Chapitre 5

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Me voilà dehors, loin de cet immonde endroit, ce lieu où toutes mes souffrances et peines augmentent car en plus de devoir me comporter comme un rat de laboratoire, je dois parler du mal que j'ai fais en expliquant mon état par moi-même à des gens diplômés dans ce domaine qui sont censés me l'expliquer eux. Je sais bien, c'est de la mauvaise fois, ils ne sont tout de même pas magiciens, mais au rythme où on en est, je me demande ce qui me rends réellement folle.

Je suivais le Docteur en silence, il m'a proposé d'aller vers la forêt à environ 1h d'ici. J'ai refusé poliment de me déplacer en véhicule, je n'étais pas très fan de ces engins depuis que j'ai vu un corps être complémentaire broyé sous l'un d'eux. On fit donc notre chemin à pied, en discutant un peu, on n'était pas le style de personne à garder le silence dans une discussion. Le Docteur car il était psychologue, moi parce que j'étais une patiente enfermée depuis beaucoup de temps, et je vous promets que quand on est enfermé si longtemps dans un lieu isolé, quelle que soit la personne qui vient vous parler, vous accepterez sans contester de lui raconter des choses. Encore plus si la personne commence sa présentation par "Je viens vous aider". C'est comme si quelqu'un venait d'enlever les rochers qui avaient recouvert l'entrée de la grotte où vous étiez enfermé. Comment peut-on refuser de l'aide, quand on est au bout du gouffre ? Certain la refuseront certainement, mais ce sont les gens qui ne veulent plus rien avoir à faire avec la vie. Ce n'est pas mon cas. Je veux vivre, je veux essayer de refaire les choses, quelqu'un m'a offert la vie, ce quelqu'un n'est pas dieu, ce quelqu'un est l'univers, et je dois honorer ce cadeau en faisant de mon mieux pour vivre.

Nous étions enfin arrivé à cette forêt, c'était un très bel endroit, les rayons du soleil passaient entre les feuilles des arbres pour éclairer la flore qui nous entouraient. L'air sentait les fleurs et la sève qui coulait de certains conifères. Les oiseaux n'étaient pas nombreux mais ceux qui étaient présents chantonnaient légèrement. Je fis quelques pas pour observer les environs, c'était très calme, plutôt paisible même. Le Docteur se posa sur une souche d'arbre et se mit à écrire dans son cahier, en attendant que je finisse d'inspecter la frondaison.

Je m'approchais doucement de lui et m'assieds sur mes genoux dans l'herbe. Il releva la tête et me sourit :

- La nature vous plaît-elle ? me demanda-t-il.

- Oui, beaucoup.

- J'en suis ravi alors, à force de rester enfermée dans l'hôpital vous devez être fatiguée, toujours les mêmes choses, les mêmes bruits, les mêmes personnes.

- Docteur, en parlant de "mêmes choses", puis-je vous formuler une demande ?

- Bien entendu, je vous écoute.

- Est-ce que pour aujourd'hui, pourrait-on faire le contraire ? Que ce soit moi qui vous pose des questions, car voyez-vous, avant d'être internée dans cet établissement, j'étais une personne plus douée à écouter qu'à parler aux autres, ça me manque vraiment d'entendre quelqu'un se confier à moi, alors si vous pouviez me parler de vous, j'en serais ravie.

- Et bien, j'accepte, poser moi une seule question et je partirai de là pour raconter le reste.

- Docteur, quel est votre nom ?

- Je suis le Docteur Harrins, Drevor Harrins, j'ai 32 ans et je ne suis ni marié, ni en relation. Je n'ai pas de famille mais je vis bien, j'ai une maison et je suis psychologue. Je n'exerce aucun sport en particulier, je n'ai jamais vraiment aimé le sport, mais j'adore en revanche l'art, tout comme vous mademoiselle.

- Oh, je vous en prie, j'ai 24 ans, vu où j'en suis vous pouvez m'appeler madame.

- Vous n'êtes pas mariée, pour moi vous êtes une demoiselle.

- Très bien, continuez.

- J'ai fais de longues études, je ne faisais presque que ça pour être franc, je n'avais pas vraiment beaucoup d'ami à ce temps-là et je n'étais pas très populaire auprès de la gente féminine.

- Étonnant, vous êtes beau pourtant.

- Haha, il n'y a que vous qui le dite très chère. J'ai fini mes études et j'ai commencé à travailler dans cet établissement, et actuellement vous êtes ma première patiente officielle et rien qu'à moi. Ma vie n'est pas très intéressante, je suis un "monsieur tout le monde".

- Peut-être que vous en êtes un, mais si je pouvais avoir votre vie de "monsieur tout le monde" comme vous le dite, je ne serais pas dans un hôpital psychiatrique à l'heure qu'il est.

- Écoutez, votre état s'améliore, aucune des deux familles n'a porté plainte contre vous, c'est une chance inouïe que vous avez là, si vous endurez et finissez votre traitement, vous pourrez vivre une vie comme tout le monde, vous êtes encore jeune et belle, l'avenir est devant vous.

- Peut-être que vous avez raison.

- Je vous promets de faire mon maximum pour vous, je vous donne ma parole.

Il était presque 18h et le soleil commençait à se coucher rendant les couleurs du ciel spectaculaires et nous rappelant les feuilles qu'on voyait par terre en automne. Je marchais à côté du Docteur Harrins, silencieuse, me remémorant la journée d'aujourd'hui. Avant de rentrer il m'invita à souper dans un petit café, ce que je ne pu refuser, je ne suis pas difficile mais la nourriture de l'hôpital commençait doucement à me dégoûter de sa récurrence et son manque de changement. On manga donc avant de simplement rentrer. La journée a été incroyable et je me sens un peu mieux actuellement, être sortie de cet enfermement m'a vraiment soulagé. J'ai salué le docteur et une infirmière est arrivée pour me ramener à ma cellule. Une fois dans ma chambre je me changeais et allait au lit. Mon cœur battait la chamade je ne sais pourquoi, je pensais beaucoup au Docteur Harrins. C'était étrange de pouvoir écouter quelqu'un plutôt que de tout le temps devoir parler. Ça m'a réellement fait du bien et je suis plus déterminée que jamais à guérir pour sortir de cet endroit. Je ne sais pas de quoi me vient cette détermination mais alors que je commence à doucement m'endormir je sens encore mon cœur battre dans ma poitrine tellement vite que ça me coupe presque le souffle...

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant