CHAPITRE 19

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Gabrielle regarde Antoine plier ses vêtements et les trier par catégorie

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Gabrielle regarde Antoine plier ses vêtements et les trier par catégorie. Elle a envie de pleurer parce qu'elle sent que la fin approche. Et elle est terrifiée, terrifiée parce qu'elle ne sait pas ce que ça va donner d'être ici sans lui, elle a peur que la distance ne les éloigne, elle a peur de ne jamais pouvoir recourir. Elle n'avait jamais eu besoin de personne et à présent, c'est comme si elle était dépendante de ce beau blond.

Il attrape un tee shirt gris Puma et avant qu'il n'est le temps de le plier, elle lui pique et le colle tout contre elle. Antoine fronce les sourcils, demandant silencieusement la raison de son acte.

« - Celui-là je le garde...
- Pourquoi celui-là en particulier ?
- Tu le portais hier...
- Je suis désolé mais en quoi est-il différent des autres ?
- Tu le portais quand tu m'as dit que tu m'aimais pour la première fois... »

Le jeune homme secoue la tête de haut en bas en esquissant un petit sourire. Cela fait tellement longtemps qu'une fille ne lui a pas piqué un tee shirt pour se souvenir de lui. Il y a dans l'amour que lui porte Gaby, une certaine innocence qui le fait chavirer à chaque fois. Dans ses gestes, dans ses mots, dans ses réactions, il voit qu'elle n'a jamais aimé quelqu'un avant lui. Il se sent tellement chanceux d'être le premier amour de cette si merveilleuse femme.

« - Et puis, comme ça, on sera obligé de se revoir... tu sais... elle baisse la tête... au moins pour que je te rende ton tee shirt.
- Je n'ai pas besoin de ça pour vouloir te revoir ma belle... »

Elle hoche la tête en souriant faiblement. Parce qu'elle connaît ces discours. Parce qu'elle a déjà vu les filles de son équipe totalement folles amoureuses de leur copain, répétant sans cesse qu'elles le reverront puis se prenant une claque en voyant qu'il a refait sa vie, sans elle.

Délicatement, elle range le vêtement dans son placard et attrape une veste au jeune homme pour lui amener. Il n'est pas encore partie. Il est toujours là, là pour elle.

« - Et moi, j'ai garde quoi qui t'appartient ? »

Gabrielle laisse échapper un beau sourire et s'approche de lui, elle détache la chaîne qu'il a autour du coup, à laquelle pend une plaque avec son nom. Doucement, elle enlève la bague qui se trouve à son majeur et glisse le bijoux dans le collier. Il fronce les sourcils, semblant se rendre compte, seulement à l'instant, qu'elle portait une bague. A en juger par la marque sur son doigt, ça doit faire un moment qu'elle y est.

« - Mes parents m'ont offert cette bague le jour de mon entrée dans l'équipe d'athlétisme de notre ville. Ils voyaient déjà en moi, la championne que je suis devenue. Si tu regarde à l'intérieur tu pourras y lire "run". Depuis ce jour, je n'ai jamais arrêté de courir. Peut-être qu'à cause de ça, j'ai manqué beaucoup de chose. En tout cas, tous mes choix m'ont mené ici, dans tes bras. Je suis heureuse de voir que lorsque j'ai commencé à ralentir, tu t'es mis à courir vers moi.
- Tu es sûre de vouloir me la laisser ? Il demande, touché.
- Sûre à cent pour cent. »

« - Je ne te sens pas dans ton assiette, Antoine, tu devrais être heureux de partir pourtant, demande le docteur du joueur

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« - Je ne te sens pas dans ton assiette, Antoine, tu devrais être heureux de partir pourtant, demande le docteur du joueur.
- Je m'inquiète pour Gabrielle...
- Oh... J'ai bien vu que vous vous étiez rapproché mais tu ne dois pas laisser cette histoire te ralentir, vous ne devez pas vous laissez ralentir par vos sentiments. Rester au centre ne l'aidera pas. Au contraire, elle voudra surement se dépasser quand tu ne seras plus là.
- Je ne veux pas la faire souffrir.
- Si elle t'aime, elle comprendra et elle se battra pour que vous soyez de nouveau ensemble. Cette jeune fille est plein de ressource, elle n'en a même pas conscience. Je sais qu'il y a des risques qu'elle ne puisse plus jamais faire de la course à au niveau mais ça ne veut pas dire qu'elle ne fera plus rien d'autre. »

Antoine fronce les sourcils, pas totalement certain d'avoir compris. Gabrielle pourrait ne plus pouvoir courir ? Elle pourrait ne jamais devenir championne olympique comme elle l'a toujours rêvé ? Est-elle au courant ? Si oui, pourquoi ne lui en a-t-elle pas parlé ?

Après s'être excusé, il quitte le bureau du médecin et se dirige vers leur chambre. Il doit forcément y avoir une explication. Elle ne peut pas lui avoir caché une telle chose délibérément. Il la trouve allongé sur son lit, un livre dans les mains, des écouteurs dans les oreilles. A la voir ainsi, on ne pourrait deviner qu'elle risque de perdre tout ce pour quoi elle s'est toujours battue.

Il cherche désespéramment à savoir si elle a la moindre idée que son rêve est peut être hors de porté. Mais il ne voit rien. Comment pourrait-elle être au courant et ne rien lui avoir dit ? Pourtant ça expliquerait beaucoup de sa colère. C'est dur d'être heureux pour quelqu'un quand tout s'écroule autour de nous.

Est-ce qu'il doit lui en parler ? Est-ce qu'il doit prendre le risque alors qu'elle n'est peut être pas au courant ? Comment lui en parler ? Comment lui dire, que lui, sait ?

« - Gaby, je... j'aimerais te parler, lance finalement le blond en retirant les écouteurs de la jeune femme. »  

Elle ferme son livre en fronçant les sourcils. Les traits de son visage sont fermés et elle sent bien que quelque chose ne va pas. 

« - Est-ce que tu as vu les médecins récemment ? »  

Soudain elle comprend. Les mots de son médecin font échos. Ils lui mettent une baffe magistrale. Elle n'y avait pas repensé, elle n'avait pas pris la peine de comprendre réellement que son rêve était peut-être hors de porté pour toujours. Et comme si perdre la seule chose pour laquelle, elle se bat depuis son plus jeune âge, n'était pas suffisant, il semblerait que l'homme dont elle tombe doucement amoureuse soit au courant, et lui en veuille de n'avoir rien dit. 

« -  Tu es au courant... elle laisse échapper.
-Tu pensais pouvoir me le cacher pendant combien de temps ? 
-Je ne te le cachais pas, elle soupire, je me le cachais à moi...
-Je ne comprends pas...
-Je suis tellement proche de tout perdre... Je ne voulais pas le voir. Je ne veux pas le voir, je veux pouvoir courir, encore et encore, je veux pouvoir gagner ma médaille olympique, je veux pouvoir devenir une grande championne au lieu de quoi, je n'aurais surement droit qu'à une carrière brisée par une blessure. Pardon de n'avoir rien dit. Je ne voulais pas te le cacher. Je voulais juste voir l'espoir que tu as pour moi encore un moment, avant qu'il ne soit remplacé par la pitié que je vois à présent. 
»  

RUN [A.G]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant