Chapitre 36

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" Je ne peux pas contrôler mes sentiments, mais je déteste la façon dont mes sentiments me contrôlent."

Le réveil se fait tout en douceur et dans la bonne humeur, ce qui ne m'arrive que très rarement. J'ai envie ce matin de rattraper le temps perdu avec Kaitlyn. Cela fait bien longtemps que nous n'avons pas pris un bon petit-déjeuner ensemble. Je me lève avec entrain pour m'habiller afin de me diriger rapidement dans la cuisine avant qu'elle ne se réveille. En temps normal, elle ne se lève que sur les coups de huit heures pour aller manger. Cela veut dire que j'ai trente minutes pour lui préparer quelque chose de bon.

En arrivant dans la cuisine, je me rends compte que je ne suis pas la seule à avoir eu cette idée. Mon amie vêtue d'un vieux jogging donne toute son énergie pour faire du pain perdu et des œufs brouillés, une chose que j'adore manger le matin quand j'ai le temps et surtout l'envie d'en préparer.

— Tu es déjà debout ? demandé-je à Kate qui sursaute presque aussitôt.

— Tu m'as fait peur ! s'écrie-t-elle.

Dans un mouvement incontrôlé, elle laisse tomber la poêle au sol, ce qui la rend littéralement triste comme si c'était le fin du monde.

— Fais chier mes œufs ! Merde, tu ne pouvais pas te lever plus tard. Je voulais te préparer un bon repas pour ce matin, m'avoue-t-elle en ayant les larmes aux yeux.

Je m'empresse d'aller la prendre dans mes bras pour la réconforter. Elle se lâche et laisse quelques larmes coulées sur son visage. Ethan ne m'avait pas menti, mon amie est à fleur de peau ces temps-ci.

— Ce ne sont que des œufs, tout va bien. On en a d'autres, murmuré-je. Je voulais te faire la même chose ce matin pour m'excuser de mon comportement lamentable ces derniers mois.

— Tu n'as pas à le faire, ce n'est pas vraiment de ta faute de toute façon. Alors on commence par quoi ? reprend-elle avec enthousiasme comme si la poêle et son contenu étalé sur le sol de la cuisine n'existaient pas .

La préparation de notre brunch se passe dans une ambiance très détendue. Nous sommes toutes les deux ravies d'être enfin ensemble, de nous parler et surtout de rigoler pour des conneries comme avant. Je suis vraiment aux anges d'avoir retrouvé ma meilleure amie. Je ne remercierai jamais assez Mike de ce qu'il a fait pour moi.

Kaitlyn n'a jamais été aussi souriante qu'aujourd'hui. La voir comme cela me remplit moi aussi de joie. Comme on dit, le sourire et le rire sont très communicatifs. J'ai l'impression de reprendre ma vie d'avant, une vie remplie de joie et de bonne humeur. Certes, je ne peux pas m'empêcher d'être profondément triste, mais voir les gens heureux autour de moi, qui ne me regarde pas avec tristesse et empathie, me rend comblé de bonheur.

La préparation de notre petit-déjeuner de compétition nous prend une bonne heure, ce qui est inimaginable pour moi qui ne prends que dix minutes d'habitude.

— J'ai tellement de choses à te raconter, s'enthousiasme Kate en dévorant une tranche de bacon. Je suis sûre que toi aussi. Qui commence ?

— Toi, m'empressé-je de répondre ne voulant pas subir un interrogatoire poussé sur Mike encore une fois. Comment cela se passe avec Guilhem ?

— Très bien. C'est d'ailleurs assez étrange, car il est vraiment l'opposé de ma personnalité, timide, intelligent et calme, mais je me sens bien avec lui.

— En même temps, je ne t'aurais pas vu avec quelqu'un du même caractère que toi. Cela aurait été la Troisième guerre mondiale.

— Ce n'est pas faux, rigole-t-elle. Je suis vraiment contente d'être avec lui.

— Je vois ça, tu as les yeux qui pétillent quand tu parles de lui, c'est mignon, lui dis-je pour la taquiner ce qui la fait rougir instantanément.

— Et toi avec Ethan ? se reprend-elle assez rapidement pour changer de sujet de discussion.

— Il n'y a rien avec lui, murmuré-je déçue de mon aveu. On est ami, c'est tout. D'ailleurs, j'ai cru pendant quelques instants que toi et lui, vous étiez ensemble, m'esclaffé-je en me rendant compte de la connerie à laquelle j'ai pu penser.

— Sérieusement ? Moi et lui ? Non, mais tu as totalement débloqué ma parole. Ce mec est tellement trop gentil et attentionné que je ne pourrais jamais être avec lui. En plus, même si j'avais voulu essayer quelque chose avec lui, cela aurait été impossible vu qu'il ne parle que de toi à longueur de journée. Maylis par-ci, May par-là. Tu as des nouvelles d'elle ? Elle va comment ? Il est complètement accro ma poule.

Face aux aveux de mon amie, je ne peux m'empêcher de rougir. Il pensait à moi tout autant que je pensais à lui. Le sourire que j'ai sur le visage ne trompe pas, je suis vraiment amoureuse de ce garçon. Je ne peux plus avoir de doute quant à mes sentiments pour lui.

— C'est mignon, dis-je pour ne rien laisser paraître même si le visage de mon amie en dit long sur ce qu'elle pense. Il m'a vraiment beaucoup aidé après le décès de papa. Il m'envoyait des messages tous les jours.

— Oui, ça aussi je suis au courant, rit-elle. Je devais lui dire si la plupart de ses messages étaient bien, car il ne voulait pas que tu le prennes mal. Vraiment trop attentionnée ce petit.

Pour détourner la conversation, je décide alors de parler de Mike qui lui aussi à contribuer à me sentir mieux tout comme Ethan.

— Il n'y a pas que lui qui m'a aidé. Mike a aussi beaucoup participé. Je ne voulais plus vous voir, car l'ensemble de vos visages me faisait penser à mon papa. Quand je voyais Mike, je ne pensais à rien d'autre. Cela me faisait plaisir d'être enfin moi, sans regard de pitié autour de moi. Je suis vraiment contente de l'avoir rencontré, c'est un chouette gars.

— Certes, c'est un bon gars, mais Ethan te plaît non ? me demande-t-elle avec un sourire mesquin sur le visage.

— Tu es chiante. Pourquoi tout revient à Ethan ? Oui, Ethan me plaît. Mais tu le sais déjà.

— Donc tu es amoureuse de lui ?

— Plus casse-couille que toi, tu meurs ! Oui, je suis amoureuse de lui. Tu es contente ?

— J'en connais un qui va être plus content que moi, me dit-elle en me montrant son téléphone.

Ne comprenant pas ce qu'elle veut me montrer, je m'approche un peu plus de l'écran jusqu'à y voir apparaître le prénom Ethan en plein milieu. Ne me dites pas qu'elle l'a appelé ! Ne me dites pas qu'il était au téléphone tout ce temps ! Ne me dites pas qu'il l'a appris de cette manière !

Cela ne devait pas se passer comme cela. Je devais attendre le moment propice où l'on ne serait que tous les deux pour le lui dire. Je ne voulais pas que cela soit un moment anodin. Je suis une grande romantique dans l'âme et cette déclaration qui ne lui était pas destiné est totalement nul.

— Kate qu'as-tu fait ? crié-je en direction de mon amie qui sourit comme une folle alors que je la fixe méchamment.

Je me précipite instantanément vers la porte de mon appartement pour courir vers sa fraternité. Je dois rattraper tout cela.

L'envol du papillon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant