7. Je le hais

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AMANDA

Je referme le scénario sur le bureau de ma chambre et éteins la lumière en quittant la pièce, le script en main. Je descends les escaliers pieds nus, entends Katie dans la cuisine et inspire longuement. Ça fait trois jours seulement que nous révisons le scénario, Caleb nous a foutu la paix dimanche pour enchaîner directement lundi. Nous n'avons pas encore tourné, on s'est plus concentré sur l'entraînement des petites scènes à mettre à l'œuvre demain.

Les journées de dix heures m'épuisent déjà même si Shavon -alias corbeau- est sur le tournage avec moi. Les acteurs sont franchement sympas, je ne leur parle pas trop, je reste dans un coin en regardant les autres jouer dès que ce n'est pas mon tour, mais je dois avouer que c'est assez chiant.

D'autant plus que j'ai énormément de mal à rester dans le milieu professionnel avec Hayden de temps en temps dans les parages ainsi que Caleb me réprimandant sans s'arrêter. J'ai envie de l'envoyer se faire foutre un peu trop souvent, mais si je fais ça, j'ai mon job qui saute et une carrière certainement pourrie.

Je n'ose même pas imaginer la une des journaux « violence verbale d'Amanda Guzman envers Caleb Dale », « Amanda Guzman : remplacée ». Ça va me faire dégringoler et je suis persuadée qu'il est capable de me faire ça. Je ne sais même pas comment il fait pour garder autant de patience avec mon dernier retard.

Que je m'en excusais ou non, ça n'aurait absolument rien changé : il m'a passé un savon juste après l'affront avec Gavin. Ah oui, Gavin. Ce mec m'énerve en pensant à lui. Il a l'air tellement... parfait, et pourtant je suis incapable de penser qu'il soit heureux dans sa vie. Qu'est-ce que ça peut bien me foutre ? Je suis pressée que le tournage se finisse, je ne l'aime pas pour une raison qui m'échappe totalement.

J'arrive près de la cuisine en descendant la dernière marche, le salon étant juste en face. Mon portable vibre sur le plan de travail, je m'avance pour le saisir et Katie se contente de faire le dîner pour nous deux. Je m'exile dans le bar afin de prendre un verre en répondant à l'appel.

- J'écoute ?

Je sors un verre du placard, je ne cherche pas vraiment à me cacher du regard de Katie qui n'apprécie pas lorsque je bois, je verse le liquide brun et y mets deux glaçons. J'aime bien le jeune cognac lorsqu'il est glacé.

- Je tenais à m'assurer que tu viennes demain. Ton agent t'a donné le planning ?

- Ouais, je l'ai.

- Super alors.

Je devine facilement qu'il sourit à l'autre bout du fil et j'aspire silencieusement l'alcool qui me fait de l'œil.

- Je voulais te parler d'un truc, aussi...

Pourquoi ça m'embarrasse si soudainement de parler de ça ? Je dois être indifférente, parce que c'est ça que je suis : indifférente, insensible, je-m'en-foutiste par excellence. Et puis ce n'est pas quelqu'un d'aussi chiant que j'ai envie de connaître. Ça s'arrête sur le plateau, point.

- A propos de Gavin Singleton, je suppose ? J'ai remarqué que ce n'était pas l'amour fou, avant-hier.

- Je ne l'aime pas. Y'a pas moyen de l'expulser ? soupiré-je en tapant mon ongle contre le verre.

Un son étouffé résonne dans le combiné. OK, c'est mort. Je vais devoir le supporter et continuer de le haïr pour avoir un tel physique et une attitude qui me les casse sévèrement. Il ne mérite vraiment pas sa belle gueule, il aurait pu être moche, ça m'aurait arrangé sur le coup.

- Tu rêves. J'ai eu beaucoup de mal à trouver le premier rôle masculin, je ne vais pas m'en débarrasser. Dans la vie, on ne travaille pas qu'avec ceux qu'on aime.

RépulsionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant