Chapitre 10

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« Une famille, c'est cela : quelques personnes qui s'aiment bien et se le répètent, à chaque instant, par des petites attentions, des taquineries, une voix tendre .... »

Je m'empresse de jeter un coup d'œil rapide à mon téléphone sous les regards curieux de mes parents.

Cam : Dans 10 minutes au terrain de basket. Magne-toi les fesses, la lente !

Maylis : La lente fait ce qu'elle veut quand elle veut et à la vitesse qu'elle veut. Cordialement, ta sœur adorée. Et pourquoi au terrain de basket ?

Cam : Je viendrais te chercher par la peau des fesses alors. Pour faire du sport banane ! Tu n'es vraiment pas fute-fute comme fille. C'est désespérant ..

Maylis : J'avais dit à Melody que j'irais faire du shopping avec elle et Kate. Connard !!

Cam : Ce n'est pas mon problème, je t'attends. Je t'aime aussi :)

Mon frère est ce genre de garçon qui exige tout, tout de suite, et il n'y a aucun moyen de négocier. C'était déjà la même chose quand il était plus petit et cela ne s'est pas arrangé en grandissant.

Je me souviendrais toute ma vie de cet instant où il a débarqué avec une lampe torche dans le cinéma où je me trouvais avec mes copines de lycée. Il n'a pas arrêté de crier mon prénom et a s'agiter comme s'il était possédé par le fruit du démon. Le plus grand moment de solitude de toute mon existence. Quand il a fini par me repérer, toute la salle avait les yeux rivés sur nous et il m'a tiré sur le bras pour m'amener en dehors du bâtiment. Monsieur m'avait fait tout ce cirque juste pour des chaussures. Ne sachant pas quelles paires prendre pour son rendez-vous galant, il souhaitait avoir l'avis aiguisé de sa petite sœur chérie.

Grâce à mes conseils en matière de chaussures, il avait réussi à sortir avec la fille en question et cela m'a coûté une place de cinéma, car je ne suis jamais revenue dans la salle après cet épisode de honte intersidérale.

Suite à son message qu'il mettra sans doute en application si je n'arrive pas à temps au terrain de basket, je me dépêche de mettre fin à la discussion avec mes parents en leur disant que leur fils m'exige au plus vite. Habitués au caprice de Cameron, ils rigolent de bon cœur avant de m'adresser un dernier bisou virtuel et clore la conversation.

Il ne me reste plus qu'une chose à faire avant de m'en aller, mise à part me changer en pseudo sportive, est de prévenir Melody que je ne peux malheureusement pas venir faire une session de shopping avec elle et Kate cet après-midi. Connaissant mon frère, on ne partira pas du terrain tant que je n'aurais pas mis un certain nombre de paniers, ce qui risque de prendre jusqu'au coucher du soleil vu ma faculté avec les balles.

J'espère qu'elle ne le prendra pas mal, car refuser au dernier moment est un peu malvenu.

Maylis : Désolée je ne peux pas pour cette aprèm, je dois aller voir mon frère... On se refait ça une prochaine fois ?

Melody : Pas de soucis, j'irais dénicher de pures pépites avec Kate. Tu seras jalouse de nos tenues !

Maylis : Je le suis d'avance. J'aurais préféré venir avec vous plutôt que d'aller jouer au basket. On se ferait une autre sortie shopping ensemble ;)

Melody : C'est pour ça que je suis ravie d'être fille unique. Bonne chance !

J'enfile rapidement mon jogging du dimanche et un tee-shirt de sport puis je sors à toute vitesse de l'appartement. Quand j'arrive sur le terrain, mon frère m'attend sagement avec un ballon et s'entraîne à faire des lancers tel un professionnel.

Je ne suis pas étonnée de voir que Cam n'en rate pas un. Il adore jouer au basket depuis qu'il est tout jeune. Il en a fait en club, mais l'ambiance compétition même au sein de l'équipe ne lui a pas plu ce pour quoi il n'a pas continué. Au lieu de ça, il s'entraînait avec ses copains dans le terrain qui se trouvait proche de notre maison. Il n'a jamais abandonné sa passion.

— Les parents auraient dû t'appeler tortue à la place de Maylis. Enfiler un jogging, c'est compliqué ?

— Être gentil, c'est compliqué ? riposté-je d'une voix détachée.

— On s'améliore à ce que je vois, le mot connard n'est plus le seul à faire partie de ton vocabulaire.

— Tu m'énerves ! On joue ?

Mon frère m'envoie la balle d'une force presque surhumaine, que le choc me fait atterrir le cul par terre. Je n'ai même pas le temps de réaliser ce qui vient de se produire que ce couillon rigole à gorge déployée. Quel abruti ! Je lui adresse un regard foudroyant qui augmente la profondeur de son rire et enclenche le mien. J'aurais une jolie marque sur les fesses demain.

Après tout un tas de théorie sur le comment bien lancer son ballon pour réussir à marquer des paniers, vient la pratique. Cependant même si cela me semble facile, je reviens vite à la réalité quand aucun de mes lancers n'est réussi et que mon frère ne fait que m'engueuler. Le fait de le voir agiter ses bras dans tous les sens m'angoisse au plus haut point. Il ne peut pas arrêter de s'exciter cinq minutes pour me laisser me concentrer.

— Comment veux-tu y arriver ? Regarde-moi la position de tes mains sur le ballon. C'est une catastrophe !

— C'est bon, je ne peux pas tout comprendre du premier coup comme toi monsieur-je-sais-tout, répliqué-je en lui donnant la balle avec le peu de force que j'ai dans les bras.

— Je sais, mais je pensais que tu avais un peu de mon sang dans tes veines. Je ne veux pas que notre nom de famille soit terni à cause de toi.

Mon visage se défigure. Comment ose-t-il me dire ce genre de chose ? Profondément vexée par ses paroles, je prends mon sac à main avec hâte et me dirige vers les barrières qui encerclent le terrain.

— Reviens Maylis ! crie-t-il avant de me prendre par le bras afin de me retourner vers lui. Je te parle du bière-pong. J'ai une certaine réputation donc tu dois l'avoir toi aussi. Tu ne peux pas gâcher mes efforts dès tes premiers jours à l'université en jouant aussi mal. Je ne le cautionne pas donc il faut que tu t'améliores pour la prochaine fois.

— Merci de penser qu'à ta réputation, grand frère. Si ce n'est que ça, je ne jouerai plus à ce jeu et on en parle plus.

J'essaye de me débattre de sa grosse main posée sur moi, mais il renforce sa prise avant de reprendre la parole.

— Tu y rejoueras forcément un jour alors apprend au lieu de parler. Et surtout, par pitié, concentre-toi.

Je sais qu'au fond de lui, ce n'est pas pour sa réputation qu'il m'aide, mais plus pour me sauver du nombre incalculable de verres d'alcool que je vais devoir boire si je n'arrive pas à rentrer une seule balle dans un gobelet. Mon frère est très protecteur envers moi, même s'il ne l'avouera jamais. Je le laisse dire ce qu'il veut même si je sais pertinemment qu'il me raconte des salades. Cependant, je ne cautionne pas ces paroles plus que blessantes à mon égard.

Après quelques lancers réussis et des accolades avec Cameron, celui-ci m'informe qu'il a invité ses amis à nous rejoindre dans peu de temps.

L'envol du papillon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant