Chapitre 5

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Nico, Train en direction de New York, Samedi 18 Décembre.

     J'avais pris la fuite.
C'était ce que mon esprit n'arrêtait pas de me répéter.
    J'étais un lâche, j'avais pris la fuite.
Cette phrase tournait en boucle dans mon esprit tandis que le train m'emmenais à New York.
    Non, je n'étais pas un lâche et je n'avais pas fuit. C'était les autres qui m'avaient poussé à partir.

     Le Soleil se levait. J'avais passé la nuit à marcher pour atteindre une gare et à attendre le premier train pour New York. J'étais épuisé, cela devais faire plusieurs jours que je n'avais pas dormi. Et il ne fallait pas que je m'endorme maintenant. J'étais en fraude, il ne fallait pas qu'un contrôleur me découvre sinon c'était retour au pensionnat direct.
     Pourtant j'eus beau lutter, le sommeil pris le dessus. Et bien sûr les rêves revinrent.

    Je me trouvais dans un cimetière et Luce Catina me faisait face. C'était la conversation que j'avais eu avec elle après ma désastreuse séance de psy où Jason avait fait irruption. La conversation dans laquelle elle disait que je baissais les bras à chaque obstacle. Et que j'étais encore impulsif et colérique.

     Mon rêve changea. J'étais dans une salle de classe. M. Brunners, Percy, Jason, Hazel, Will, Annabeth, Léo, Calypso, Travis et Connor, Rachel, Piper, Clarisse, Lou Ellen, Katie, Clovis, Thalia, Franck et Reyna se trouvaient réunis autour d'une table.
- Comme vous devez tous le savoir, Nico a de nouveau fuguer. Mais cette fois-ci les autres professeur et moi-même pensons qu'il y a peu de chance qu'il revienne. Nous avons déjà prévenus la police et son père. Mais comme la police n'a jamais réussi à le rattraper, eh bien nous sommes d'accord pour envoyer un groupe d'élèves comme la dernière fois. Mais d'abord, savez-vous où il aurait pu aller ?
- A part New York et Los Angeles, nous n'avons pas d'autres maison, dit Hazel, et il n'a pas de famille.
- Je suis contre, intervint Percy.
- On en a déjà parlé, soupira Annabeth.
- Oui et on ne me fera pas changer d'avis, poursuivit Percy, laissez Nico tranquille. Vous savez bien qu'il a horreur de ce pensionnat et encore plus maintenant. Je suis celui qui connaît le mieux Nico, j'ai été le parrain de sa sœur et j'ai échoué deux fois. Elle a rejoins Louna et elle est morte. Je suis maintenant le parrain de Nico et cette fois-ci je ne le laisserais pas tomber. S'il préfère fuguer qu'il fugue. Plus vous essaierez de le retenir ici contre son gré, plus il essaiera de partir. Et avec son nouveau problème, il pourrait recommencer.
- Recommencer quoi ? De fuguer ? demanda Piper.
- Je t'interdis de leur dire.
       Reyna s'était levée et ses yeux lançaient des éclairs.
- Nico a tenté de se tuer, l'an dernier, continua quand même Percy.
- Et se n'était pas à toi de leur dire, répliqua Reyna.
- Attendez, intervint Will, il se tourna vers M. Brunner. Vous le saviez ?
      Celui-ci hocha la tête.
- Vous saviez que Nico était suicidaire et vous le laissiez sortir tout seul la nuit ? Il faut le retrouver tout de suite !
- Bah, vas-y toi puisque t'es si malin, lui dit Travis.
- Et comment il va le retrouver ? En plus je veux venir, répondit Hazel.
- Personne n'ira nulle part, reprit Percy.
- Ce n'est pas à toi de décider, répliqua Jason. Et moi aussi je veux y aller.
- Moi aussi alors, coupa Reyna.
- Est-ce que vous savez au moins où commencer les recherches ? demanda Annabeth.
     Plusieurs personnes lui répondirent en même temps. Un sifflement strident retentit.
- Merci, dit M. Brunner en enlevant ses mains de ses oreilles. Deux équipes devraient partir. Percy, Jason, Annabeth partez pour New York. Will, Hazel, Reyna vous irez à Los Angeles.
- J'irais pas.
- J'y vais alors, s'écria Léo.
- Et nous ? On veut aussi y aller, se plaignirent les frères Alatir.
- D'accord, vous partirez avec hmm...
      Thalia leva la main.
- Avec Thalia. Vous essaierez de le pister .

     Je me réveillais. Tout était fait pour me faire culpabiliser et passer pour un fuyard ? Même ma conscience me le reprochais.
       Mais, petit un ; je n'ai pas fuit et petit deux ; je ne pouvais plus faire marche arrière. Que penserais les autres si je revenais de moi-même ? Et que leur dirais-je ? De plus je ne voulais plus vivre là-bas. Et en plus, trop de chance, j'avais trois équipes à mes trousses, Jason, Léo et Annabeth à New York ; Will, Hazel et Reyna à Los Angeles et Thalia, Travis et Connor qui allaient essayer de me pister.

     Une fois à New York, je pris le métro et rentrais chez moi. Mon père était en voyage avec ma belle-mère donc je ne risquais rien. Jenny fut étonnée de me voir.
- Mais...Tu devrais être au pensionnat, Nico ! Les vacances ne commencent que dans deux semaines.
- S'il te plaît, Jenny, ne préviens pas mon père !
     Je lui fit les yeux doux. Elle soupira.
- C'est bon, entre. Je n'appellerais ni La Colline, ni ton père.
- Merci.
       Jenny était une femme d'une vingtaine année. Elle était brune et avait les yeux verts. Mon père l'avait employé en tant que femme de chambre car elle avait besoin d'argent pour financer ses études. Elle voulait devenir maîtresse dans le primaire. Jenny adorait les enfants. Et elle me considérait encore comme un enfant, du coup elle m'adorait. Jenny était arrivée après la mort de Bianca. Elle connaissait aussi Hazel qui venait passer ses vacances à la maison.
     D'ailleurs nous avions deux maisons. Un appart à New York et une maison à Los Angeles. C'était là-bas que Bianca et maman étaient enterrées. Mais depuis la mort de maman nous n'y sommes retournés que pour mettre Bianca en terre. La maison est maintenant vide. Papa voulait même la vendre mais vu que le cimetière familial se trouve dans le parc et qu'il aurait fallu le déplacer, je m'y suis opposé. J'ai menacé mon père de partir ou de me suicider. Et comme j'avais déjà fais une tentative avant, il a préféré ne pas vendre mais mettre la maison à mon nom.
    C'était l'année dernière. Je m'en souviens très bien. Je m'étais tranché les veines des poignets. Maman était morte, Bianca était morte, papa venait de se remarier et ma belle-mère était odieuse et insupportable. J'étais devenu le gosse gênant pour eux. Et je détestais le pensionnat. Je souhaitais retrouvé ma vrai famille.
     Jenny m'avait découvert dans mon lit, le soir de Noël.
   Enfin bref, une fois rentré j'eus droit à un accueil avec tous le monde. A part Jenny, il y avait deux autres femmes de chambre : Lisa, la vingtaine blonde aux yeux noirs et Magny qui avait environ cinquante-cinq ans, les cheveux déjà argenté et les yeux bleus. Elle était là depuis longtemps, même avant la naissance de Bianca. Mon père avait aussi une secrétaire qui était resté à New York. La trentaine, Emma avait les cheveux blond, les yeux verts et une pair de lunettes. Alba, avait la cinquantaine, les cheveux noirs avec des fils d'argent et des yeux bruns. Elle travaillait en tant que cuisinière et était employée depuis aussi longtemps que Magny. Et enfin le seul homme de la maison était Alexandre, le majordome qui avait environ trente-cinq. Il était roux aux yeux bleus.
     Alors oui, comme mon père était souvent absent j'avais grandi dans un univers pratiquement que féminin.
       Ils me bombardèrent de questions.
- Qu'est-de que tu fais là ?
- Ton père est au courant ?
- Tu vas resté combien de temps ?
- T'es tout pâle et maigre ! Est-ce que l'on te nourris bien au pensionnat ? Attend je v ais te faire quelque chose à manger.
- Non merci, Alba, ce n'est pas nécessaire.
- Mais enfin regarde toi, tu as besoin de manger.
     Et avant que je ne puisse prononcer autre chose, elle disparut dans la cuisine. Au même moment le téléphone sonna. Emma décrocha.
- Allô ? Oui ici Mlle Favre, secrétaire des di Angelo. Le pensionnat de la Colline ? C'est pour ? Non ? Il aurait encore fugué ? Oui. Non. Sans doute. Peut-être. C'est possible. Voulez-vous...D'accord. Aurevoir.
      Elle raccrocha. Nous la regardions tous.
- C'était ton lycée, Nico. Ils m'ont demandée si tu n'étais pas venu, je leur ai répondu que non. Et ils voulaient savoir si tu pouvais être partis pour Los Angeles, là je leur ai répondu que c'était possible. Donc un conseil : ne va pas à Los Angeles.
     Le téléphone se remit à sonner. Emma décrocha à nouveau.
- Allô ? Oui ici Emma. Comment aller-vous, Monsieur ?
    Elle se tourna vers moi et articula silencieusement « ton père ». Je lui fis signe de ne rien dire.
- Oui le pensionnat viens d'appeler. Non, il n'est pas ici. Je ne peux pas le savoir. Peut-être Los Angeles ? Non, non rester donc en Espagne, ne vous inquiétez pas. De toute façon vous ne pourriez rien faire de plus. Oui. Je le ferais même si ça m'étonnerais qu'il nous téléphone. C'est un garçon débrouillard, il s'en sortira. Non, bien sûr que non, je ne prend pas sa défense. Ce qu'il a fait est horrible et il mériterais d'être punis. (Elle me jeta un faux regard de reproche.) Mmh, très bien je lui dirais s'il prend contact. Aurevoir et bonne fin de voyage (elle raccrocha). Cette fois-ci c'était ton père. Non mais tu te rend compte ? Tu me fais mentir à mon employeur ? J'ai besoin de ce travail. Il pourrais me renvoyer voir même me coller un procès !
- T'inquiète pas je repars direct.
- Ton père m'a demandé de te dire que si tu rentrais pas tu allais avoir droit à la punition du siècle. Attend, comment ça tu repars direct ? Et puis pourquoi t'as fuguer ?
     Je baissais les yeux sur le chocolat chaud que m'avait ramené Alba.

- En fait, à cause d'une dispute, ils...les autres élèves...Ils ont compris pour moi.
Alba et Magny se regardèrent.
- Et ils l'ont dit à ton père ?
- Apparemment pas encore. J'espère qu'il ne le ferons pas.
- Attendez de quoi vous parlez ?
    Lisa était la seule à ne pas être au courant. Je me tournais vers elle.
- Il y a que je ne suis pas hétéro. C'est ça leur problème. Du coup, j'ai préféré partir.
     Je vidais ma tasse d'une traite et la reposais.
- Bon je prends quelques affaires et j'y vais.
- Où est-que tu vas aller ? me demanda Magny d'un air inquiet.
- Je ne le sais pas moi-même et de toute façon je ne vous le dirais pas. Je ne veux pas que vous ayez encore à mentir à mon père.
      Une fois dans ma chambre, je pris les dernières économies qu'il me restait, deux ou trois effets personnels et ressortit.
       Alba m'attendait. Elle me tendit un paquet d'aluminium.
- Tiens, prend-le.
      Je le glissais dans mon sac.
- Merci.
     Après leur avoir tous dit aurevoir, je repris le chemin de la gare. Là je pris un billet pour le premier train qui partait(direction Seattle). Mieux valait évité la fraude, cette fois-ci.
- Travis ! Reviens ici !
   Je me planquais immédiatement derrière un distributeur. Thalia, Connor et Travis se trouvaient juste à coté. Les deux frères remuaient leurs doigts comme si l'envie de fouiller les poches des gens pour les voler les démangeaient. Ce qui, bien sûr, était le cas.

     Une fois qu'ils furent passés, je me précipita dans un compartiment du train que j'allais prendre et ferma les portes. Je déballais le casse-croûte d'Alba.
            Le train démarra. Je regardais les paysages défilés. Et pour une fois je me sentis libre, dans ce train qui m'emmenait loin de ce maudit pensionnat. Loin de mon père, de ma belle-mère. Loin d'Hazel, de Percy. Et de Will. Les larmes ressurgirent et se mirent à rouler sur mes joues. Je ne fuyais pas par lâcheté. Je partais par amour.

        Je me roulais en boule sur mon siège et m'endormis. 

L'Ange et le SoleilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant