Chapitre 12

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Je me réveillais doucement, ma tête me faisait horriblement souffrir mais je m'efforçais de reprendre connaissance. Je clignais des yeux, le décor autour de moi ne semblait pas avoir changé, j'étais toujours au deuxième étage de la cathédrale. En tentant de faire un mouvement, je constatais que j'étais attachée à une chaise. Je fus légèrement prise de panique, il y avait-il des kidnappeurs par ici ? Je regardais dans tous les sens cherchant du regard le Docteur Harrins en vain.

Soudain, un homme apparu depuis les escaliers. Quand il se mit devant la lumière que laissait passer la grande vitre, l'ombre qui cachait son visage se leva, et laissa apparaître le visage d'Harrins. Il courut vers moi le visage alarmé :

- Mademoiselle ! Vous êtes attachée ? Vous allez bien ?

- Docteur ! Libérez-moi s'il vous plaît.

Le Docteur Harrins s'approcha de moi et s'accroupi pour détacher mes cordes. Je l'entendais souffler un peu et lui demandai :

- Vous riez Docteur ?

- Que vous êtes naïve ma chère.

Je ne sais pas pourquoi mais suite à ces paroles, mon estomac se serra un peu. Harrins se releva sans me détacher et fit un pas en arrière. Il souriait, mais pas de la manière gentille qu'il avait de me sourire pour me rassurer ou juste timidement, non, il souriait comme s'il se moquait de moi, comme s'il allait commette un acte irréparable. Il releva ses cheveux et les mit en arrière. Je clignai des yeux essayant de comprendre et le questionnais :

- Qu'est-ce que cela signifie ?

- Oh doucement mademoiselle, vous n'êtes pas en état de me parler ainsi.

- Je parle comme je veux, je pensais que vous m'aimiez ainsi.

- Oh ma pauvre, si seulement quelqu'un vous aimait. Mais ce n'est pas le cas, je ne vous aime pas, et personne en ce monde ne vous aime car personne ne s'inquiète de vous. Vous n'êtes qu'un objet que la société a jugé dangereux et on a décidé de vous mettre à l'écart.

Je serrai les dents, mes yeux étaient tremblant de rage mais je ne pouvais pas faire un seul mouvement alors qu'Harrins continuait son récit :

- Vous savez, je vous plains un peu, la vie a vraiment été une pute avec vous, au point même de vous faire croire que vous êtes une mauvaise personne. Oh non pardon, ce n'est pas la vie qui vous a fait croire que vous étiez une mauvaise personne, c'est moi.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

- Oh pauvre enfant, je vais vous l'expliquer. Vos meurtres, vous ne trouvez pas que c'est un peu flou dans votre tête ? Vous ne vous souvenez de presque rien n'est-ce pas ? Comme si ça ne s'était pas passé...

- Qu'est-ce que vous-...

- Oh mais c'est que c'est possible, mais oui c'est même vrai, vous n'avez tué personne, vous êtes plus innocente et inoffensive qu'un nouveau né.

- Alors qu'est-ce que je fous dans cet hôpital alors ?

- Les meurtres ont été commis, pas par vous, mais il fallait un coupable et vous n'avez pas eu de chance.

- C'est vous qui les avez tué...

- Tu sais c'est dingue mais quand tu me racontais durant nos séances comment "tu" avait démembré le jeune Ricardo, et bien je sentais le réalisme dans ton récit, tu aurais fait une excellente narratrice.

- Vous ... vous l'avez...

- J'ai fais ça à mains nues, j'ai littéralement ouvert sa tête en deux, j'ai même pu le goûter, juste pour me sentir de la même manière que les carnivores qui chassent leurs proies pour se nourrir. Mais je n'ai pas trop apprécié le goût finalement, alors je t'ai forcé à tout enterrer, je me souviens encore de tes cris de douleur quand je t'ai planté mon couteau dans la jambe. Tu te dépêchais de tout bien enterrer avant que ton hémorragie ne t'emporte comme ton ami. Une fois ton travail terminé tu étais pleine de sang, du tiens et de celui de ton compagnon. Tu as essayé de fuir mais je t'ai rattrapé. Je t'ai frappé au ventre et au visage, tu hurlais et ton hémorragie ne s'arrêtait pas. Tu faisais trop de bruit, ça m'a agacé, alors je t'ai assommé avec un rocher, suite à cela j'ai fouillé ton porte-monnaie pour trouver ton adresse et je t'ai ramené devant chez toi. Je t'ai réveillé et je t'ai emmené dans la cabane de ton jardin. Une fois dedans, je t'ai attaché à un vieux transat, je t'ai donné des tranquillisants et je t'ai fais suivre une thérapie pendant des heures pour qu'à ton réveil complet, tu doutes toi-même de ce que tu avais fais la veille. Je t'ai fais croire que tu étais une tueuse sanguinaire et j'ai reporté sur toi la faute du deuxième meurtre. Suite à cela je me suis présenté en tant qu'honnête psychologue à l'institution, après bien sûr que je t'ai dénoncé à la police. J'ai demandé à être ton médecin car j'avais de la peine pour toi et que j'étais près à tout pour te soigner. Les gens me croyaient altruiste et plein de bonté, j'étais si gentil et bon à leurs yeux, alors que toi tu n'étais qu'un monstre sans cœur qui ne méritait que de passer sa vie à croupir dans un vieux bâtiment à l'écart du monde.

- Pourquoi...

- Oh, pour rien en particulier, la vérité c'est que je suis taré, fêlé, cinglé, fou en d'autres termes. J'avais eu besoin de tuer, j'en aurais encore besoin, et c'est ainsi. Tu n'imagines pas la chance que j'ai eu en étant tombé sur toi, tu es une personne recluse par les autres, tu es bizarre, ta seule famille ce sont tes parents qui te haïssent, tes amis te croient morte ou disparue depuis des années. Tu n'as personne, personne qui t'aime, personne qui te défende, personne qui s'intéresse à ton existence. Tu n'es qu'une chose qui m'a bien servi, et à présent je n'ai plus besoin de toi, quatre ans ont passés et tous les soupçons se sont écartés de moi. Je peux te diagnostiquer de cas impossible, dire que j'ai fais des constats sur plusieurs jours, et que malgré cette amélioration ces derniers mois, vous faites des crises et vous êtes dangereuse. Oh, ma pauvre enfant, ne t'inquiète pas, les dames et les messieurs en blanc vont bien s'occuper de toi, et ça pour toujours, car jamais tu ne sortiras de cet hôpital.

Sur ces mots, Harrins m'injecta un tranquillisant, je ne me souviens pas comment cela s'est terminé, mais je suppose que j'étais trop bouleversée pour protester, et puis, à quoi cela m'aurait-il servi ?

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant