Répulsion

2. Retour de vacances

GAVIN

Je noue ma cravate en me fixant dans la glace. Puis un soupir lourd de tension perce l'air. Il faut dire que dans ce miroir, je n'y vois qu'un homme ayant les cheveux bruns, des yeux bleu clair, dont l'un d'eux à une tâche marron ainsi qu'un menton parfaitement rasé. Le look de vacancier qui prend ses aises commençait vraiment à se voir, j'ai opté pour tout raser au lieu de laisser pousser ma barbe.

- Bridget, je te jure que je suis à l'heure, il doit y avoir Rick qui m'attend en bas.

- L'heure c'est l'heure ! tonne-t-elle stressée.

Je sourie brièvement en baissant la tête, fais demi-tour en attrapant ma veste de costume bleu marine sur le dossier de ma chaise et je descends les escaliers en verre pour passer du deuxième étage au rez-de-chaussée. Ayant toutes mes affaires que je check avec Bridget au téléphone, je verrouille ma porte d'entrée et trouve directement mon chauffeur.

- Je viens de sortir de chez moi.

- Tu as intérêt !

- Tu es angoissée, pas vrai ?

- Mazette de mazoute ! Comme à chaque fois que tu te pointes au dernier moment !

- Mais je suis toujours à l'heure, pas vrai ? Bonsoir Rick, salué-je en m'installant sur la banquette arrière.

- Bonsoir, répond-il ravit de me revoir.

Il ajuste le rétroviseur et m'adresse un sourire avant de lâcher doucement l'embrayage pour se mettre prudemment sur la route. Je reste au téléphone avec la criarde qui me perce toujours autant le tympan pour me faire une leçon de morale. Disons que je suis habitué et que je sais comment faire pour qu'elle me laisse tranquille un instant.

- Tu es bientôt arrivé ?

- Je ne voyage pas en fusée, navré.

Rick se marre sous ma réponse moqueuse qui me vaut un soupir agacé à l'autre bout du fil. Si elle savait comment elle m'agace, elle aussi ! Avec toutes les promos et les rendez-vous programmés avec un nombre incalculable de femmes à mon bras pour montrer au monde que je suis très pris, très convoité et... séduisant, ça me fatigue un peu.

- On se voit dans les coulisses.

- Avec plaisir, rétorqué-je posément.

Je raccroche avant qu'elle ne me tienne la jambe plus longtemps. Ça faisait cinq fois qu'elle m'appelait pendant que je me préparais, j'ai décidé de répondre au bout de la sixième, évidemment avec une remarque désagréable en prime :

- Encore deux appels et je me jetais d'un pont.

Ce à quoi je répondais vivement et mesquinement :

- J'en aurais été fort content.

Je ricane en y repensant. Les dix minutes du trajet défilent rapidement, je discute avec Rick, sa petite fille ne va pas tarder à venir au monde, il est ravit de devenir père et je me rends compte à chaque fois qu'il m'en parle, que je ne suis toujours pas casé alors que j'ai vingt-six ans.

Ma vie est surmédiatisée, j'assiste aux promos qui me sont imposées, aux avant-premières auxquelles une jolie actrice ou chanteuse m'invite pour les magasines et pourtant, je ne trouve pas ce que je cherche là-dedans. Je suis étonnement désintéressé.

- Agréable soirée. N'hésites pas à appeler pour le retour.

Ses boucles châtaines se secouent en même temps que son hochement de tête, je pose ma main sur la portière ayant la vitre baissée et m'approche légèrement en souriant.