Chapitre 9

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" La famille : Comme les branches d'un arbre nous grandissons tous dans différentes directions mais nos racines ne font qu'un..."

J'ai à peine lancé la conversation vidéo que mon père décroche sur le champ, à croire qu'il n'attendait que mon appel ou peut-être celui d'un de ses clients.

— Ma puce, s'exclame-t-il avec le sourire aux lèvres. Est-ce que tu vas bien ? Comment cela se passe-t-il à l'université ?

— Bonjour à toi aussi papa, tout va très bien et toi ? Vous me manquez, toi et maman. C'est assez étrange de vivre sans vous et de ne plus manger vos plats, soupiré-je avec un air mélancolique tout en regardant le décor fleuri présent derrière mon père qui me rappelle drôlement la chambre de mes parents.

Les premiers jours à l'appartement ont été un peu difficiles. Je n'ai jamais eu vraiment l'habitude de me retrouver seule. Quand j'étais petite, ils n'étaient pas souvent à la maison, mais il y avait toujours mon frère ou même les parents de Kaitlyn qui nous surveillaient. Me faire à manger est sans doute la tâche qui me donne le plus de soucis. Entre les pâtes et les pâtes, le choix de nos repas est assez réduit dans la colocation. Vivement que je trouve des recettes qui sont adaptées à ma maigre compétence en cuisine.

— Hier soir, j'ai été à ma première fête étudiante avec Kate, d'où ma tête de fatiguée, précisé-je pour éviter qu'il s'inquiète face à mes imposants cernes.

— Je vois ça, mais tu restes mimi quand même. Elle était bien ta soirée ?

Mon père tente de me rassurer, mais je sais que je suis loin d'être la plus belle surtout après avoir bu énormément. C'est un comportement qui ne me ressemble pas, mais comme à son habitude il ne m'en tient pas rigueur. Il a toujours été partisan de la méthode : je laisse mon enfant décider de ses expériences, car ce n'est pas en l'interdisant de picoler ou de fumer que ça va l'empêcher de le faire, c'est même tout le contraire. Et en tenant compte de l'expression de ses yeux fatigués et de son large sourire, il est bien content de me voir aussi mal sans doute certain que cela me servira de leçon pour plus tard.

— Moyennement. Je n'étais pas très emballée à l'idée d'y aller, mais Kate et une fille que j'ai rencontrée dans ma promo m'ont supplié de venir. L'ambiance était sympa, réponds-je sans plus de détails ce qui ne fait qu'agrandir les fossettes de mon père.

— Ma pauvre choupette, ça se voit que tu n'es pas étudiante depuis longtemps. Si jamais, on t'implore de te rendre à d'autres soirées, sache que la plupart des jeunes dorment un peu avant la fête pour rester éveiller toute la nuit, c'est un conseil d'un ancien fêtard.

— Merci grand sage pour ta recommandation. J'en prends note même si je ne souhaite pas réitérer l'expérience de sitôt, plaisanté-je en me remémorant mon moment de honte devant le pote de Cameron.

— Cameron était présent à cette soirée au moins ? Il ne t'a pas laissée toute seule ? intervient-il en me sortant de ma rêverie.

De temps en temps, j'ai comme l'impression qu'il s'immisce dans ma tête et qu'il a accès à toutes mes pensées. Vraiment très étrange, cette sensation.

— Non, il était bien là à me chaperonner de loin et surtout de près. Il nous a même ramenées pour nous éviter de rentrer non accompagnés en pleine nuit.

— Parfait, je savais que je pouvais compter sur lui, murmure-t-il d'une voix apaisée. Il peut être gentil avec toi quand il veut ce petit. Tu souhaites parler avec ta mère ?

Ma mère ? Elle n'est pas censée être à des kilomètres de lui en ce moment. Tout s'embrouille dans ma tête jusqu'au moment où je la vois apparaître à ses côtés. Les bras m'en tombent, je ne comprends plus rien à ce qui se passe. Devant mon air ahuri, elle me fait un signe de la main auquel je réponds timidement.

— Maylis, ma chérie, tu vas bien ? me demande-t-elle avec un sourire radieux qui illumine son visage.

— Je suis un peu confuse. Comment cela se fait-il que vous soyez ensemble ? Papa, tu ne devrais pas être en voyage d'affaires pour aider un de tes clients et toi maman, tu ne devrais pas être à l'autre bout du pays ?

Face à mon expression perdue, mon père reprend très vite la parole pour me rassurer.

— Pour une fois que nos monstres ne sont plus dans nos pattes, nous avons tous les deux pris des jours de congé pour qu'on en profite avant de poursuivre le travail.

Je le stoppe presque instantanément ne voulant pas savoir comment ils savourent leur nouvelle vie sans leurs enfants. J'ai une idée très claire et précise de leur activité qui me traverse l'esprit. Comprenant assez rapidement mes gestes, ma mère continue alors la conversation.

— Comment s'est passée ta première journée de cours ? Que penses-tu du droit ? Cela te plaît ?

— Tu poses trop de questions à la fois, maman, réponds-je en lui coupant la parole. Bien et je ne sais pas pour l'instant. Les seuls cours que j'ai eus ne m'ont pas paru très intéressants.

— Tu peux toujours changer de filière si jamais ça ne te correspond pas ? s'inquiète ma mère.

— Nous avons deux semaines pour procéder à une demande de changement de formation d'après ce que j'ai compris.

— Cela ne te laisse pas énormément de temps pour te décider. Informe-toi plus sur les cursus que peut proposer l'université et surtout ceux qui pourront te plaire.

— Je vais faire ça. J'espère que tu ne m'en veux pas, marmonné-je un peu honteuse, mais tellement soulagée que ma mère le prenne ainsi.

— Pourquoi est-ce que je t'en voudrais, ma puce ? Il vaut mieux que tu fasses quelque chose que tu aimes. Je savais que tu allais dans la faculté de droit parce que c'est un domaine dont tu as déjà entendu parler et non parce qu'il t'intéresse véritablement. Mais n'attends pas pour te renseigner par contre. Deux semaines, cela passe très vite.

C'est vrai que je n'ai pas pris le temps de m'informer correctement sur ce que l'université pouvait me proposer en termes de formation et je le regrette un peu. Cependant, ce qui est fait est fait et je ne pourrais pas revenir en arrière.

Le cours de la conversation dévie du tout au tout, car j'essaye de leur soutirer quelques recettes faciles à préparer qui me changeraient de mes pâtes que je mange depuis deux jours. Je suis une fille qui se lasse très vite, j'ai toujours besoin de nouveauté. Quand ils m'avouent enfin leur recette secrète de gratin à la courgette, je sens soudainement mon portable vibrer sur la table. Cela me provoque instantanément un sursaut et nous interrompt par la même occasion.

L'envol du papillon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant