Chapitre 30

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Depuis l'autre soir, c'est-à-dire il y a trois jours, Alia ne m'adresse plus un mot. Nous cohabitons toujours dans notre petit appartement, mais malgré tout sans échanger un seul regard l'une envers l'autre, ni aucune parole. Finalement je préférerais presque le fait de ne plus la voir, car être confrontée à son ignorance et son indifférence est pire que tout.

Ce matin nous déjeunons simultanément, mais toujours en s'évitant. Alia a simplement sorti ce dont elle avait besoin et l'a ingurgité en un temps record et quant à moi je suis volontairement allée dans une autre pièce. Oui, moi aussi je la fuis car je lui en veux. Je lui accorde que me parler à propos de ce que j'ai découvert pouvait être effrayant, mais réagir ainsi ! C'est si immature et cela ne lui ressemble tellement pas ! Parfois j'ai l'impression que sans nous en rendre compte, nous sommes devenues l'une pour l'autre des inconnues. Aujourd'hui il n'y a plus aucun doute là-dessus mais je soupçonne qu'avant que j'ai découvert la vérité, la distance s'insinuait déjà entre nous.

Je m'apprête à franchir la porte d'entrée avec toutefois un pincement au cœur. Je vais manger ce midi avec Theo et ses parents comme au bon vieux temps et Alia et moi avions prévu de faire les boutiques la matinée précédant le repas. Étant donné notre dispute j'ai prévenu mon patron que je pouvais faire des heures au café ce matin mais je peux encore annuler.

— Tu n'as toujours rien à me dire ? l'apostrophé-je prête à partir.

Je n'entends aucune réponse, comme toujours. Tant pis, je n'irais pas courir après quelqu'un qui ne veut pas de moi. Je ferme la porte énergiquement et vais en direction de mon lieu de travail.

Avant d'arriver je prie silencieusement pour que je n'aie aucune minute de repos, ce qui m'empêcherai de réfléchir, et heureusement c'est le cas. Après trois heures infernales, je peux enfin rentrer me préparer pour le repas qui m'attend.

Je reste un moment en sous-vêtements devant mon placard à hésiter sur ma tenue. Marcus et Shirley, les parents de Theo, ont toujours été une seconde famille pour moi, alors je ne veux pas les décevoir après tout ce temps. J'enfile finalement une jupe crayon noire que je n'ai encore jamais porté ainsi qu'un top bordeaux. Plutôt heureuse du résultat, je mets enfin mes escarpins noirs qui me font gagner quelques centimètres et affinent mes jambes. Je regarde si le maquillage et la coiffure que j'ai réalisés ce matin tiennent encore et c'est le cas. Fin prête, je sors de l'appartement.

Theo n'habite pas la porte à côté. Il faut que je traverse la ville en taxi pour pouvoir enfin apercevoir sa petite maison. Je descends du véhicule avec la hâte d'une petite fille. Une minute après avoir sonné, la porte s'ouvre sur mon meilleur ami qui, en m'apercevant semble légèrement déboussolé.

— Tu es magnifique, princesse, me complimente-t-il avant de m'enlacer, un tantinet hésitant.

Je ressens comme une décharge dans toute la colonne à son contact en plus de mes joues rougies par son compliment. Lorsque je me détache de lui, j'en profite pour l'observer de la tête aux pieds. Theo a toujours dégagé une espèce de charme. Quand nous étions plus jeunes je me souviens que la plupart des filles, moi y compris, craquaient pour lui. Ici c'est moins le cas, car si son espèce de nonchalance plaisait à tout va, là elle peut lui donner un look d'adolescent attardé. Cependant, aujourd'hui fait la différence. Vêtu d'un jean et d'une chemise bleu ciel lui donnant cet air à la fois élégant et décontracté, cela change des tee-shirts ou polo quoique sexy la plupart du temps. Ses cheveux blonds, d'ordinaire en bataille sont aujourd'hui parfaitement coiffés à l'aide d'une pointe de gel. Il n'a habituellement pas besoin de grand chose pour être attirant mais je sens qu'aujourd'hui mon hôte a tenté de faire un effort et ça lui va divinement bien.

Theo me fait rapidement visiter les lieux avant que nous retrouvions ses parents dans la cuisine en train de finir le plat qu'ils m'ont préparé. Je suis émerveillée de découvrir qu'ils ont toujours les mêmes meubles qu'autrefois. Lorsque Theo était parti de la maison dans laquelle je l'avais toujours connu, j'avais eu l'occasion de voir ce qu'en avait fait les nouveaux propriétaires et cela m'avait conforté dans l'idée que mon meilleur ami, sa famille et leur environnement avaient disparus pour de bon.

Surprise : Je t'aime ! [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant