Chapitre 8

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"L'important dans la vie, n'est pas où tu es, ni où tu étais, mais bien où tu veux aller. "

La sonnerie stridente et incessante de mon alarme me réveille en sursaut. J'essaye tant bien que mal de me retenir de ne pas le balancer contre le mur. Pourquoi est-il si dur d'ouvrir les yeux après une soirée ? Malheureusement, je dois faire l'effort de mettre mes deux pieds hors du lit. L'heure d'aller à la faculté approche à grands pas et je n'ai pas envie de rater, pour la première fois de ma vie, un cours.

Je file directement dans la salle de bains pour me laver et me débarrasser de cette odeur de cigarette qui me suit depuis hier soir. En rentrant de la fête, il m'était venu à l'esprit de prendre une douche, mais j'avais vite abandonné l'idée vu mon besoin de sommeil et mon état d'ébriété. Je devais me retenir avec mes mains, je n'aurais jamais été capable de me rincer correctement. Je me connais, à tous les coups, je me serais endormie nue sous l'eau chaude, ce qui n'est pas la meilleure des idées.

Suite à ma douche, le zombie qui a pris possession du corps de Melody et moi-même mangeons en silence le maigre petit déjeuner présent sur la table, sans doute préparer par Cameron la veille. Mon cœur balance entre un fond de paquet de céréales et un bout de pain. Melo ne décroche pas un seul mot de tout le repas. De nature très bavarde le matin, j'ai du mal à me contenir. Cependant, la tête de Melody me dissuade d'entamer une discussion sous peine de mourir instantanément. Triste petit déjeuner !

Nous laissons quelques restes pour Kate qui dort profondément au vu de ses ronflements et nous prenons hâtivement la direction de l'université dans l'espoir d'avoir une place au fond de l'amphithéâtre. Après une soirée, ce sont celles qui partent le plus rapidement. En effet, beaucoup d'étudiants viennent dans l'espérance de pouvoir travailler, mais savent qu'à un moment ou à un autre, ils vont finir par somnoler. Je suis persuadée que cela va être mon cas aujourd'hui vu la barre de fatigue que j'ai à la tête.

Ce n'est que quelques secondes après que le prof entame son charabia que je m'endors profondément. Malheureusement pour moi, il n'a été que de courte durée. Ma charmante voisine et amie décide pour la première fois de la journée de m'adresser la parole. Je la fusille du regard tandis qu'elle commence à s'excuser pour son comportement au début de la matinée Changement d'avis, je la préfère quand elle ne bavarde pas en fin de compte.

— Désolé de te réveiller Maylis, je voulais juste me faire pardonner pour tout à l'heure. Comme tu as pu le remarquer, je ne suis pas particulièrement de bonne humeur le matin. Et s'il y a bien une chose qui m'agace, c'est quand une personne parle avant que je me sois totalement éveillée.

— Ne t'inquiète pas, j'avais bien compris, tu aurais pu me tuer rien qu'avec ton regard, marmonné-je en essayant d'ouvrir les yeux.

— C'est possible, plaisante-t-elle en souriant. Cette conférence est d'un ennui, je me demande ce que je fais là.

Je me redresse pour pouvoir lui parler correctement et faire ainsi semblant d'écouter la leçon.

— Tu n'aimes pas le droit ? m'informé-je curieuse de connaître sa réponse.

— Non, pas vraiment. Certains cours sont intéressants, mais d'autres, pas du tout. Ma seule motivation à vouloir étudier le droit, c'est l'argent que l'on peut gagner à la fin, m'avoue Melo.

— Tu aurais dû prendre médecine alors.

— Impossible, la vue du sang me terrorise ! Sinon, tu devines que j'aurai choisi cette dominante. Et toi, pourquoi le droit ?

C'est une très bonne question que je me suis longuement posée avant de proposer ma candidature à l'université. Melody sera l'une des premières avec Kaitlyn à avoir ma vraie réponse et pas celle que j'ai fabriquée de toute pièce pour faire plaisir à mon entourage.

— Je ne sais pas trop. Ma mère travaille dans ce domaine en tant qu'avocate. Quand elle en parlait, le peu de temps où elle était à la maison, ça semblait tellement cool d'être membre du barreau. D'un côté, tu peux t'en prendre plein la tête par la partie adverse, mais d'un autre, tu peux avoir la satisfaction d'avoir fait le bien en sauvant un innocent de la prison par exemple. Il y a tellement de possibilités d'affaires, qu'il n'y a presque pas de routine contrairement à la plupart des métiers. Je me suis dit que je pourrais être tout autant passionné qu'elle.

— Et du coup, c'est le cas ?

— Je ne peux pas vraiment te répondre. Ça ne fait qu'un jour qu'on est entré à l'université. Comme le prof l'a énoncé dans sa présentation, on a encore deux semaines pour se décider si l'on veut changer de domaine. Je me suis inscrite ici un peu par défaut, je vais voir si la formation m'intéresse, sinon je m'orienterais ailleurs, mais je m'informerais avant pour ne pas reproduire la même erreur.

— Pour résumé, tu l'as fait pour faire plaisir à ta mère, je présume ?

J'acquiesce en silence tandis que le maître de conférences hausse la voix pour réveiller tous les étudiants sans doute encore bourrés de la veille, ce qui marche à merveille. Cette conversation m'a fait comme une piqûre de rappel, si je souhaite connaître ce que je veux faire plus tard, je ne le saurais pas en dormant. Durant toute la suite du cours, je me concentre de toute mes forces pour essayer d'avoir un chapitre qui ressemble à quelque chose.

À la fin, je suis plutôt fière de moi, il ne restera qu'à ajouter quelques couleurs pour égayer mes notes et me donner envie de le relire et tout sera parfait. Je dispose mon bloc-notes dans mon sac à main noir tandis que Melody s'affaire à ranger son grand ordinateur dans sa petite pochette pailletée. J'en connais une qui a dû se tromper dans la taille.

— Est-ce que ça te branche d'aller faire du shopping cet après-midi avec moi avant le prochain cours ? J'en parlerais à Kate, elle aura peut-être envie de venir, me propose Melo tout en soupirant une dernière fois après avoir réussi à fermer son étui.

— Oui pourquoi pas ! Je te redis ça après avoir mangé. Je pourrais avaler tout ce que l'on me suggère tellement je suis affamée.

— D'accord, pas de soucis. À toute, c'est l'heure de ma sieste post-soirée. Bisous, s'empresse Melo en sortant de l'amphithéâtre dès que le professeur annonce officiellement la fin de sa conférence.

Quant à moi, je me dirige vers mon appartement pour me préparer un repas digne de Top chef que je serais, malheureusement, seule à apprécier. Kate ne devrait pas être là d'après ce qu'elle m'a raconté hier soir. Un rendez-vous important avec un garçon à ce qu'il paraît.

Les restes de son petit déjeuner traînent sur la table, apparemment le réveil a été dur pour tout le monde. Je pose mes affaires sur le canapé sur lequel se trouve la maigre couette rose que Kate a prêtée à Melody pour la nuit et je m'apprête à me faire des pâtes au beurre. C'est sans doute le seul repas que je suis capable de faire sans faire brûler quelque chose.

Je suis la pire des cuisinières qui puisse exister sur Terre, même si tout bien réfléchi, Kate doit avoir un niveau semblable au mien à mon plus grand désespoir. J'aurais peut-être dû me mettre en colocation avec un apprenti cuistot, cela m'aura bien été utile.

C'est à ce moment-là que je me rends compte que mes parents et leur délicieux repas vont atrocement me manquer. Entre les gâteaux préparés par mon père quand il était à la maison et les petits plats de ma mère, je n'avais pas à me plaindre. Et puis, lorsqu'ils n'étaient pas là, c'était les parents de Kaitlyn qui prenaient le relais. Mon Dieu, pourquoi n'ai-je pas hérité de tous les talents ? Le gène a dû sauter une génération.

Pendant que mon eau bout, je vais rentabiliser mon temps pour appeler mon père puis ma mère pour essayer de soutirer quelques recettes afin de me sortir de mes fameuses pâtes au beurre.

L'envol du papillon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant