RUN [A.G]

CHAPITRE 5

« – Tu vas me dire ce que tu as ? Demande Antoine. »

Ils viennent tous les deux de voir le médecin après une séance intense de kiné. Ils sont exténués et pourtant, il a toujours la force de se battre pour savoir ce qu'elle a. Mais ne doit-elle pas tout garder pour elle ? Comme elle l'a toujours fait ? N'ayant jamais eu de véritables amies, elle a toujours pris l'habitude de tout garder.

Le jeune homme la fixe un moment, espérant la voir réagir mais Gabrielle ne dit rien. Elle se contente de l'ignorer. C'est étrange, mais la voir être ainsi avec lui, lui fait de la peine. Il ne comprend pas ce qu'il a fait. Dans son souvenir, il a toujours été sympa, il a été là pour elle alors qu'elle semblait toucher le fond. En fait, il n'a jamais été aussi présent pour une personne que pour elle.

« – S'il te plaît, parle moi ! Il souffle. »

Gaby pince les lèvres, à deux doigts de pleurer. Elle sait parfaitement que son comportement est digne d'une adolescente de quinze ans. Elle le sait mais l'ignorance, suivit de l'humour, a toujours été son seul moyen de défence. Comme elle ne veut pas faire de peine au jeune footballeur, elle ne se sert pas de l'humour qui pourrait avoir une part de vérité. Une vérité qui fait mal.

« – C'est ma faute. Qu'est-ce que j'ai fait ? Dit moi ! Il commence à s'énerver. »

C'est étrange de le voir ainsi, lui qui a toujours été très calme. Elle pince les lèvres et baisse la tête, les yeux rivés sur les mots incompréhensibles de son livre. Les larmes lui piquent les yeux.

« – Je te jure que si tu ne me dis pas...
– Qu'est-ce que tu vas faire ? Elle répond finalement. »

Pendant un instant, il n'arrive pas à croire qu'elle lui a enfin répondu puis il se reprend. Qui est cette jeune femme devant lui ? Où est passé le bout de femme qui riait avec lui et ses amis ? Où est celle qui parle un sourire aux lèvres de son frère ? Qui est-elle ?

« – Rien. Il soupire. Je ne comprends juste pas ton comportement. »

Gabrielle reprend son mutisme. Il souffle à nouveau. Mince, mais qu'a-t-il bien pu lui faire ? Il frappe dans son lit et grogne sous la douleur. La jeune femme sursaute de peur et commence à culpabiliser. Pourtant, elle ne prononce toujours pas un mot. Après un regard peiné vers elle, Antoine décide de sortir un peu.

Qu'a-t-il loupé ? Quelle partie de la journée a-t-il manquée ? Il a l'impression d'avoir tout donné. Comment aurait-il pu faire mieux ? Il ne la connaît après tout. Peut-être que cette fille brisé qui partage sa chambre ne supporte pas qu'on s'occupe d'elle. Non. Vraiment il ne comprend pas.

« – Antoine ! Cri Gabrielle. »

Il se retourne, toujours en colère. La jolie blonde arrive, d'un pas peu assuré, presque en courant. Il pince les lèvres, qu'est-ce qu'elle croit ? Qu'elle peut le faire tourner en bourrique ?