Katniss

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L'ambiance est au silence studieux au camp. Chacune des filles est à un atelier et a reçu un travail à faire. Aucune ne s'est rebellée ... Ce qui me fait hérisser les poils de l'échine ... Sous prétexte que je suis fille, je devrais me coltiner des travaux ménagers ? Bienvenue dans les années cinquante ! Je rumine depuis maintenant un petit moment, depuis qu'Effie m'a donné à fabriquer une espèce de toit avec des branchages et des feuilles à tresser et entremêler, en compagnie de Delly, Annie et Madge. Ça me gonfle totalement. Je n'ai pas l'esprit à ça, il est totalement pris par ce que j'ai fait avec Peeta dans les bois tout à l'heure, ce merveilleux moment à la fois étrange et tellement enivrant. Je rêve de recommencer (et vite !) ...

_ C'est bizarre de voir ce genre de sourire flotter sur ton visage de cette façon, remarque Madge.

Je me renfrogne et me sens rougir, j'en ai d'ailleurs assez de rougir sans arrêts comme ça, à chaque allusion ou remarque de ce genre. Je me reconcentre sur ma tâche en essayant de paraître totalement détachée.

_ Je ne vois pas du tout à quoi tu fais allusion, je lui rétorque d'un ton que j'espère calme.

Elle coule un regard vers Delly qui lui retourne un sourire entendu. Le silence revient. C'est quoi ce manège pourri ?

Au bout d'un temps qui me paraît infini, alors que mon attention finit par ne cesser de faire des allers et retours entre mon travail et la forêt, je vois émerger des boucles blondes à l'orée des buissons, mon cœur rate un battement, je sens les regards de mes acolytes pesés sur moi. Je tente de rester parfaitement naturelle en faisant comme si de rien été, de faire comme si de voir apparaître Peeta comme ça ne provoquait pas dans le fond de mon estomac tout un tas de soubresauts indéfinissables, comme si mon cœur ne ratait pas un battement dès que mon regard croisait le sien. J'avale ma salive et reporte mon attention sur mon ouvrage.

Effie remarque l'arrivée de Peeta également.

_ Bien, bien, bien, mesdemoiselles, s'écrie-t-elle en se levant. Il semblerait que nos hommes soient de retour. Merci de rassembler vos ouvrages près du hangar à bois pour voir ceux que nous pourrons utiliser plus tard ... Je suis fière de vous, vous avez été des plus appliquées !

On se lève toutes et portons nos travaux sur la table près du hangar. Je porte mon attention vers l'endroit d'où Peeta a déboulé mais il n'y est plus, puis il s'empare soudain de ma main en sortant de nulle part et me glisse à l'oreille.

_ Il faut que je te parle, vite.

Je tourne la tête vers Peeta, ses cheveux sont encore tout humides, il semble aux abois, je m'inquiète tout à coup. Je le suis sans mots dire alors que les autres garçons arrivent, certains me regardent en me montrant du doigt, j'ai même l'horrible impression qu'il y en a qui me font des gestes obscène en parlant de moi. J'ai un drôle de goût dans la bouche, ma bonne humeur fond comme neige au soleil, je me tends.

_ Qu'est-ce qui se passe Peeta ..., je lui demande le plus calmement possible.

Il se passe une main dans ses boucles blondes, son autre main se pose dans le creux de mon dos pour m'éloigner un peu des autres. J'entends des rires qui fusent et je suis certaine d'entendre mon prénom dans les conversations qui se terminent inlassablement par des moqueries et des regards vers nous. Je commence à perdre patience et arrête de le suivre. Dans un mouvement d'humeur, je chasse son bras d'un coup sec avec ma main en m'emportant. Il ramène ses deux mains derrière sa tête, se gratte la nuque et prend une grande respiration. Tout à coup, j'entends distinctement mon nom dans la bouche d'un des élèves qui se marre comme une baleine un peu plus loin et tourne vivement la tête. Je n'ai pas rêvé, j'en suis certaine. Je darde un regard noir sur Peeta alors que ma patience arrive à bouts. Il m'énerve tout à coup à se dandinant comme ça, d'un pied sur l'autre. Qu'il en vienne au fait !

Dans les boisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant