignasse brune entourait son visage et des lunettes étaient posées sur son nez, face à ses yeux brun chocolat. L'homme à côté d'elle n'avait pas la même couleur d'yeux, les siens étaient davantage ambre, ils avaient une couleur brun-vert. Il portait lui aussi des lunettes carrées et avait des cheveux blond cendré, une couleur entre blond et châtain clair. Ils faisaient tous les deux la même taille à peu près. Je les regardais marcher les scrutant comme si je cherchais à découvrir quelque chose. Mon regard les suivaient, les regardant partir. Une fois qu'ils furent hors de portée de mon regard, je vis quelqu'un d'autre arriver.

C'était une jeune femme aux cheveux brun portant une veste en jeans, elle était accompagnée d'un garçon d'à peu près son âge un peu plus grand qu'elle. Je les observais eux aussi partir en silence. Aucun d'entre eux ne m'avait jeté de regard.

Je me retournais et parti à l'intérieur, je commençais à avoir froid. Je longeais les couloirs de l'hôpital jusqu'à ma chambre. À peine ai-je mis un pied à l'intérieur, que j'aperçu déjà le Docteur Harrins assis à sa place habituelle. Il me fit un grand sourire et m'invita à m'asseoir. Je me posais sur mon bord de lit et il m'interpela :

- Bonjour, bien dormi ?

- Bonjour, oui, que venez-vous faire ici aussi tôt ?

- Je pensais faire un petit contrôle matinal et ensuite si cela vous tente sortir un peu ?

- Vous pensez qu'on m'autorisera à sortir après la crise d'angoisse ?

- Vous n'aviez pas fait de crise.

- Bien sûr que si Docteur.

- C'est faux, dites-moi la vérité je vous prie.

- Je n'ai pas fais une réelle crise, je voulais juste éviter à une autre patiente d'être privée de repas.

- Votre altruisme vous tuera.

- Je le sais.

- Bien, dans tous les cas votre crise n'était pas réelle et selon mes rapports votre état s'est largement amélioré, donc vous devriez sortir un peu pour reprendre légèrement le cours de la vie.

- Est-ce bien la seule raison pour laquelle vous voulez que je sorte ?

Le Docteur Harrins tourna la tête et se pencha légèrement, laissant apparaître un léger sourire sur ses lèvres, comme s'il était gêné ou embarrassé :

- J'avais envie de passer un moment avec vous, vous êtes une personne avec une réflexion intéressante.

- C'est le comble pour une folle ça Docteur.

- Vous n'êtes pas folle mademoiselle, je ne pense pas que vous le soyez.

- C'est certainement ce que vous dites à vos patients pour gagner leur confiance.

- Et c'est probablement ce que vous répondez vu que vous êtes une personne craintive.

- Je ne suis pas craintive, je suis juste prudente, je ne l'ai pas toujours été.

- Je vous comprends ne vous en faite pas, ce n'était pas pour me moquer de vous. Bien je vous retrouve devant l'entrée dans une heure ?

- D'accord, je tâcherai d'être à l'heure. Mais vous n'oublier pas votre rapport du jour ?

- Ne vous en faite pas, j'ai eu ce que je voulais pour aujourd'hui.

Après ces paroles le Docteur Harrins quitta la pièce d'une manière gracieuse et rapide, comme à son habitude. Je le regardais partir en silence avant de me lever et aller me préparer. Je pris une rapide douche avant que les infirmières ne débarquent pour me contrôler et mis une longue robe avec des bottines. Je passais un coup de brosse dans mes cheveux et me regardai un instant dans le reflet du miroir. Je ne pensais pas me dire cela un jour mais, je crois que j'étais moins affreuse que d'habitude, mes cheveux semblaient plus lisses et mes cernes moins voyantes. Je ne sais pas si ce n'est qu'une impression mais, je crois que je me sens bien aujourd'hui.

Je mis ma veste en vitesse et parti rejoindre le Docteur. Comme promis il m'attendait là, près de l'entrée en regardant le ciel. Il semblait différent de d'habitude, un peu pensif et perdu, il n'a plus cette expression sérieuse et pleine de précision qu'il m'offre lorsqu'il m'interroge. Peut-être qu'en dehors il est ainsi, un peu lunatique voire taciturne.

Je le rejoignis et nous partîmes ensemble l'un à côté de l'autre. Le Docteur était plus grand que moi, il devait faire au moins 10 centimètres de plus que moi. Il était  grand et fin, assez large d'épaules et très légèrement musclé, je ne pense pas que c'est un grand fan des salles de sport, soulever des altères toute la journée n'est sûrement pas son intérêt premier. Il est brun et a les cheveux mi-longs coiffés en arrière avec des mèches rebelles qui viennent inlassablement se mettre sur son front ou devant ses yeux. Il a de grands yeux qui semblent toujours avoir une expression indécise, je ne l'ai jamais vu en colère ou même un peu sur les nerfs, il a le tempérament le plus flegmatique que je connaisse. On langeait une petite rue en discutant puis soudain il s'arrêta un instant pour me regarder dans les yeux. Je penchais la tête mais avant même que je ne puisse lui poser la moindre question il déclara d'un ton tout à fait serein :

- Vous êtes belle ce soir.

- Arrêtez Docteur, s'il vous plaît.

- Si je vous gêne ou que je vous semble déplacé, j'arrêterai, si vous pensez que vous êtes laide ou que vous croyez que ce sont des paroles en l'air, alors je n'arrêterai pas.

- Vous êtes incroyable Harrins.

- C'est vous qui me l'avez appris : Chacun son avis. Votre avis sur vous, vous appartient, pour ma part vous êtes magnifique.

- Vous êtes vraiment incroyable Harrins. Et vous êtes une belle personne à mon avis.

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant