Chapitre 27

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"Les vrais amis viennent dans les bons moments quand on les appelle et dans les mauvais moment, ils viennent d'eux-même."

Entre mes pleurs et mes cauchemars, on peut dire que j'ai passé une nuit très calme et pas du tout agitée. C'est exactement ce qu'il me fallait en ce moment, une bonne nuit à me repasser différentes scènes sans cesse. En somme, j'ai passé une nuit de merde comme toutes les autres depuis quelque temps. 

Je me suis posée énormément de questions cette nuit, sur mon comportement envers Kate notamment. Je suis certes encore en colère contre elle, mais elle ne mérite pas mes paroles violentes. Elle a toujours été là quand j'avais besoin d'elle surtout en ce moment, mais je ne fais que de la repousser. Je suis comme ça, une fille un peu chiante, quand une personne veut m'aider, je l'éloigne de moi pourtant au fond de mon être ça me fait très plaisir. À croire que je veux tester l'amitié des gens jusqu'au bout. 

Du coup, j'ai décidé de me montrer un peu plus amicale envers Kaitlyn. Je vais déjeuner avec elle, c'est déjà un bon point de départ. Après me voir dès le matin n'est pas un cadeau, car d'habitude, je suis ronchon, mais ces temps-ci, c'est pire que j'ai du mal à me supporter. 

Je sors de ma chambre en pyjama et me dirige vers notre cuisine où je retrouve Kate, qui se prépare un café. 

— Salut, lui dis-je pour lui indiquer ma présence, car celle-ci se trouve de dos. 

— Hum, me répond-elle et part instantanément se réfugier dans sa chambre sans même m'adresser un regard. 

C'est le monde à l'envers, je fais pour la première fois depuis des jours, un pas vers elle pour engager une discussion qu'elle s'en va et m'ignore totalement. Je suis profondément déçue et triste de me sentir rejeté par mon amie d'enfance. Mais d'un côté, en revoyant le canapé, je les revois tous les deux hier soir assoupis l'un sur l'autre et je me demande pourquoi j'ai décidé de lui adresser la parole ce matin. Elle ne mérite pas que je gaspille de la salive. Ce n'est qu'une traîtresse. Je pourrais aller le dire à Guilhem et mettre le bazar dans leur couple, mais je ne suis pas comme ça. Au fin fond de moi, j'espère trouver une raison à ce que j'ai vu hier même si j'ai d'énormes doutes. 

Je me suis de meilleure humeur par rapport aux autres jours même si ce n'est pas exactement le bon terme. Je me sens moins enragée contre tout le monde serait plus appropriée. J'ai besoin de parler, de me confier à une amie que j'appelle Mélo que je n'ai pas vu depuis un certain temps maintenant. 

— Allô, me dit-elle au téléphone. 

— Salut, c'est Maylis, tu vas bien ? demandé-je. 

— Je sais que c'est toi, ton nom s'est affiché sur mon téléphone, me répond-elle avec un petit rire discret. Oui ça va. Désolé si je ne te retourne pas la question. 

Bizarrement, je ne sais que répondre après sa dernière phrase. C'est bien la première personne qui sait ce qu'il m'arrive, mais qui ne me pose pas cette stupide question auquel je n'ai pas de réponse. 

— Je voulais juste savoir si tu voulais qu'on se voie, murmuré-je avec une petite voix.

— Désolé poulette, je ne pourrais pas pour les prochaines semaines. J'ai trouvé un stage chez un avocat à l'autre bout de la ville. C'est super important pour moi et pour mon avenir. Je suis vraiment désolé. 

— Je comprends.. 

Au final, la seule personne à qui j'ai envie de parler dans mon groupe d'amis ne peut pas. Qu'est-ce que j'ai fais pour mériter cet acharnement sur ma personne ? Mon père est mort depuis une bonne semaine et je n'ai absolument personne à qui parler, mise à part Mike. Je me sens bien seule. Ma profonde tristesse resurgit de nulle part et de nombreuses larmes se déversent sur mon visage. J'essaye de cacher tant bien que mal mon déluge de pleurs pour ne pas inquiéter Melody. 

— Maylis, ne pleure pas s'il te plaît. Je ne sais vraiment pas quoi faire, pas quoi dire pour te remonter le moral. 

— Rien ne pourra me remonter le moral ! crié-je de douleur, de haine envers le monde entier. Je dois te laisser, j'ai plein de choses à faire. Pleurer est l'une de mes occupations préférées ces derniers temps. 

— Maylis attend....

Je raccroche avant qu'elle ne me dise autre chose.  Je pleure de plus belle. Ma meilleure amie ne veut plus m'adresser la parole et l'autre est trop occupé pour me parler, c'est en somme une plutôt bonne journée. J'aurais vraiment dû rester au lit. En voulant ranger mon téléphone dans mon sac à main, je m'aperçois que j'ai un message non lu d'Ethan. 

Ethan : Je suppose que tu ne vas pas le lire, mais qui ne tente rien n'a rien. Je voulais juste te demander si ça te disait d'aller au parc, ou au cinéma. Comme tu veux, c'est toi qui décides. On pourrait repartir sur de bonne base. J'espère sincèrement que tu me répondras. Sinon tu peux toujours me trouver à la bibliothèque. Bisous Ethan. 

En effet, il suppose bien, qu'est-ce que j'irais faire avec lui au parc ou même au cinéma ? Il n'a qu'à demander Kate. Il n'y a pas si longtemps que ça, j'aurais été ravie de partager mon temps avec lui. On s'était beaucoup rapproché quand j'essayais de remonter le moral à mon frère. Tu m'étonnes qu'il n'était pas bien et moi qui vivais dans l'ignorance totale à ce moment-là. 

On avait déjà été au cinéma voir un film d'action, mais on était aussi en compagnie de mon frère. Toutes les journées que j'avais pu passer avec lui, mon frère était aussi de la partie. C'est la première fois qu'Ethan me propose d'y aller rien qu'avec lui. Mais si c'est pour m'annoncer que Kate lui plaît ou pire que ça, qu'ils sont en couple, ce n'est pas la peine. 

Maylis : Non, tu peux aller te mettre ton invitation où je pense ! 

Ethan : Tant pis pour toi, je ressayerai demain. Tu seras peut-être de meilleure humeur. 

Maylis : Je ne pense pas, alors évite de te fatiguer à m'écrire, je ne te répondrai pas.

Ethan: Je fais ce que je veux quand je veux, non ? Ça ne te dit rien ?

Son message aurait pu m'énerver, mais au contraire, je me retrouve à sourire toute seule face à mon satané téléphone. Je l'ai bien mérité, je l'avoue. Je le déteste comment fait-il pour réussir à me mettre en rogne puis à me rendre mon sourire en l'espace de quelques secondes ?

Maylis : Gamin !

Ethan : C'est toi qui as commencé !

Maylis : C'est bien ce que je dis, tu n'es qu'un gamin. 

Ethan : Je le vis très bien. À demain May. Passe une bonne journée. Bisous. 

Je ne prends pas la peine de lui répondre. Ses âneries ont eu raison de moi, mon sourire me fait mal que je me remets à pleurer. Pourquoi je me suis attachée à lui, pourquoi s'est-il rapproché de mon amie, pourquoi suis-je comme ça ? 

Maylis : Salut Mike, tu vas bien ? Je ne sais pas trop quoi faire de ma journée en ce week-end maussade, ça te tente d'aller voir un film au cinéma avant que tu démarres ton service ? 

L'envol du papillon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant