CHAPITRE 18

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Gabrielle écoute son médecin parler sans vraiment lui porter d'attention

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Gabrielle écoute son médecin parler sans vraiment lui porter d'attention. Elle ne cesse de penser à Antoine, Antoine qui va partir loin d'elle. Elle lui en veut, terriblement parce qu'il l'a fait tomber éperdument amoureuse de lui et qu'il s'en va mais elle s'en veut encore plus. Pas d'avoir succomber à son charme, ni du fait qu'il lui ait caché sa date de sortie. Elle s'en veut de lui en vouloir. Parce qu'à sa place, elle serait partie aussi, elle aurait agrippé son rêve à deux mains et serait partie.

Au lieu de quoi, c'est lui qui part. C'est elle qui reste. Et à entendre son médecin, elle n'est pas loin de pouvoir partir aussi, même s'il a peur qu'elle ne puisse plus courir en compétition. Elle l'entend parfaitement mais ne l'écoute pas. Elle se lève machinalement de sa chaise et quitte la pièce, elle ne court pas, elle marche simplement sous les excuses à peine ressenti de son médecin.

Dans sa chambre, le jeune homme se trouve sur son portable. Depuis la veille, il a perdu son si beau sourire et Gaby est déchirée de voir qu'elle est la cause d'une si grande perte. A son arrivée, il se tourne vers elle. Elle a envie de lui crier qu'elle est désolée. Elle veut lui murmurer qu'elle n'est qu'une idiote égoïste qui aurait aimé le garder pour elle. Elle voudrait lui avouer qu'elle est terrifiée à l'idée de rester ici seule, parce qu'elle a fait des progrès seulement grâce à lui. Mais surtout, elle voudrait lui dire qu'elle risque de ne jamais pouvoir recourir comme avant. Elle voudrait qu'il sache pour la serrer contre lui.

Elle voudrait qu'il lui dise que tout va bien aller et qu'elle y arrivera. Que même sans lui, elle pourra le faire, qu'elle aura un jour sa médaille d'or olympique. Le simple fait d'être dans ses bras, sous ses murmures l'aurait rassurer mais elle n'arrive pas à ouvrir la bouche. Elle n'arrive pas à lui parler.

Comme si son rêve n'était pas déjà assez dur, elle se retrouve amoureuse d'un autre athlète. Le plus difficile c'est de se dire, qu'il est comme elle. Et que peu importe à quel point il l'aime, il aimera le sport tout autant.

Il sent que quelque chose ne va pas. Elle n'est pas aussi rayonnante que d'habitude et il s'en veut parce que son départ imminent en est forcément la cause. Il ne sait pas comment agir, il aimerait lui dire que son comportement est égoïste, qu'à sa place il aurait été content pour elle mais il sait que c'est faux. C'est la, toute la complexité du sport. On ne peut jamais être totalement heureux pour quelqu'un qui réalise son rêve alors qu'on n'arrive pas à toucher le notre. La jalousie mélange à l'amour qu'ils se portent l'empêche d'être heureuse pour lui...

Et pourtant. Pourtant, il a envie de lui dire de ne pas y penser, il a envie de lui dire qu'il ne faut pas qu'elle voit son départ comme une fin mais comme un nouveau départ. Mais il n'en a pas le droit.

C'est tellement dur d'avoir été si proche et d'être si loin à présent. Le sport les a réunis et ils n'auraient jamais imaginé que le sport les séparerait. Bien sûr, ils forment toujours un couple, mais pour combien de temps ? Au vu de la distance entre eux alors qu'ils sont l'un à côté de l'autre, comment est-ce que ça se passera une fois qu'il sera parti ? 

Elle pourrait décider de tout arrêter. Elle pourrait abandonner son rêve pour partir avec lui. Elle pourrait même essayer de trouver un centre proche de lui mais elle doit rester ici, pour ses parents et pour Max. Ils n'ont pas fait tous ces sacrifices pour qu'elle abandonne au premier obstacle. Et puis, elle connait à peine Antoine. Il ne devrait même pas avoir cet effet sur elle. 

  « - Je suis désolé, mais je ne peux pas rester comme ça, souffle Antoine.
- Comme quoi ? Demande Gabrielle en sachant parfaitement la réponse. 
- Te voir comme ça ! Je ne peux pas. Je ne supporte pas de ne pas te voir sourire, je ne peux pas être à côté de toi et pourtant de ne pas te toucher, je ne peux pas ressentir autant pour toi et ne pas pouvoir te le montrer !
- Tu as le droit de faire tout ça...
- Ce n'est pas l'effet que tu donnes ! Il soupire. Je sais que ça va être dur pour toi, ici, mais sers toi de ça comme une force, fait tout pour partir le plus vite possible et peut-être, si tu en as envie, peut-être que tu pourrais me suivre à Paris. On ne pourrait pas se voir énormément, mais tout de même un peu... 
- Tu me demandes d'arrêter la course ? 
- Pas du tout. Tu pourrais la continuer là bas...
 
- Ce que je vais dire va surement paraître égoïste et horrible mais pourquoi ce serait à moi de te suivre ? »  

Antoine baisse la tête. Il a l'impression de la perdre et c'est absolument affreux, cette sensation de l'avoir juste au bout des doigts et de ne pourtant pas pouvoir la toucher. Est-il égoïste en lui demandant de le suivre ? 

  « - Je ne t'oblige à rien, et je ne t'en voudrais pas de ne pas venir... J'essaye juste de trouver une solution...
- Une solution où l'équipe de France est ta priorité... 
- C'est mon rêve ! Je pensais que s'il y avait une personne sur Terre capable de me comprendre, ce serait toi... C'est horrible de devoir se justifier de vouloir vivre son rêve. A ma place, tu aurais fait exactement la même chose. 
- Je ne dis pas le contraire. Je me déteste de t'en vouloir pour ça justement parce que j'aurais fait pareil mais je suis tombée amoureuse de toi et tu t'en vas... Je t'aime et toi, tu me laisses seule... » 

Ce n'est que lorsqu'elle vu la tête d'Antoine après ses mots qu'elle compris ce qu'elle venait de dire. Elle n'avait pas menti, Gabrielle est bel et bien amoureuse de lui. Il ouvre la bouche mais aucun son ne sort.

Gaby baisse la tête, consciente de l'avoir dit trop tôt, totalement persuadée qu'après ça, il va fuir encore plus, et que maintenant, il partira sans se retourner.

  « - Tu n'es pas obligé de répondre, elle souffle.
- Est-ce que tu pourrais arrêter de me dire quoi faire, il râle. J'aimerais que tu arrêtes de me dire quand je peux répondre, quand je peux te serrer contre moi, quand je peux t'embrasser, quand je peux te dire que je t'aime ! Parce que oui, je t'aime Gabrielle, et je ne veux pas te laisser, mais j'ai sacrifier tellement pour mon rêve que je ne peux pas le reculer. Et même si je le voulais, je ne pourrais pas rester ici si je me suis rétabli...»

Sans lui laisser la chance de répondre, il place ses mains de part et d'autre de son visage et avance doucement le sien, fixant ses lèvres roses. 

  « - Je croyais que tu n'avais plus besoin de ma bénédiction, halète Gaby.  »

Il sourit et dépose ses lèvres sur les siennes. Conscient que leur situation n'est pas réglée mais persuadé que ça s'arrangera.

RUN [A.G]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant