RUN [A.G]

CHAPITRE 34

Défaite
nom féminin
Définition: Perte d'une bataille, échec.

Il n'y a rien de pire pour un athlète que de s'avouer avoir échoué. Il n'y a rien de pire de se dire qu'on aurait pu mieux faire, qu'on aurait pu, en faisant les choses différemment, remporter une victoire. 

Antoine est pétrifié par son échec. C'est bien le mot. Échec. Court, rêche, brutal. Tout comme la sensation qu'il procure. Le jeune homme inspire un grand coup alors qu'il prépare sa valise pour quitter le centre d'entraînement. Il a tellement honte. Il n'ose même pas croiser Gabrielle. Il n'ose même pas aller sur son téléphone de peur de tomber sur des insultes. Pire que tout, il a peur de sentir la déception de ses fans. 

Il a un peu de mal à se dire que c'est déjà fini. Il a beaucoup de mal à se dire qu'il a vraiment échoué. En colère contre lui même, il lance violemment la veste à son nom au sol.

« - Ce n'est pas de ta faute, lance un voix derrière lui. »

Gabrielle entre dans la chambre et colle son corps contre le dos de son homme. Il se tend face à son contact. Incapable de bouger, voir même de la regarder, il ne fait rien, se contentant de fermer les yeux, inquiétant au plus haut point Gaby.

« - Antoine, est-ce que ça va ? »

Bien sûr que non, ça ne va pas. Bien sûr que non. Il est déprimé, la honte le ronge de l'intérieur et la colère lui sort par les yeux tellement elle est intense. Alors, non. Non il ne va pas bien. Mais il ne lui dit pas. Parce qu'encore une fois, il a tellement peur de l'avoir déçue qu'il préfère rester dans l'ignorance, rester dans son mal être.

« - J'aimerais être seul. »

La jolie blonde fronce les sourcils. Elle ne comprend pas. Quand elle a perdu son rêve, elle ne voulait qu'une chose, être dans ses bras, pourquoi l'inverse n'est elle pas réciproque ?

« - Tu veux que... tu veux que je parte ? Elle répète, surprise.
- Je pense que c'est mieux en effet. »

C'est comme une baffe. Elle n'en croit pas ses oreilles. Ravalant ses larmes, elle se détache de lui et commence à partir. Elle l'entend alors, ce petit bruit étouffé, ces sanglots qui en disent beaucoup trop sur l'état du jeune homme. Elle met donc sa fierté de côté, et inspirant un grand coup, elle se retourne et tourne Antoine vers elle.

Il a le visage ravagé par les larmes. Ses yeux si bleus naturellement, si doux, sont tordus par les perles salées et le rouge qu'elles provoquent. 

« - Le truc, c'est que je n'ai pas envie de partir ! C'est normal d'avoir mal, d'être déçu Antoine, c'est normal, rien n'est de ta faute, je te le promets, alors je vais rester, je vais te prendre dans mes bras et ne t'avise même pas d'essayer de me repousser, ça ne marchera pas. Quand j'allais mal, tu étais là, près de moi, laisse moi le faire pour toi. »

Mêlant les mots aux paroles, elle l'encercle de ses bras. Antoine, d'abord tendu, fini par lâcher prise. La serrant plus fort contre lui. 

« - Je suis désolé de te décevoir, il sanglote.
- Tu ne me déçois pas, et je ne dis pas ça parce que tu pleures dans mes bras, je le dis parce que c'est vrai, je suis fière de toi, de tout ce que tu as accomplis, dans quatre ans, la coupe sera pour vous, en attendant, je suis là. Je t'aime. »