CHAPITRE 17

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Gabrielle, les écouteurs dans les oreilles, trottine tranquillement alors qu'Antoine s'entraîne avec son coach

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Gabrielle, les écouteurs dans les oreilles, trottine tranquillement alors qu'Antoine s'entraîne avec son coach. Elle sent son cœur s'accélérer. A présent, elle sait que son corps est capable d'aller plus loin, elle le sent, la seule chose qui la bloquait dernièrement c'était la peur. La peur d'échouer. La peur d'être brisée pour de bon.

Elle jette de temps en temps des regards à son petit ami. Avec lui, elle a l'impression de goutter à sa jeunesse, elle n'est plus une athlète mais une jeune fille qui tombe amoureuse. Et rien que pour ça, elle ne le remerciera jamais assez.

Alors qu'elle lui lance un regard amoureux pour une énième fois, elle remarque la présence d'une homme au cheveux blancs. Il est en costume et marche en direction du bel attaquant. Ce dernier fronce les sourcils en le voyant. Si la jeune femme a du mal à le reconnaître, lui sait parfaitement qui il est. Didier Deschamps est venu pour le voir et ça ne peut être une coïncidence.

Méfiante, Gabrielle continue de courir en accélérant un peu. Au contraire, Antoine, lui, s'arrête et part aussi à sa rencontre. Il se mord les lèvres, un peu stressé car la présence du sélectionneur de l'équipe de France ne peut vouloir dire que deux choses. Il est pris ou il ne l'est pas. A cet instant, il sent à quel point son rêve est prêt, pourtant, il sent aussi à quel point il est fragile.

« - Bonjour Antoine, sourit l'homme.
- Bonjour, je ne savais pas que vous deviez venir...
- En effet, ce n'était pas prévu, mais ton médecin m'a donné ta date de sortie et je voulais te l'annoncer en personne. »

Le jeune homme fronce les sourcils de plus bel et lui lance un regard interrogateur. Didier sort alors un maillot de foot bleu au nom de l'attaquant. Il met quelques secondes à comprendre son futur entraîneur avant d'ouvrir grand les yeux et d'attraper ce qui va être son maillot officiel.

« - Vous êtes sérieux ? Oh mon Dieu ! S'exclame-t-il.
- Totalement sérieux, tu es un jeune homme brillant et je suis ravi de te compter parmi nous.
- Merci ! Je ne vous décevrais pas !
- Je n'en doute pas. »

Il enfile le maillot avec hâte et remercie un nouvel fois son entraîneur qui lui donne les derniers renseignement quant au début de l'entrainement avant de partir.

Toutes les peurs au sujet de son avenir viennent de s'envoler et il n'aura suffit que d'un seul maillot. Son médecin lui a annoncé ce matin qu'il ne lui restait que quatre jours. Déjà, il s'était senti mieux mais cette annonce le remplissait de bonheur. Dans quatre jours, il devra quitter le centre avant de rejoindre Clairefontaine quelques jours plus tard.

A mesure que son bonheur grandit, sa peur grimpe en flèche aussi. Il se retourne lentement, le visage déformé par la tristesse. Comment lui dire qu'il va partir ? Comment lui dire qu'ils ne se verront plus aussi souvent ? Comment la quitter ?

Lorsque le regard de Gaby rencontre celui d'Antoine, son cœur se tord. Elle ne sait rien de ce qui vient de se dire mais le tee shirt floqué à son nom ne doit rien présager de bon pour elle. Elle est tiraillée entre la joie de voir qu'il va être en équipe de France et la peur de le perdre. Parce que, s'il est pris, ça veut forcément dire qu'il va quitter les lieux, non ? 

Il inspire un grand coup et s'approche de la jeune femme qui terrifiée, se met à courir dans la direction opposée. Elle ne veut pas l'entendre dire qu'il doit partir, elle a peur de l'entendre dire que tout est fini. Que ferait-elle sans lui ? Non. Que fera-t-elle sans lui ? 

« - Gabrielle ! Attends ! »  

Mais elle ne l'écoute pas. La seule chose qu'elle entend, c'est son cœur qui bat plus vite que d'habitude dans sa poitrine. Elle entend le sang qui afflue dans ses oreilles et la peur qui lui grignote le ventre. 

Fatiguée, elle décide de retourner dans sa chambre au bout d'une heure. Elle est en nage mais ce n'est rien à côté de ce qu'elle ressent. Lorsqu'elle entre enfin dans la pièce, Antoine se jette sur elle pour la prendre dans ses bras. Elle ferme les yeux, profitant du moment. Doucement, elle se rend compte qu'il s'est douché et que ses cheveux sont encore légèrement humide. Sa peau sent le musc et il ne porte plus le maillot de la France.

« - Pourquoi tu es partie comme ça ? Il demande.
- Je... Tu vas trouver ça stupide...

- Dis moi...
- J'ai cru que tu allais bientôt partir... Sans moi...
»    

Il baisse la tête, incapable de lui dire la vérité. Vérité qu'elle devine sans mal.

« - Alors j'avais raison...
 - Ce n'est pas ce que tu crois.
- Ah bon ?
Elle se dégage de lui. Tu ne vas pas partir à Paris ? Tu ne vas pas m'abandonner ? Je ne vais pas rester ici toute seule ?

- Ce n'est pas tout à fait comme ça que je le vois...
- Tu le vois comment Antoine ? Dit-moi.
- Je suis guéri, tu devrais être heureuse pour moi non ? En plus, je vais intégrer l'équipe de notre pays, c'est mon rêve. Et à te voir réagir ainsi, je peux te dire qu'il a un goût très amer...
- Je réagis surement comme une enfant capricieuse mais moi je suis amoureuse de toi. Tu m'as fait je ne sais quoi et tu as pris mon cœur. Aujourd'hui, tu es en train d'y mettre feu. Alors, je suis heureuse pour toi, sincèrement mais pendant que tu vas t'éclater à vivre ton rêve, je vais devoir courir après le mien seule, et le cœur en miette.
- Ce n'est pas parce que je pars qu'on doit arrêter entre nous.

- Non, bien sûr que non. Mais j'ai vu des filles qui pleuraient tous les jours dans les vestiaires pour leur copain resté chez elles. » 

Elle essuie une larme qui menace de couler et pars se doucher. Elle a conscience de se comporter comme une enfant. Mais c'est sa faute, c'est l'effet qu'il a sur elle. Elle vivait très bien sans lui mais à présent, c'est comme si elle avait besoin de lui pour respirer. 

Antoine, lui, se laisse tomber sur le lit, le cœur au bord de l'explosion. Rien ne s'était passé comme il l'avait prévu. Il aurait aimé qu'elle comprenne, il aurait aimé qu'elle l'encourage et que son départ la pousse à se surpasser. Il aurait aimé qu'elle finisse par partir elle aussi, en même temps que lui. Il la voulait à Clairefontaine avec lui. 

Mais ce n'était pas le cas. A la place, il lui a brisé le cœur. Là, assis sur son lit, il en vient même à se demander si son rêve vaut le coup. Il ne la connait que depuis quelques semaines mais il est déjà prêt à remettre en cause le rêve de sa vie. Il secoue la tête, parce que, oui, il vaut le coup. Il jette un coup d'œil à la salle de bain, espérant qu'à l'intérieur, elle se considère encore comme sa petite amie. 

RUN [A.G]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant