Toute une vie

Chapitre 19 : Je suis désolé pour hier

Ken et moi sommes toujours dans les rues de Paris mais cette fois-ci, en direction de mon domicile. Comme pratiquement à chaque fois que nous sommes tous les deux, il insiste pour me raccompagner. L'ambiance est pesante, il n'a pas parlé depuis que nous avons quittés le banc et je n'ai pas osé engager la conversation. C'est toujours comme ça avec lui, soit je me sens totalement apaisée, soit j'ai l'impression que je vais exploser. Actuellement, mon état d'esprit rejoint plutôt la deuxième option.

Lorsque nous arrivons devant mon immeuble, je constate avec stupeur que la bande de garçons m'ayant frappé à plusieurs reprises se tient debout à côté de la porte. Je m'arrête net et commence à paniquer, Ken le remarque puisqu'il s'arrête à son tour et me regarde comme si j'étais folle.

-Ça va ?

-Ken...je, je peux rentrer avec toi ?

Il me dévisage d'un air inquiet. Pourquoi lui ais-je demander ça ? Je me sens terriblement mal à l'aise maintenant.

-Ouais bien-sûr...Il se passe quoi là ?

-Merci, soufflais-je tellement bas que je n'étais pas sur qu'il l'avait entendu.

-Eh rose ! J'bouge pas de là tant que tu m'as pas expliqué ! Il s'assit sur le muret juste derrière lui et je restais debout,comme une conne à essayer tant bien que mal à cacher mon stress.

-Ken s'il-te-plaît...

-J'suis très borné.

-Putain ! Compliques pas les choses là !

-Tu te fous de moi ? On marche tranquillement, tu t'arrêtes, tu commence à trembler et tu me demandes si tu peux rentrer avec moi, j'ai le droit de savoir, non ?

Je sens les larmes me monter aux yeux et je me mords la lèvre pour empêcher ces larmes de dépasser mes paupières.

-Jt'expliquerais  tout chez toi, s'il-te-plaît....

Ses yeux me transpercent, il me détail de la tête au pied avant de souffler et de se lever d'un coup.

Il marche vite, j'essaye du mieux que je peux de rester derrière lui mais il m'est arrivée à plusieurs reprises d'accélérer pour éviter de le perdre de vue.

-Tu veux bien marcher moins vite ?

Il se stoppe net, attend que j'arrive à sa hauteur puis emboîte le pas de manière plus lente.

-Je t'ai déjà dit que j'arrivais pas à te cerner ? Me demande-t-il tout en continuant d'avancer.

-Ouais tu me l'a déjà dit...

*************

-C'est pas très grand mais ça me convient, me dit-il lorsque l'on entre dans son appartement. Je constate avec surprise un logement bien décoré, non pas que je pensais que Ken n'avait aucun goût mais venant de la part d'un garçon, je ne m'attendais pas à découvrir un appartement aussi bien entretenu. Les murs sont gris, cela ressemble un peu à une veille usine, j'adore ce style de décoration.

-C'est beau, déclarais-je tout bas.

-Hum, répond-t-il de la même façon.

J'entends des bruits venant de derrière alors je me retourne et me retrouve face à un Ken qui s'apprête à partir.

-Tu fais quoi ?

-Fais comme chez toi, prend mon lit. J'ai des trucs à faire.

Cette réponse ne me satisfait pas alors je décide de la répéter.