Point de vue inconnu

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" Un des plus grands bonheurs de ce monde, c'est l'amitié. Un des bonheurs de l'amitié, c'est d'avoir une personne à qui confier ses secrets."

- Point de vue inconnu -

Je ne pensais pas que cet été, j'aurais appris une telle nouvelle. J'avais pourtant passé d'excellentes vacances. Je m'étais envolé avec des potes à New York, pendant deux semaines. On avait essentiellement découvert la ville, mais aussi participé à des soirées très arrosées dont je me souviendrai toute ma vie. Nos journées se ressemblaient toutes les unes des autres, mais cela m'allait très bien.

On se levait tard à cause de la fête de la veille. Alors notre programme commençait toujours par nous rendre dans le fast-food du centre commercial le plus près de notre logement afin de reprendre des forces. Puis nous allions, soit faire du shopping, soit flâner dans central park ou parcourir les rues de la grande pomme et repérer une boite de nuit pour le soir. C'était la belle vie, des vacances sans prise de tête.

Sauf que maintenant, je me demande ce que ces soirées m'ont vraiment apporté. Je m'amusais, alors que lui partait à la dérive. Si je l'avais su plus tôt, j'aurais peut-être pu l'aider au lieu de danser comme un fou toutes ces nuits. Comment ? Je n'en ai aucune idée, mais j'aurais pu au moins essayer.

Quand je l'ai appris, je n'ai pas su comment réagir. J'étais sous le choc, comme toutes les autres personnes présentes ce jour-là dans cette pièce qui, autrefois, respirait la joie de vivre. J'avais passé tellement de temps ici avec mes amis, à rire et à s'amuser à divers jeux.

Je me rappelle que pas plus tard que l'année dernière, on avait tous joué à un jeu de cartes autour de bières et de rosé. C'était une soirée un peu vieillotte à première vue, mais pas besoin d'en faire des tonnes pour passer un agréable moment ensemble et de se sentir chez soi.

Maintenant, je ne pourrais plus jamais venir ici sans penser à autre chose que cela. Les diverses personnes, présente ce jour-là, pleuraient autour de moi, souffraient en silence, s'enfuyaient dans d'autres pièces pour ne pas nous faire de la peine.

Pour ma part, je ne pouvais pas fuir, car il m'était impossible de bouger. J'étais comme tétanisé sur ce canapé marron dont on voyait très clairement, les marques du temps qui passe. La télévision était allumée en face de moi. Je regardais furtivement le feuilleton du dimanche matin, espérant qu'il me permettrait d'échapper de ce cauchemar.

Je me demandais, comment certaines personnes pouvaient-elles réussir à rester neutres face à ce choc ? Pourtant, je les connaissais et la plupart n'avaient pas ce comportement d'habitude. Elles s'emportaient généralement pour un rien, ce qui nous créait quelques problèmes durant nos soirées. Mais là rien, elles ne donnaient pas signe de vie. Elles étaient comme vide à l'extérieur et sans doute à l'intérieur. Aucune once d'émotion ne passait sur leurs visages, pas même de la tristesse.

Je sentais son regard sur moi, celui que j'évitais en permanence depuis quelques minutes. Je savais qu'elle n'avait pas cessé de m'observer durant toute l'annonce. Elle attendait de voir ma réaction. Elle fut sans doute surprise de ne pas déceler la moindre expression sur mon visage ou de ne pas entendre des paroles crues, comme j'ai l'habitude de dire. Seulement, rien n'a pu sortir de ma bouche, ce jour-là.

Depuis, c'est assez dur de me retrouver en leurs présences. Je ne les évite pas, bien entendu. Cependant, je préfère simplement ne pas m'exprimer et les regarder dans les yeux, de peur qu'ils devinent ce que je pense à propos de tout ça. Je n'avais toujours pas trouvé les bons mots à dire, pourtant cela faisait bien un mois que je le savais.

Je ne trouverais sans doute jamais les mots, m'avait-on dit. Mais un jour, je pourrais très bien exploser et comme le dit mon pote, ça va faire très mal. Pas seulement pour les personnes qui m'entourent, mais surtout pour moi-même. C'est pour ça que je suis régulièrement suivi par quelqu'un.

On m'avait accompagné durant la moitié du processus, mais ce n'était pas assez. C'était très dur émotionnellement d'être là. J'étais comme une coquille vide. Quand je devais me rendre en cours, j'étais dans l'incapacité d'écouter le prof parler. Tout son baratin n'était qu'une futilité.

Mon meilleur ami que je connaissais depuis maintenant trois ans m'avait dit que j'irais mieux plus tard, que pour le moment, j'avais le droit d'être comme je suis. Il ne m'en voulait pas d'être souvent absent quand il m'adressait la parole, alors que d'autres m'avaient insulté de tous les noms. Ils déclaraient que ça ne se faisait pas, que si une personne te parle, tu écoutes. Mais moi, m'avaient-ils écouté ? Seul mon meilleur pote l'avait fait.

Ce mec-là, c'était une perle. Je n'ai connu aucun gars comme lui. C'est celui sur qui vous pouvez compter dans n'importe quelle situation. Il sera toujours derrière moi quoiqu'il arrive, il me l'a montré à maintes reprises. C'est une personne avec énormément de valeurs qui ne veut que le bonheur de tout le monde. Il va toujours vouloir venir en aide à son prochain. Il sait écouter et parler quand il le faut et trouve à chaque fois les bons mots.

Peu de gens seraient prêts à faire ce qu'il fait pour que je me sente mieux, pour me faire rire, notamment en passant son temps à faire des conneries en tout genre et à titiller ses proches. C'est le seul pote qui est capable de me faire sourire alors que dans ma tête, c'est tout le contraire.

La plupart des individus que je connais étaient choqués de mon changement de comportement en leurs présences. J'avais changé, je le savais. C'est assez dur de ne rien laisser paraître aux yeux des autres. Je dois tout surveiller autour de moi, toutes les paroles que je prononce, tous les gestes que je peux faire... Je suis fatigué de jouer la comédie. J'en ai assez !

Je leur ai pourtant dit que j'en avais marre de toute cette mascarade, mais personne ne m'avait écouté. Ils m'avaient tous encouragé à continuer, pour la bonne cause. Je savais que je me devais de rester comme j'étais avant, joyeux, blagueur, emmerdeur avec certaines personnes, mais c'était une torture. Oui, c'est ça le mot que je cherche, j'étais torturé par cette situation.

Depuis que je le sais, je passe mon temps à déprimer dans mon coin. Mes amis essayent de me faire sortir et voir d'autres personnes. Heureusement qu'ils sont présents en m'aidant un peu chaque jour, dans chaque étape. Ma vie en ce moment ressemble à un film dramatique dont je suis l'un des acteurs principaux.


L'envol du papillon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant