Chapitre 10

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Nico, Gare de River City, Jeudi 11 Mars.

Aurevoir. C'est un mot assez triste que l'on prononce tous plusieurs fois par jour. Certain sont définitifs. Et j'espérais que ceux-ci ne le seraient pas.

Le lendemain des retrouvailles et de la naissance, nous avions dit aurevoir à Mellie à la maison car elle ne pouvais pas sortir. M'sieur Hedge et Chuck nous avaient accompagné jusqu'à la gare. Le petit ne voulait plus nous quitter et c'est avec les larmes aux yeux qu'il avait regardé le train s'éloigner pour Minneapolis. Après avoir agité la main par la fenêtre, je la refermais et m'allongeais sur une des banquettes. Will et moi avions le compartiment pour nous tout seul. Il leva les yeux de son livre et me regarda.
- Oui ?
- Je me demandais pourquoi tu m'avais suivis. Comment ce fait-il que t'es accepté de revenir ? Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
J'y réfléchis deux minutes. Je pouvais pas lui dire que c'était pour lui que je rentrais.
- Je ne connais pas encore le meurtrier de ma sœur et ma deuxième sœur me manque ainsi que Reyna et Percy. Et Jason. Et les Alatir. Et Franck. Et Léo. Et Annabeth. Et Thalia. Et Maman et Bianca qui ont une pierre là-bas. Et Calypso, aussi. Et Piper.
Plus la liste s'allongeait, plus il paraissait dépité. J'eus un sourire.
- Et toi. Un peu.
- Un peu ?
- Bon, d'accord, mon médecin préféré me manquait autant que les autres.
- D'ailleurs, en tant que tel, je te consigne trois jours à l'infirmerie.
- Trois jours ? Attends voir. Je crois que j'ai le temps.
- De toute façon, tu les aurais fais.
- Non.
- Si.
J'appuyais mon regard.
- Non.
- Si.
- Mais je suis censé être terrifiant ! Je suis le gamin mystérieux qui a le look d'un mort et qui ressemble à vampire parce qu'il vit la nuit !
- Pour le moment tu ressembles à un gamin capricieux. Et oublie pas que je suis ton aîné de trois ans alors tu me dois le respect.
- Pff !
- Tu devrais dormir, tu parais épuisé.
Je me roulais en boule en lui tournant le dos et sombrait dans un lourd sommeil.

Arrivé à Minneapolis, nous prîmes un avion pour New York, puis un taxi pour le pensionnat de la Colline. Lorsque nous arrivâmes, c'était l'heure du repas. Nous avons donc couru jusque dans notre chambre pour faire notre toilette vite fait et passé l'uniforme. En ouvrant la porte, je tombais sur les autres. Ils me regardèrent alors comme si j'étais un alien tombé de Mars.
- Euh... bonjour ? tentais-je.
- Nico ! s'écria Percy. T'es revenu !
Et sans que j'ai le temps de l'en dissuader, il me prit dans ses bras et me serra jusqu'à m'étouffer. A peine m'avait-il lâché que Jason aussi vint me casser deux ou trois côtes. Les frères Alatir, Léo et même Franck, qui pourtant avait peur de moi, avaient l'air heureux de me retrouver. Ils vinrent me donner de grandes tapes dans le dos.
- On te croyais mort, lança Travis.
- Ouais, même qu'il a essayé de te piquer certaines de tes affaires, ajouta Connor.
- C'est pas vrai, protesta l'autre.
- En tout cas on est content de te revoir, affirma Léo.
- Quand Hazel saura ça... Et Reyna aussi, intervint Franck. Tu peux pas savoir comme elles ont
pleuré.
- Ouais sans doute, dis-je avec une boule dans la gorge.
J'allais avoir droit à un sérieux sermon. Et ce sera pire lorsque papa serait au courant. Je me changeais rapidement puis parti avec les autres au réfectoire.
Hazel, Reyna, Annabeth, Piper, Calypso et Thalia attendaient devant les portes. J'essayais de me cacher derrière Percy et Jason. C'est Hazel qui me vit en premier. Elle ouvrit de grands yeux.
- Nico !
Et elle se jeta sur moi.
- Sale gosse ! Tu m'as laissé toute seule ! Et puis qu'est-ce que tu fais là, d'abord ? Trois mois que t'as disparu ! Et Will toi aussi t'es rentré. Tu l'as retrouvé ! Comment ?
- Wow ! fit celui-ci. On te racontera tout mais à table.
Pendant que nous allions nous asseoir, les autres élèves nous regardaient bizarrement. Ils me dévisageaient ainsi que Will en chuchotant.
- C'est super que tu sois revenu, me glissa Reyna. On sera pas obligé de programmer deux enterrements du coup.
- Pourquoi deux ?
- Bah, toi et Will.
- Pourquoi Will ? Il était pas porté disparu.
- Si, justement. Juste après le jour de l'an, il nous a fauché compagnie alors qu'Hazel et moi dormions. Il n'a laissé aucune trace. Pas même un mot disant où il était.
Je regardais le jeune blond. Il riait avec Travis. Que m'avait-il donc caché?
Pendant le repas, je racontais rapidement ce que j'avais fait durant les trois derniers mois et heureusement pour moi ils ne me firent aucune reproche d'être parti. Par contre j'étais bien conscient d'être le sujet de conversation de beaucoup d'autre élèves.
A un moment, Apollin vint engueuler Will publiquement. Cependant, je ressentais qu'il s'était vraiment inquiété, qu'il avait vraiment eu peur de perdre Will, ce qui ne devait pas être le cas de mon père. Lui ne se souciait pas de moi.
Will ne fit aucun commentaire sur le fait d'être parti de son côté ou sur ce qu'il lui était arrivé en janvier et en février. Mais je le saurais, je jure de découvrir ce qu'il avait fait et pourquoi il était partit sans un mot.

Le lendemain, ce que je redoutais le plus est arrivé. Mon père est venu. Il a débarqué alors que j'allais entrer au réfectoire pour le petit déjeuner.
- Qu'est-ce qu'il t'as pris de partir aussi longtemps ?! Je me suis fais un sang d'encre !
Je le regardais en face.
- Tu t'es absolument pas inquiété ! Je paris même que t'étais soulagé de ne plus avoir besoin de te soucier de moi ! Tu devais penser t'être débarrassé d'un poids mort ! Parce que je suis une plaie pour toi ! Une source d'ennuis et de problèmes !
- Parle sur un autre ton à ton père, Nico, me réprimanda l'autre femme.
Je me tournais vers elle.
- Toi reste en dehors de ça, c'est entre mon père et moi.
- Nico, tu-
- Tu comprends pas le français ?! Laisse-nous tranquille.
Je reportais mon attention sur mon père.
- Et toi aussi laisse-moi tranquille. Je suis assez grand pour savoir ce que je fais de ma vie et je n'ai pas besoin de toi. D'ailleurs, j'ai un scoop pour toi. Je suis gay et tant pis si tu me déteste totalement après ça, de toute façon je vis très bien sans toi, voir mieux. Bianca et maman étaient au courant.
Et je le plantais, là. J'entendais ma belle-mère s'approcher de lui.
- Chéri, ça va ?
J'avoue que j'étais assez satisfait de moi. Mon père avait dû avoir le plus gros moment de beugue de sa vie.
Percy vint s'asseoir à ma table.
- Dis, je viens de voir ton père. Il avait un air hagard et le regard totalement vide. Tu lui as fait quoi ? me demanda-t-il sur un ton soupçonneux.
J'eus un sourire dénué d'humour.
- Puisqu'il me l'a demandé, j'ai été franc avec lui.
Percy suspendit son geste.
- Tu lui as dit que...
- Yep.
- OK. Je comprend maintenant.
Léo et Franck arrivèrent à ce moment-là.
- Dis Nico, commença Léo, je viens de voir ton père et il avait l'air complètement à l'ouest. Il va bien ?
- T'inquiète pas pour lui, je-
Hazel déboula. Elle avait l'air furieuse.
- Nico ! Qu'est-ce que tu as fait à papa ?!
- Pas le temps j'ai biologie ! A plus !

Retourner en cours me fit bizarre. J'avais l'impression que cela faisait des décennies que je n'avait pas été dans une salle de classe. Annabeth accepta de me filer tous les cours que j'avais raté car il fallait que même que je bosses si je voulais assurer mon avenir.
Mon père ne m'avait plus reparler et je pense qu'il ne le fera pas avant un bon moment. En tout cas pendant deux semaines, je n'entendis plus parler de lui.
Reyna fit comme si je n'avais jamais fugué, ce pour quoi je lui étais reconnaissant, et nous reprîmes nos entraînements ensemble, comme avant.
Percy, Jason, Léo, Franck, Connor et Travis ne firent aucune remarques sur quoi que ce soit.
La seule personne qui n'avait pas l'air ravie de me revoir était Drew. Elle me lançait des regards noirs à chaque fois que je la croisais et m'évitait le plus possible.
Une autre personne m'évitait. Will. Il avait recommencé à m'éviter comme il le faisait juste avant ma fugue. Ou comme avant que je le remarque vraiment, en fait. A un moment, il partit même à New York se recueillir sur la tombe de ses parents mais il prévu d'y rester une semaine, ce qui, je trouvais, était beaucoup et me confirma qu'il m'évitait.
Tout était vraiment redevenu comme avant. Et je n'aimais pas le fait que tout soit redevenu comme avant. Quand il nous arrive quelque chose on est censé en tirer une leçon ou un apprentissage et en on sort changé, non ? Alors pourquoi rien n'avait changé ? Pourquoi étais-je toujours un petit garçon qui ne pouvait pas faire face à la vie ? Qui redoutait encore son père, même après un bref moment de témérité ? Pourquoi étais-je toujours aussi lâche, fuyant ses responsabilité et ne pouvant s'avouer un amour ?

Mais deux semaines encore après, un mois après mon retour, le 12 avril, quelque chose d'horrible se produisit. Une chose à laquelle je n'étais pas préparé et qui prouva que je n'avais pas changé. Et que je ne voulais pas dire aurevoir. Pas définitivement.

J'étais en grec. Mr Brunner racontait le mythe d'Icare. Le fils de Dédale qui, avec ses ailes, était monté trop haut vers le Soleil et s'était brûlé les ailes avant de faire une chute mortelle dans la mer.
C'est à ce moment qu'Apollin est entré. Il était pâle à faire peur. Cela faisait bien une semaine qu'il n'avait pas l'air d'aller bien.
- Excusez-moi d'interrompre votre cours mais..., commença-t-il.
Mr Brunner lui lança un regard compatissant comme s'il savait ce qu'il allait annoncer.
- Il faut que je vous dise quelque chose de très important, continua Apollin. Et j'aimerais que vous gardiez votre calme même si c'est dur.
Il inspira un grand coup et se lança.
- La nuit dernière, nous avons appris une très mauvaise nouvelle. Will est mort. Renversé par une voiture à New York.

Will était mort. Et je n'avais pu lui dire aurevoir.

L'Ange et le SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant