Répulsion

28. (Partiellement) déposer les armes

AMANDA

H : Shooting New-Look reporté. Je te tiens au courant. L'équipe s'est fait voler le studio, ils règlent le problème au plus vite.

Katie n'arrête pas de me hurler dessus, j'ai l'impression d'entendre ma mère quand elle tenait encore debout et n'avait pas chopé un cancer du rein. Bravo, maman, toi qui disait que l'alcool et la clope sont très mauvais pour l'Homme. Elle me servait un baratin qu'elle ne suivait même pas, la honte.

- Tu me saoules.

- Amanda, tranche Katie, furax.

- Je suis sérieuse, balai dans le cul.

- Et tu crois que je plaisante ?

Je me lève furieusement du tabouret du bar et sors de la ville en lui faisant un doigt. Il y a des jours où j'adore Katie, et d'autre où elle me répond de façon à me faire péter les plombs. Elle sait comment je fonctionne, cette garce, et elle en profite.

Je suis constamment irritée depuis que le tournage est terminé, Hayden reste chez sa femme et Gavin... C'est encore une autre histoire.

Je pensais que cet enfoiré viendrait encore me gonfler parce qu'il ne peut plus se passer de moi. Visiblement, c'est l'inverse. Voilà deux semaines que je m'empêche de communiquer avec ce type par fierté. Aussi parce qu'il comprendrait que je ne suis pas aussi insensible que je l'ai laissé paraître.

Mais c'est dur de ne plus subir son sarcasme aussi déplaisant que le mien, son regard brûlant ma peau et scrutant toutes les courbes de mon tatouage. C'est surprenant qu'il n'ait pas posé de question à ce sujet. Je ne lui aurais pas répondu sur le coup, mais j'avais presque envie qu'il me la pose.

- Et puis merde.

A : Mort ou vif ? Besoin d'un gros pactole alors arrive vivant.

Ce type me manque de la façon la plus horrible qu'il soit, plus le temps passe, plus ma coquille devient creuse. Je m'assieds sur le ponton, les pieds pataugeant dans l'eau glacée et je souffle en maugréant. Katie sort avec son mec, ce soir, elle va enfin pouvoir me foutre la paix quelques heures.

G : Vingt minutes.

Une étrange douleur se place immédiatement dans ma poitrine et les larmes coulent sur mon visage sans raison. Comment a-t-il pu m'atteindre vu la manière dont je l'ai traité et encore s'accrocher à moi alors que je ne lui ai donné aucun signe de vie dès mon retour à Miami ?

J'ai voulu lui faire croire qu'il avait la main sur moi, mais il l'avait réellement, il pouvait faire n'importe quoi, j'aurais suivi ses actes sans m'interroger.

Quinze longues et interminables minutes s'écoulent, je joue avec l'eau assombrie par la nuit après avoir retiré mes talons blancs et esquisse un sourire en me souvenant de sa voix rauque chatouillant mon pavillon m'intimant de garder ces talons afin d'en être marqué sur les fesses.

Une vague de chaleur me parcoure soudainement, je ferme les yeux, m'allonge sur le ponton, les pieds ballants et laisse une longe expiration quitter mes poumons.

- Pourquoi ? soufflé-je.

- Amanda ?

Je me redresse immédiatement, abaisse mes épaules et essuie rapidement mes larmes sans me retourner.

- Le trousseau est dans le récipient sur le bar de la cuisine, il est l'heure pour moi d'y aller.

- OK.