Chapitre 24

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Alors que Theo pagaie de nouveau seul après que je l'ai un court temps aidé, je m'amuse à l'observer à l'action. Il a passé la journée torse nu malgré que le soleil tape fort depuis environ 11 heures du matin et n'a même pas de coups de soleil. Tandis que lui reviendra le teint hâlé moi je sens déjà mes joues et mes bras me brûler.

— Le meilleur moment ce sera quand tu pèleras, s'esclaffe-t-il gaiement après que je lui ai fait part de ma réflexion.

Je grimace. C'est tellement injuste.

L'ambiance avec Theo est toujours bonne enfant pourtant plus nous avançons, plus les battements de mon cœur s'accélèrent. Je redoute le moment où nous arriverons et seront de nouveau confrontés au monde extérieur. Notre saut quelques années en arrière, qui aura duré la plus grande partie de la journée s'apprête à prendre fin. Je pousse un soupir langoureux.

— Je ne veux pas que ce moment s'arrête...

Theo lève les yeux vers moi et m'adresse un léger sourire. Lui aussi redoute ce moment visiblement... C'est pourtant inévitable. Soudain j'ai une idée.

— Peux-tu me passer le plan derrière toi ? 

Il me confie sa pagaie en insistant bien sur le fait que je ne dois les lâcher pour aucun prétexte. A cet instant précis plus que jamais je sens que je n'ai plus 19 ans mais dix de moins quand il me parlait comme s'il était mon grand frère. Il le faisait tellement à l'époque ! Adolescents il continuait un peu mais beaucoup moins, nous étions plus complices mais lui était moins protecteur envers moi. Sûrement avait-il peur de remplacer le rôle d'un petit ami...

— La voilà, s'exclame-t-il en me tendant le plan.

John a repassé au feutre rouge le chemin que nous devons prendre. Difficile de se planter, pourtant je sens que nous prendrons la mauvaise direction...

Je ne dis rien à Theo et commence à somnoler sur le bateau, le plan à la main. Je sens que mes pensées s'emmêlent tout à coup et n'arrive plus à me souvenir où je suis.

— Réveille-toi princesse, j'ai besoin que tu me lises le plan.

J'ouvre doucement les paupières et souris à la vue de Theo qui continue de pagayer.  Je me demande bien comment j'ai pu réussir à dormir sur un si petit bateau.

J'ouvre à nouveau le plan de façon à indiquer le bon chemin à mon ami.

— Je vais t'aider parce qu'on va devoir tourner juste là, lui dis-je en pointant du doigt la direction dans laquelle je veux que nous allions.

Je pose le plan et me replace de façon à pouvoir pagayer, soit dos à lui. Nous passons quelques minutes difficiles à naviguer à contre courant puis cela devient plus calme.

— Tu nous as fait passé par le mauvais chemin, devine Theo tandis que je ne prononçais mot.

Je me mets à rire sans pouvoir m'arrêter. Je me doutais qu'il comprendrait mais de l'entendre le dire est encore plus hilarant.

— Carrie, me réprimande-t-il face à mon silence.

Je ne réponds rien et lui n'insiste pas. J'ai la certitude qu'il est heureux de mon initiative. Alors qu'en prenant l'autre chemin nous serions arrivés d'ici une petite demi-heure, là nous sommes partis pour au moins deux à trois heures de plus, à ma plus grande satisfaction.

— Par contre maintenant interdiction de te reposer sur moi, tu prolonges le chemin et tu assumes ! me taquine Theo alors que je ralentissais la cadence.

Je ne sais pas si mon idée était réellement du génie finalement car je sens que l'un comme l'autre sommes épuisés.

— Comment peux-tu être fatiguée alors que j'ai pagayé seul pendant la moitié de la journée ? se moque-t-il alors que je soupirais.

Surprise : Je t'aime ! [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant