Chapitre 11

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« La rancune n'est pas un défaut, elle permet de rendre à quiconque la monnaie de sa pièce. » Rob-un

— En parlant de tes potes, je ne savais pas que tu traînais avec un abruti insolent dont la capacité à utiliser sa langue pour former des mots lui a été enlevée à la naissance. Ta réputation doit être ternie avec ce type d'ami impoli, tu ne crois pas ?

Qu'est-ce qu'il me prend de lui parler de ça ? Il ne doit absolument rien comprendre à ce que je viens de lui raconter au vu de sa tête. Pourquoi suis-je de nature curieuse ? Quand j'ai entendu que ses potes arrivent, j'ai tout de suite repensé à la soirée d'hier ainsi qu'au comportement de son ami que je trouve louche. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir plus de cinq secondes que ma bouche s'est mise à fonctionner sans demander l'avis à mon cerveau. Mon frère va finir par s'interroger sur ce qu'il s'est passé lors de cette soirée.

— De qui tu parles ? J'ai énormément de potes contrairement à toi, me répond-il avec un sourire narquois.

— Comment veux-tu que je te dise qui c'est si je ne connais pas son prénom ? Faire usage de sa langue pour faire la conversation n'est pas l'une de ses qualités si cela peut t'en apprendre un peu plus. Quoiqu'il y a bien une chose qui pourrait le différencier des autres, il a des yeux gris, ce qui n'est pas commun d'ailleurs.

Maylis, stop tu parles trop ! À force, Cameron va penser que je fais une fixette sur son pote alors que ce n'est clairement pas le cas. J'ai juste une dent contre les gens qui ne me répondent pas. Je suis comme ça. N'osant pas l'affronter du regard de peur qu'il trouve quelque chose qui ne serait pas intentionnel, je préfère baisser les yeux vers le sol. D'ailleurs, ils ont dû refaire le sol récemment au vu de sa couleur bien noire et puis faut que je pense à faire mes lacets. Un accident est si vite arrivé avec ma poisse légendaire.

— Maylis, tu m'écoutes ?

— Oui, désolé je suis toute à toi.

— Je disais donc que tu peux t'abstenir de lui parler, ce sera plus simple pour tout le monde. Comme ça, tu ne te prendras plus de vent. De toute manière, je ne vois même pas pourquoi lui et toi, vous vous êtes parlé. Ça m'étonne beaucoup, reprend-il après une courte pause.

— Merci du conseil Cam. Que serais-je sans toi ?

Cameron semble perdu dans ses pensées comme moi un peu plus tôt. Le ton qu'il a utilisé pour me parler était beaucoup plus sec que le reste. Je me demande bien ce qu'il lui arrive ! Déterminée à savoir ce qui se cache derrière sa voix et à l'action étrange de son ami, je continue mon interrogatoire très discrètement.

— Mais son comportement est quand même étrange non ? Il est comme ça d'habitude ?

— Tiens, ils arrivent, me dit-il d'un air distant en regardant ses deux copains arriver.

Et voilà qu'il recommence. Il a forcément dû se passer un truc entre les deux pour qu'il soit distant en évoquant son ami. Je me retourne pour faire face à ses potes qui mettent les pieds sur le terrain de basket.

Je reconnais facilement Yeux gris qui m'adresse un sourire auquel je ne réponds pas. Qu'est-ce qu'il lui prend à celui-ci ? Les garçons sont vraiment des espèces que je ne comprends pas. En réponse à son sourire, il a le droit à un regard de travers de ma part. Son comportement à la soirée me reste en travers de la gorge. Il est accompagné du même gars que l'on a croisé lors de la visite du campus avec mes parents quelques jours plus tôt. Ces deux-là sont inséparables, on dirait.

Je vois ce dernier s'avancer vers moi pour me saluer et me faire la bise. Il faudrait lui dire que le rasoir existe, car sa peau est très désagréable au toucher. Il est suivi presque instantanément de l'insolent qui lui sert de copain. L'impoli se présente à moi toujours en souriant et se rapproche de plus en plus près que son parfum musqué emplit mes narines. J'attends sagement en riant intérieurement que sa joue vienne se mettre au niveau de la mienne pour me baisser et faire mes lacets.

— Désolé, je viens de voir que mes lacets étaient défaits, dis-je avec insolence au garçon qui s'attendait à ce que je lui fasse la bise.

Il a vraiment cru que c'était Noël ou quoi ? Je ne dis pas bonjour aux personnes qui m'ignorent, c'est un principe que je dois respecter. Ça lui apprendra à ne pas ouvrir sa bouche quand on lui demande de parler. Je déteste ce genre de personne. Je souris tout en me relevant à leur niveau. Bien fait pour ta gueule monsieur l'insolent !

Le visage de ce dernier vaut le détour. Il est figé sur place ne s'attendant pas à ce que je lui fasse ce coup-là. Mon frère et son ami quant à eux rigolent aux éclats ce qui agace profondément l'abruti.

J'ai comme l'impression que ce monsieur est contrarié, même s'il veut laisser paraître que ça ne le touche pas. Je lui fais un sourire amusé avant de me retourner vers mon frère.

— Bon, je te laisse t'entraîner avec eux. De toute façon, je dois rentrer chez moi pour me préparer pour mon prochain cours.

Je lui fais un énorme câlin comme on a l'habitude de faire quand nous sommes seuls. Il ne semble pas gêné par cette soudaine démonstration d'affection qu'il me prend lui aussi dans les bras. Par politesse, je dis au revoir à ses copains, car au fond je ne suis pas si méchante que ça et que moi, je sais me montrer poli.

Je retourne vers mon appartement le sourire aux lèvres ravie d'avoir légèrement humilié celui qui m'a fait la même la veille. Sur le chemin du retour, j'en profite pour envoyer un message à mon frère.

Maylis : Merci pour le basket, tu vois que je m'améliore. Tout est possible dans la vie !

Cam : De rien, j'ai bien aimé ça aussi, on se refait ça tantôt. Rancunière petite sœur à ce que je vois. Ethan en est resté bouche bée !

Ethan, ce prénom lui va pas mal même si pour moi il restera à jamais l'insolent ou l'abruti. 

L'envol du papillon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant