Chapitre 14

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J'étais bouleversée, le Directeur essaya de me consoler et me donna une sorte de "permission" pour avoir le droit de venir me voir. On passait des journées entières à parler de l'ancien Directeur en se remémorant les bons moments comme les mauvais.

Le temps passa et je pu expliquer en détail l'histoire qui m'est arrivée avec Harrins. Le Docteur Hermann m'écouta attentivement sans jamais me traiter de folle ou d'essayer de me faire sortir. Il m'a dit qu'une amie chère de son père ne pouvait pas être mal traitée par lui. Le Directeur Hermann, ou plutôt Gothye, était très compréhensif envers moi. Il n'avait que 20 ans, il m'expliqua que Dorian l'avait adopté alors qu'il n'avait que 19 ans, ce qui faisait que Gothye en avait juste 16. Hermann me raconta que la femme de Dorian ne pouvait pas avoir d'enfant, que ça la rendait triste et qu'elle était jeune mais déjà très malheureuse de ne pas pouvoir s'occuper d'un enfant. Alors Dorian décida d'adopter un enfant qui ferai la joie de sa mère et qui serait un bon successeur à son institution. Gothye semblait heureux de cette situation mais maintenant qu'il a perdu son père, il m'a avoué se sentir un peu seul et constater que sa mère était plutôt malheureuse. À chacun de ses morts mon cœur se serrait un peu plus, je me disais que ces quatre ans d'enfermement ont laissé passer beaucoup trop de choses sur lesquelles je ne pourrai plus revenir. J'étais affreusement mal et je ne savais plus quoi me dire pour me consoler. Gothye me promit qu'il m'aiderai à sortir d'ici. Il m'avoua malgré tout ne pas avoir un droit divin sur tout dans cette institution. Par conséquent nos agissement resterons secrets, cela évitera les questions et les autres patients éviteront de se manifester eux aussi.

Le nouveau Directeur m'avoua aussi que les conditions dans lesquelles vivent les patients ne sont pas parfaites, il dit vouloir changer ça depuis un moment déjà, que Dorian avait déjà cela en idée. Malheureusement pour eux, ils n'ont pas assez d'argent actuellement pour engager plus de médecins ou remplacer ceux qui font mal leur travail. Ils sont donc obligé de se contenter des infirmières qui donnent des somnifères à leurs patients pour les endormir afin de finir leur travail plus tôt, des médecins qui privent de leur repas lorsqu'ils font des crises, et sans oublier des psychologues qui tournent en rond sans les aider ou bien des cas comme Harrins qui semblent heureusement très rares.

Gothye contacta un psychologue de la ville et lui paya un supplément pour qu'il se déplace jusqu'à l'institut. Je suivis une thérapie durant plusieurs mois dans le plus grand secret. Gothye m'aidait lui aussi de son côté. Après plusieurs séances le médecin venu de la ville discuta avec Gothye. Après cette discussion, le jeune Directeur m'invita dans son bureau pour discuter cette fois-ci avec moi. J'entrais discrètement et m'assieds sur la petite chaise en face du bureau. Il se retourna et se mit face à moi avant de me déclarer :

- Mademoiselle, le médecin avec lequel vous avez travaillé m'a rendu son verdict.

- Très bien.

- Vous êtes diagnostiqué comme saine d'esprit, aucune anomalie psychothérapeutique ne vous touche. Les symptômes que vous nous aviez présenté à votre arrivée ne semblaient être dû qu'à un grand traumatisme. Si je relie votre histoire avec le Docteur Harrins à cela, tout semble prendre un sens. En conclusion, je peux vous libérer de l'institution, mais si tout cela est vrai alors un criminel psychopathe est actuellement en liberté, et je ne voudrai pas vous alarmer mais...

- ... Si par un quelconque moyen il découvre que j'ai pu sortir de l'institut d'une manière légale, il voudra se débarrasser de moi avant que je ne puisse parler de tout ceci aux autorités.

- C'est exact, donc que pensez-vous faire une fois dehors ?

J'ai connu nombre de problèmes auxquels je n'avais pas de solutions, cela allait des simples équations en maths jusqu'à ma situation familiale et ses troubles, mais actuellement je suis sur un problème qui met en danger ma vie. Une fois dehors je n'ai aucune idée où aller, je ne vois pas qui je pourrai contacter, car prendre des gens avec soi c'est aussi les exposer au danger. Je ne veux pas qu'il arrive du mal aux gens que j'aime et de toute évidence ils ne doivent plus se souvenir de moi. Dorian est mort et je ne veux pas causer de troubles à son fils ou sa femme qui sont déjà dans un deuil sans pitié. J'espère qu'il va bien là où il est, il me manque et manquera pour toujours.

Mais bon trêve de mondanités, il me fallait trouver des solutions, et bien que peu intellectuelle je n'avais absolument pas le choix. Je levais la tête vers le Docteur Hermann et lui répondis de la manière la plus crédible possible :

- Je vais commencer par rejoindre mon domicile et ensuite contacter mes anciennes connaissances pour qu'elles m'aident, j'agirai prudemment, je vous le promets.

-  Je peux au moins vous laisser mon numéro ? J'aimerai que vous m'appeliez en cas de besoin, je vous aiderai du mieux que je peux.

- Merci beaucoup Gothye, vous êtes le portait craché de votre père.

- Ah bon pourquoi dites-vous cela ? Mon père avait des cheveux assez longs et bouclés alors que les miens sont courts et lisses.

- Je parlais plutôt de votre personnalité. Dorian était quelqu'un de génial, il était très réactif et réfléchi, c'était quelqu'un qui pensait comme il le sentait et qui soignait extrêmement bien son apparence. Il m'aidait, m'écoutait et me criait dessus s'il le fallait et a toujours été là pour moi. Il m'aidait toujours jusqu'au bout et s'assurait que tout allait bien pour moi. C'était un grand homme avec le cœur aussi grand que le monde et la personnalité aussi rapide et réactive qu'une rivière dans les montagnes. Ne le pleurez pas, soyez fiers de lui car il le mérite amplement.

Sur ces dernières paroles je serrai la main de Gothye qui préféra me serrer contre lui avant que je ne quitte la pièce pour me diriger vers la sortie de l'institution. Mon rêve de sortie se réalisa enfin mais ma route pour reprendre ma vie d'autrefois n'est pas encore finie. Tout ne fait que commencer, je n'ai pas peur, je suis déterminée à trouver une solution, car si j'ai pu arriver jusqu'ici, c'est que je peux faire encore bien plus.

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant