Chapitre 17

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Je fixais le plafond de ma chambre, j'étais couchée les bras écartés, sans bouger d'un millimètre. J'étais perdue, j'avais l'impression d'être morte et tout ce qui pourrait me remonter ne serais-ce qu'un peu le moral, pouvait tout autant m'anéantir dans la tristesse et la solitude.

L'après-midi je suis sortie dans la cours arrière de l'établissement. L'endroit grisâtre entouré d'une énorme clôture n'avait pas changé. J'étais seule et perdue dans mes pensées tout comme perdue en ce monde que je ne semblais plus connaître à présent. Je m'approchai et me collai contre la clôture métallique regardant dehors à travers les petits trous. Il n'y avait personne, pas un passant, rien que le vide et la décoration morte de l'automne, à moins que l'hiver ne soit déjà arrivé, je n'en sais rien honnêtement, je ne suis plus le cours du temps. Je regardai avec insistance à l'extérieur jusqu'à voir un homme passer. Je lui faisais des signes et l'appelais sans pouvoir prononcer son nom, alors qu'il marchait. Quand soudain, il me remarqua et s'approcha un instant. Il me regardait avec grand intérêt et au fur et à mesure qu'il m'observait, ses yeux devenaient de plus en plus grand quand il commençait à me reconnaître. Les yeux grands ouverts, il me prit les mains, ou plutôt ce qui pouvait dépasser du mur qui nous séparait, et les serrai avant de les lâcher à nouveau, tourner les talons et repartir. Je le regardais s'éloigner en silence et, après un dernier regard, je me retournais pour partir à mon tour abandonnant cette vieille cours déprimante, la laissant sans personne tout comme moi.

J'ai envie de revoir tant de personnes, je veux tellement faire en sorte que le temps revienne en arrière. C'est horrible de vivre sans savoir, sans réellement savoir ce qu'on a et ce qui va nous arriver. Je n'arrive même plus à pleurer, j'ai une chaîne invisible autour de la gorge qui me tire au plus bas et j'ai beau me relever, elle semble être de plus en plus lourde chaque jour.

Je ne comprends pas, pourquoi suis-je triste ? Si finalement tout ce que j'avais pensé d'Harrins n'était qu'un rêve, alors je devrai me réjouir, être heureuse qu'il m'aime toujours, qu'il veut toujours m'aider. Mais je n'arrive pas, je ne sais pas pourquoi j'ai eu ces hallucinations, j'ai peur de tout et je ne distingue plus rien. Tout ce que je peux faire c'est y réfléchir ou penser aux souvenirs du passé, et comme y réfléchir me donne juste d'horribles maux de tête, on va plutôt se plonger dans les souvenir.

Je passais des jours à chercher je ne sais quoi, je ne sais quel indice, une trace de quelque chose, n'importe quoi. Je crois qu'au fond de moi j'étais persuadée que mes hallucinations n'étaient pas réelles, ou du moins j'essayais de me persuader. Chaque soir je passais sous mon lit, je me mettais sur le dos, et j'écrivais, j'écrivais au stylo volé au secrétariat tout, tout ce qui pourrait me servir d'indice, tout ce qui pourrait m'indiquer quelque chose, le moindre détail, la moindre petite marque. Et chaque lever de soleil, je ressortais de dessous ce lit sombre et froid, je n'aimais pas m'y trouver, mais c'était le seul endroit où personne ne viendrait regarder, le seul endroit où mes pensées resteraient secrètes.

Je ne désespérais pas, mais je ne trouvais rien non plus, j'étais juste complètement perdue entre toutes les informations que je récoltais, et de jour en jour une angoisse profonde et un doute commençaient à m'envahir. Et si j'étais finalement folle ? Et si tout ceci est la triste vérité ? Ne serais-je donc jamais capable de vivre normalement ? Peut-être suis-je juste coincée à vie ici, à chercher des preuves pour distinguer le réel du fictif en me trouvant moi-même dans un cauchemar ?

Tout cela est bien trop compliqué. Je dois dormir. Il faut que je dorme.

Quelques jours plus tard Harrins est venu me rendre visite. Procédure habituelle : il me demande comment je vais, pose quelques questions, griffonne dans ses notes puis me salue.

Sauf aujourd'hui, aujourd'hui il m'a apporté un journal et mon téléphone portable. Il a dit qu'à force de me cloîtrer je n'irai pas mieux, c'est vrai qu'il n'aurait pas pu me dire "à force de te cloîtrer, tu vas devenir folle".

Il me proposa donc de lire un peu, d'en apprendre sur le monde et de l'appeler en cas de besoin, il dit s'être débattu avec le Directeur pour m'obtenir ceci, et que je devais en prendre soin. Je le remerciais tout simplement et après un dernier sourire il partit.

J'inspectais mon téléphone complètent sidérée : Il était intact et toujours chargé à moins que ce soit Harrins qui me l'a chargé. Je fouillais dans mes contacts mais le contenus du téléphone était totalement vide. Aucun numéro. Rien d'anormal, on voulait me mettre à l'écart du monde entier, ce téléphone était ainsi depuis des années déjà. Il n'y avait rien. Je fouillais cette fois-ci le web. Je lisais des journaux et regardais les dernières nouveautés qui étaient passées durant le journal télévisé. Rien ne m'apporta davantage de détails. Je changeais de recherche. Je notais "hallucination".

Hallucination : perception erronée d'un stimulus qui n'existe pas. L'individu perçoit une information qui n'est pas réelle.

Oneirophrénie : État présent dans plus de 50% de patients schizophrènes. Les patients souffrant d'oneirophrénie, lors de crise, ont un sentiment très prononcé de perte de la réalité. Dans les cas les plus sévères, il peut y avoir des cas d'hallucinations et d'illusions qui peuvent les mettre en danger eux et leur entourage. Les symptômes les plus courant sont principalement un état de confusion et un manque de conscience.

Schizophrénie : Pathologie psychiatrique qui provoque une perception erronée de la réalité : la personne voit, entend, sent ou ressent des choses qui n'existent pas pour ceux qui l'entourent. Il n'est pas possible de la convaincre de son erreur. Ce délire est flou, mal structuré, non systématisé. Il évolue vers la chronicité, avec des périodes de rémission. Il repose souvent sur des hallucinations acoustico-verbales et intrapsychiques avec impression que la pensée est devinée, commentée ou volée, que des actes ou des pensées sont imposés. Souvent les hallucinations sont repérées indirectement : attitudes d'écoute, suspension de la parole, expression de peur ou de surprise, la personne converse avec elle-même à haute voix.

Je secouais la tête et fis la dernière recherche. "folie".

Dérangement mental, trouble psychologique, trouble de l'esprit, défaillance mentale, fissure de la réalité, anomalie mentale, trouble de la réalité conditionnée.

Je serrai mon téléphone dans ma main, et d'un coup des plus énervés, l'envoyai de toutes mes forces contre le mur dans ma cellule où il se frappa et se brisa en deux. Je cachai mon visage contre mes genoux.

J'abandonne. Il n'y a rien à faire je suis juste malade depuis le début et à jamais.



Bonjour/ bonsoir ! Je voulais juste m'excuser de ce retard de chapitre mais je n'arrivais pas trop à l'écrire, dorénavant je posterai chaque 2 semaines toujours le jeudi comme ça il n'y aura plus de retard et j'aurai le temps d'avoir un peu d'avance.

Merci de votre compréhension et très bonne journée/ soirée ^^

Cher DocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant