Ania, la princesse du royaume d'Isgard, fille de Théodoros et Thelma Kårde, vit sous la malédiction de la sorcière Iorga depuis sa naissance. Elle n'a ni la parole ni de sens, et seule la vue lui permet de garder contact avec le monde qui l'entoure...
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Isgard, au palais royal de la famille Kårde.
Il était pile quatorze heures. De longs coups de cloches retentirent dans le palais ce qui signifia le renouvellement de la garde.
Devant les hautes portes de l'enceinte, dans leurs guérites, les soldats, qui attendaient la relève, virent arriver une troupe et un carrosse laqué blanc, si luisant que les militaires en furent éblouis.
Un cavaliers s'avança et annonça la présence de l'impératrice de Lanki et de son fils.
Les gardiens s'empressèrent d'ouvrir le passage.
— Veuillez bien nous suivre ! dirent-ils avec respect.
Ils firent entrer le cortège puis l'accompagnèrent jusqu'à l'allée aux rosiers centenaires. Là, une autre escorte invita les cavaliers à se diriger vers les écuries, tandis que le carrosse de Gladys de Vantimire poursuivait son chemin jusqu'au perron du palais.
Argos, comme à son accoutumé, recevait les invités de prestige. Le vieux sage n'avait pas dérogé à la règle, il attendait l'impératrice sur les premières marches de l'escalier qui amenait à l'entrée du palais.
Après quelques minutes d'attente, le mage aperçut les chevaux qui tiraient l'immense tulipe sur roues.
« Les voilà ! », se dit-il à lui-même.
Argos se pressa d'aller à la rencontre de cette voiture étonnante. Deux cochers descendirent pour ouvrir la porte du carrosse, puis Gladys apparut. C'était une femme corpulente très gracieuse, vêtue d'une robe satinée ivoire avec de nombreux motifs floraux pourpres. Son visage rond et rosé, avec d'immenses yeux bleus, était avenant. Le conseiller du roi Kårde trouva l'impératrice de Lanki belle et originale avec sa coiffure courte couleur platine, ornée d'un sublime diadème d'or serti de diamants.
— Enchanté Altesse ! Et bienvenu au palais d'Isgard, dit Argos sur un ton accueillant.
Gladys lui fit un sourire radieux.
— Quelle magnifique journée pour visiter vos espaces verts ! s'exclama-t-elle en éclatant de rire.
— Euh... oui ! répondit Argos un peu désarçonné. La reine Kårde est impatiente de vous faire découvrir le parc royal ainsi que les serres.
— C'est parfait ! s'excita Gladys qui tapait dans ses mains. On m'a tellement dit du bien de vos jardins, de vos vergers, de vos plantations et de vos pépinières...
Le vieux sage, quoi que décontenancé par l'enthousiasme de la souveraine, ne put s'empêcher de rire.
— J'ai hâte... j'ai hâte ! lança Gladys en sautillant de joie.
