Katniss

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Putain, comment ça pue dans ce bus et qu'est-ce qu'il fait chaud !... Je meurs d'envie de m'enfuir en courant au prochain arrêt pipi et de repartir chez moi en stop. Je n'ai rien à fiche ici, j'ai tellement de trucs qui m'attendent encore à la maison, et puis ... Qui va s'occuper de Prim, ma petite sœur pendant ces trois jours ? Je sais bien que ma mère m'a dit qu'elle serait là, mais ... Je ne sais pas, je n'ai absolument aucune confiance en elle ... L'habitude peut-être ? Déjà qu'à cause d'elle, je suis arrivée en retard tout à l'heure en classe, alors qu'elle m'avait promis qu'elle irait conduire Prim au collège ce matin, madame ne s'est pas réveillé à temps, résultat, j'ai dû faire un détour et voilà comment on se fait encore remarquer à quelques semaines de la fin des cours ...

Vivement que je me casse tiens ...

L'autre jour, quand j'ai reçu ma lettre d'admission à Stanford, je n'ai pas pu m'empêcher de l'accrocher sur le mur de ma chambre, juste en face de mon lit, comme ça, à chaque fois que je me réveille, je vérifie bien que ce n'est pas un rêve et que je vais vraiment me casser d'ici. J'ai bien envie de prendre ma sœur avec moi mais, malheureusement, ce n'est pas possible. Je suis euphorique rien que de penser que je m'en vais dans quelques semaines.

_ Qu'est-ce qui te rend si jouasse ?, m'interroge mon voisin de banquette, mon meilleur ami, Gale.

_ Oh rien, j'élude en haussant les épaules.

Je ne lui ai pas encore annoncé que j'étais reçue à Stanford, lui ne pourra pas mettre les voiles, aucunes bourses d'études ne lui a été accordées, il devra faire ses études à PU, c'est un sujet un peu sensible que j'évite d'éviter avec lui.

_ J'en reviens pas qu'on soit obligé de passer trois jours avec cette bande de nases, marmonne-t-il avec dédain.

Je hausse les épaules, je suis un peu d'accord avec lui, les crétins qui font partis de ma promo me sortent par les yeux, le seul avantage que j'arrive à trouver à cette sortie, c'est de se retrouver dans la nature.

_ Vois le bon côté des choses, on ne sera pas entre quatre murs au moins.

_ Tu parles ! Ils sont tous plus incapables les uns que les autres en pleine nature. Et pour bien commencer, on va se retrouver à chercher du bois avec le boulanger à sa maman ! Il sait à quoi ressemble une bûche au moins cet abruti ?

Je ne réponds pas et reporte mon attention sur les boucles blondes qui dépasse de la banquette où est installé celui dont parle mon acolyte, le populaire et loquace Peeta Mellark. Je reste dubitative et ne parviens pas à déchiffrer les émotions qui m'assaillent à cette pensée : je connais Peeta depuis mon enfance en ayant toujours été dans la même classe que lui. Néanmoins, nous ne nous sommes jamais vraiment côtoyés : il a toujours fait partie des élèves plutôt riches et populaires et moi, ben, pas vraiment : je ne suis pas des plus habiles avec les mots, ma mère est infirmière (quand elle n'est pas en arrêt maladie) et mon père est décédé. Je ne suis donc pas une fille dont on recherche particulièrement la présence, ce qui m'arrange bien car je ne suis pas très à l'aise avec les gens. Les seuls avec qui je me sente bien c'est Gale et Madge. Pourtant, je ressens une connexion particulière avec Peeta depuis que ce dernier m'a, un jour, alors que nous étions en sixième et que ma mère avait oublié de me faire à déjeuner, offert la moitié du sien tandis que je regardais les autres manger avec avidité dans un coin de la cafétéria. Gale n'était pas encore mon ami à l'époque, je n'en avais pas d'ailleurs. Il était installé à sa table avec ses nombreux amis mais il a tourné la tête vers moi et m'a vu, seule. Il s'est approché de moi, m'a tendu un de ses sandwichs, sans un mot, et est reparti aussi vite, sans même un regard en arrière. Ses amis n'ont rien remarqué et il n'a rien dit à ses amis. Je ne l'ai jamais remercié et il ne m'a pratiquement plus jamais adressé la parole depuis ce jour. Je sens son regard parfois sur moi, de même que je l'observe parfois : nos yeux se croisent sans pour autant prononcer un seul mot comme en classe ce matin, quand parfois, je suis devant lui, nos échanges se résument à des regards énigmatiques. Je ne sais pas quoi en penser ... Tout ce que je sais c'est que dans ma tête, il est devenu le Garçon des Pains.

Dans les boisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant