Chapitre 31

134 21 11
                                    

" Personne ne peut retourner en arrière, mais tout le monde peut aller de l'avant. Et demain, quand le soleil se lèvera, il suffira de se répéter : je vais regarder cette journée comme si c'était la première de ma vie. Paulo Coelho."

En sortant de la voiture de ma mère, je n'ai qu'une envie c'est de rejoindre ma chambre. Le zombie que je suis en ce moment, rentre dans l'appartement tout en se dirigeant presque en courant vers sa pièce, son univers. Kate me regarde passer en essayant de me parler, mais c'est peine perdue. Je ne lui ai pas adressé la parole depuis plus d'un mois et demi maintenant. Je n'ai pas la force de lui répondre ou d'avoir une conversation.

Je suis partie dans ma famille pour les fêtes de fin d'année avec mon frère. Comment dire, c'était de la pure merde en boîte. J'ai passé deux semaines horribles chez moi. Tout le monde n'arrêtait pas de me poser des tas de questions plus débiles les unes que les autres. Est-ce que tu vas bien ? Les cours ça va ? Ce n'est pas trop dur depuis papa ? Non du tout, tout va bien dans le meilleur des mondes, bande d'abrutis !

La plupart du temps, je restais enfermée dans la pièce de mon enfance à pleurer. Je crois que les fêtes de fin d'année vont devenir l'un des moments que je vais le plus redouter. Ce moment où tout le monde se réunit pour manger et partager leur joie tous ensemble. Non, mais franchement ça ne sert à rien Noël si tu ne peux pas avoir ta famille au complet et Nouvel An, je n'en parle même pas. Fêter une nouvelle année et également la première sans mon père, ça ne m'enchantait pas plus que ça. 

En somme, j'avais passé de très mauvaises vacances. Je ne désire que de retrouver mon seul et merveilleux ami qu'est mon lit pour me plonger dedans jusqu'à la fin de ma vie. Et puis, j'ai aussi des partiels qui commencent dans deux jours. Il faudrait que je me replonge dans mes révisions, car je ne suis pas encore sûre d'avoir tout bien appris même si ça fait plus de trois semaines que je suis dessus. J'ai l'impression que la fac nous en demande toujours plus. 

Tout en prenant mes chips et mes paquets de gâteaux aux chocolats, je m'installe sur mon lit en ouvrant mon classeur d'immunologie et je me réjouis de reprendre mes révisions. Depuis un certain temps, je ne fais que manger des chips et d'autres conneries du genre. Le chocolat est devenu mon repas journalier. Je suis prise d'une flemmingite aiguë de me faire à manger. Du coup, l'inévitable est là, j'ai pris un peu de poids ce que toute ma famille n'a pas arrêté de me dire pendant ces fabuleuses vacances. Peut-être qu'un jour, je retrouverai un semblant de motivation à faire la cuisine, mais pour le moment, ce n'est pas le cas. 

Mon portable n'arrête pas de vibrer depuis quelques minutes. Enfin, disons qu'il n'a jamais cessé de sonner même pendant les vacances. Entre Cam qui essayait de me faire sortir de ma chambre par tous les moyens, Ethan qui m'envoyait des messages journaliers, ce qui n'a jamais cessé de faire par ailleurs, Kate qui essayait de reprendre contact et puis Mike qui me racontait des blagues, c'est d'ailleurs ses SMS que j'ai le plus apprécié. Bon, j'avoue que peut-être ceux d'Ethan m'ont touché aussi. 

Mike : Devine quoi, la petite voiture électrique que j'ai achetée pour mon frère est cassé. Je te dois une limonade ! Bien joué devin !

Maylis : Ravie de le savoir. Désolé mais ton frère est vraiment un boulet. Il a fait comment ? 

Mike : La télécommande a indiqué une mauvaise direction à sa voiture et elle a foncé droit sur les escaliers. Forcément ce n'est pas de sa faute donc il m'en réclame une autre. Foutu gosse je te jure :)

Maylis : Va bosser alors :)

Mike : Oui Chef ! 

Je dépose mon téléphone sur ma commode pour me concentrer sur la réplication virale, ce n'est pas comme si j'ai partiel bientôt. Je suis clairement dans la merde avec cette matière. 

Après deux paquets de chips et trois tablettes de chocolat, j'ai enfin réussi à finir de relire mes cours. Je suis plutôt contente de moi-même si j'ai l'impression que cet examen n'est pas gagné d'avance. Espérons que les autres matières pourront relever ma future note catastrophique. 

L'appartement est toujours aussi silencieux, Kate doit être encore de sortie. Je la croise de moins en moins ses temps-ci. D'un côté cela m'arrange, je n'aurais pas à faire face à ses paroles, mais d'un autre elle me manque. C'était quand même une très bonne amie et on aurait pu s'aider pour nos révisions même si l'on ne passe pas le même diplôme. 

Je sais que dans quelques minutes, je vais recevoir le message d'Ethan. Il a pris l'habitude de m'en envoyer un tous les jours vers dix-huit heures. Je ne lui ai jamais répondu, mais j'aime bien l'idée de lire chaque jour ses petits mots. De temps en temps ce sont des blagues, d'autres fois des citations ou alors ses sentiments envers ma situation actuelle. Je me demande bien ce que ça va être aujourd'hui. 

Ethan : Même si tu ne me répondras sans doute jamais, je ne perds pas espoir de recevoir un message de ta part. Cela peut te prendre un mois ou un an, ce n'est pas grave. Je continuerai de t'en envoyer un chaque jour jusqu'à ce que tu finisses par me répondre. Je pense fort à toi, je passerais sans doute dans la soirée pour te voir même si l'on ne se parle pas, ça me va tant que je te vois. " Tu ne peux pas commencer le prochain chapitre de ta vie si tu relis sans cesse le dernier." Bisous !

En le lisant, je ne peux m'empêcher de pleurer en silence. Je ne perds pas une seule seconde et je sors de l'appartement pour me diriger vers la fraternité de mon frère et partiellement celle d'Ethan. 

Le vent souffle bien fort pour un jour de janvier que l'air me fouette le visage. Arrivé devant la porte d'entrée, je frappe en attendant que quelqu'un m'ouvre.  À peine celle-ci entrouverte, j'entre précipitamment dans le bâtiment pour me diriger à l'étage. 

— Doucement petite, s'exclame le garçon qui m'a laissé entrer. 

À ce moment-là, je ne me soucie pas de l'avoir bousculé, j'ai juste envie de le voir. Sa chambre est la deuxième en sortant de l'escalier. Mon corps s'immobilise totalement devant sa porte. Ai-je vraiment envie de le voir ? Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions qu'Ethan apparaît devant moi. Je peux apercevoir tant bien que mal malgré mes larmes, qu'il semble heureux de me voir quoiqu'un peu surpris de ma venue. 

Je me réfugie dans ses bras pour pleurer. Une étrange sensation parcourt mon corps, je me sens comme soulagée comme si un poids avait quitté mon âme. Tout ce qui m'entoure semble avoir disparu, il n'y a que lui et moi enlacé.

— Viens par là May, souffle Ethan dans mon oreille tout en m'invitant à rentrer dans son espace personnel. 

Après avoir fermé la porte, il m'installe dans son lit en recouvrant mon corps de sa couette. Je me sens tellement faible mentalement et physiquement que je me laisse faire. Le stress dû aux révisions, ma course à travers le campus ainsi que mes pleurs incessants m'ont vidé de toute l'énergie qu'il me reste. Ethan s'installe à côté de moi et je me glisse instinctivement dans ses bras pour m'apaiser. 

J'ai la sensation d'être ailleurs, de ne plus être moi-même. Je ne comprends pas vraiment ce qui se passe, mais mes yeux se ferment petit à petit très rapidement contrairement aux autres jours. Je me laisse tomber dans les bras de Morphée avec pour la première fois depuis des mois avec une âme apaisée.

L'envol du papillon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant