Ania, la princesse du royaume d'Isgard, fille de Théodoros et Thelma Kårde, vit sous la malédiction de la sorcière Iorga depuis sa naissance. Elle n'a ni la parole ni de sens, et seule la vue lui permet de garder contact avec le monde qui l'entoure...
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Mull Yard, en province d'Enkirach.
Toute la journée, de vigoureuses rafales accompagnées de pluies et de grêles, avaient fouettaient la campagne sauvage et vallonnée de la province d'Enkirach.
Malgré le mauvais temps, un détachement d'une dizaine de cavaliers de la garnison basé au fort de la prison d'Enkirach avait fait son inspection quotidienne des environs.
Sur le chemin du retour, proche d'une forêt d'immenses chênes nimbée de brume, l'unité passa à proximité d'un hameau déserté. Les militaires furent décontenancés par la vision de ce petit village désolé et inhabité, qui d'ordinaire était animé. Cependant, ils ne se donnèrent pas la peine de descendre de leurs montures pour examiner les lieux.
— Ça fait déjà la sixième bourgade que l'on découvre abandonnée ces derniers temps, rumina le commandant de la troupe. Ce n'est pas normal...
— Laissez-nous aller jeter un œil de plus près ! requit un officier.
Même s'il pensait que c'était une perte de temps, son supérieur accepta. L'officier fit un geste de la main, et deux cavaliers partir aux galops vers les habitations.
— Pourquoi des familles entières quittent-elles ainsi leurs demeures ? se questionna un soldat.
— Je n'en ai aucune idée ! répondit le chef en balayant d'un regard sombre le bourg. Tout cela est vraiment inquiétant.
— Pourtant le prince Ajay Hawn est au courant ! dit l'officier perplexe. On l'a averti pour la situation des autres villages. Pourquoi n'exige-t-il pas une enquête sur ces faits troublants ?
Le commandant ne cacha pas son mécontentement.
— Je vais à nouveau établir un rapport sur cette intrigante affaire. Toutefois, s'il n'y a pas de réaction en haut lieu, nous ne pouvons rien faire d'autre que de continuer à observer et d'informer notre jeune souverain.
— Tous ces gens n'ont pas pu disparaitre d'un claquement doigt, grommela un soldat indigné. Ils doivent bien être quelque part, et il faut les rechercher.
Le chef du groupe hocha la tête.
— Je suis d'accord... mais où peuvent-ils bien être ?
Les deux cavaliers qui étaient partis inspecter les alentours réapparurent.
— Il n'y a aucune âme qui vit dans les parages, annoncèrent-ils.
— Autre chose à signaler ? demanda le commandant complètement atterré.
— C'est pareil que pour les cinq autres hameaux délaissés. Il n'y a pas de traces de saccage ou de violence. C'est comme si tous les habitants avaient quitté leurs maisons en même temps et tout laissé en ordre sans prendre d'affaires.
