Ania, la princesse du royaume d'Isgard, fille de Théodoros et Thelma Kårde, vit sous la malédiction de la sorcière Iorga depuis sa naissance. Elle n'a ni la parole ni de sens, et seule la vue lui permet de garder contact avec le monde qui l'entoure...
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La reine d'Isgard, tête droite, mains croisées, fixa l'ensemble des personnes autour d'elle, puis elle lança un regard appuyé à Théodoros, Argos et Rodrigue avant de s'exprimer :
— Le prince d'Antorin a fait un long voyage pour venir jusqu'ici et nous faire l'honneur de sa présence. Il serait très grossier de ma part de ne pas accepter le présent qu'il veuille offrir à ma fille, c'est-à-dire lui faire découvrir son magnifique bateau volant. Donc, j'accepte qu'Ania passe un moment sur cette caravelle qui je l'espère va l'enchanter.
Rodrigue fut ravi d'entendre ces mots et se dandina de satisfaction.
— Toutefois ! continua la reine, le visage sérieux. Ania sera accompagnée de Serina et des deux chevaliers ci-présents.
Le prince Rovérez ne fit aucune objection, et fut même content de pouvoir montrer à d'autres personnes qu'il était un extraordinaire inventeur.
Thelma alla voir son époux, tandis qu'Argos rejoignit Ania et Serina pour les rassurer. Le vieux sage fit une série de signes à la princesse pour lui expliquer la situation, mais celle-ci resta indifférente à tout ce qui se passait autour d'elle.
Argos se lissa la barbe en soupirant, puis regarda Serina.
— Garde sans cesse un œil sur la princesse, lui lança-t-il. Et reste vigilante, même s'il n'y a rien à craindre sur ce navire.
Serina prit délicatement la main d'Ania et hocha la tête.
Le vieux sage fit un geste de la main aux deux chevaliers pour qu'ils le suivent à l'écart des autres.
— J'avais connaissance que le prince Rovérez était au palais d'Halfort depuis plusieurs jours pour réparer une de ses inventions, confia Argos à voix basse. Mais j'avoue que je ne m'attendais pas à le voir ici avec un tel engin si démesuré et si complexe à manier.
Aquila et Ordos s'échangèrent un regard dubitatif.
— Qu'attendez-vous de nous ? demanda le géant Manzy.
Le mage plissa ses yeux à tel point qu'on aurait cru qu'ils étaient fermés.
— Le prince d'Antorin est un charmant garçon, chuchota Argos. Cependant, il a une fâcheuse tendance à beaucoup trop parler...
— Je peux le faire taire ! s'enchanta Ordos en montrant son poing.
— C'est justement tout le contraire que vous allez faire, sourit le vieux sage. Faites-le parler, ouvrez grand vos oreilles et restituez-moi mot pour mot tout ce qu'il vous aura révélé.
— Vous désirez savoir quoi en particulier ? s'enquit Aquila.
— Je veux en savoir le maximum sur son sujet... sur son père... sur sa caravelle volante... sur la poudre de dragon !
