Chapitre XII : (2) Vérité invraisemblable, certitude ébranlée

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-Nous venons d'un endroit caché aux yeux des humains, le royaume d'Edor. Là-bas, tous les individus sont des êtres surnaturels, qu'ils soient animaux, humains, démons et êtres fantastiques. Tes parents sont originaires de ce monde, ils y sont nés et y ont vécus. Un an après ta naissance, ils sont venus habiter dans le monde des humains. Mais comme tes parents ne voulaient pas que tu ais tes pouvoirs, et de ce fait un contact avec Edor, ils t'ont marqués d'un sortilège afin que tes pouvoirs ne se réveillent qu'à seize ans, faute de pouvoir empêcher l'apparition. C'est ce que font tous les parents qui souhaitent que leurs enfants vivent dans le monde humain. Mais tôt ou tard, ils sont bien obligés d'aller à Edor, sauf dans certains cas, très rares. C'est ainsi que ça se passe, et de ce fait, nous pouvons surveiller les adolescents susceptibles d'être différents. Ainsi, nous les recueillons chez nous, avant qu'ils ne fassent du mal avec leurs pouvoirs.

-Qu'est-ce que tu entends par "certains cas très rares" ?

-Parfois, certaines individus n'ont tout simplement pas de pouvoir.

-Tu veux dire, que les pouvoirs ne se transmettent pas ?

-Non, le plus souvent c'est le cas, mais parfois, des enfants d'humains normaux reçoivent des pouvoirs. Ou des enfants d'humains surnaturels n'ont parfois pas de pouvoirs. Et dans ton cas, comme tu as eu seize ans il n'y a pas longtemps, tu as reçus –ou vas recevoir- tes pouvoirs, à moins que tu ne sois une exception... C'est pour ça que nous sommes là. Nous sommes venus un mois à l'avance, de ce fait, je pouvais me faire passer pour un simple félin et découvrir si tu les avais reçus. Mais tu ne m'as pas parlé de tes pouvoirs, ni de l'homme qui te pourchasse...

-D'accord, mais, pourquoi me racontez-vous tout ceci ?

-Pour que tu nous dises si tu as remarqué des choses étranges ces derniers temps, venant de toi, répondit Aaron, nonchalant. Et si tu as un pouvoir, tu nous suivras gentiment jusqu'à Edor, afin de ne tuer personne par accident.

-J'ai remarqué des choses étranges, oui, mais...pourquoi vous suivrai-je ? Je n'ai rien à faire là-bas, ma maison est ici.

-Madeline ! Ton pouvoir ne va cesser d'accroître !

-Et alors !? m'emportai-je. Vous débarquez comme si de rien n'était, vous me dîtes que la magie existe et que je fais partie des êtres surnaturels ! J'aurais préféré ne jamais le savoir ! Retournez chez vous, et laissez-moi !

-Madeline ! On ne peut pas renter ! Et si ton pouvoir ne cesse de grandir alors que tu ne sais pas t'en servir, imagine les dégâts que tu pourrais causer !

-Je sais très bien me contrôler ! répliquai-je.

-Très bien. Si ton souhait est de terminer le restant de ta vie sur une table de recherche avec des scientifiques qui te scalpent, alors vas-y ! éclata le garçon.

Je fondis en larmes, sans vraiment savoir pourquoi. En à peine six minutes, ils venaient de me transformer ma vie. Ce que je croyais, ce que la science démontrait, ils venaient de tout renverser. Et pourtant, une partie de moi avait toujours su que quelque chose clochait, que je n'étais pas à ma place. Une main réconfortante se posa sur mon épaule, et je demandai entre deux sanglots :

-Combien de temps suis-je restée enfermée ?

-Une semaine. J'ai dit aux enseignants que tu étais malade.

-Et pourquoi ne pouvez-vous pas retourner là-bas ?

-Edor est un monde parallèle. Pour y pénétrer, il faut prendre un portail. Mais quand nous avons voulu contacter notre royaume, nous n'avons pas pu. Alors nous sommes allés au portail, et nous avons découvert que celui-ci avait été fermé. Nous ne pouvons pas le rouvrir, du moins, pour l'instant. Edor est condamné à vie si nous ne faisons rien.

Je réfléchis un long moment, m'enfermant dans ma bulle afin de peser le pour et le contre. Il est vrai, je suis curieuse de voir à quoi il ressemble, c'est mon monde originaire au final. Mais en même temps, j'ai peur. Peur de découvrir des choses là-bas.

-Madeline, ne t'en fais pas. Il faut que tu nous aides.

Ezrio, c'est toi qui parle dans ma tête ?

-Oui. Et vois le bon côté également, cela te permettra d'échapper à cet homme. Une issue s'offre enfin à toi. Tu pourras arrêter de fuir.

Lui. C'est vrai que je n'y avais pas pensé.

-C'est d'accord, prononçai-je à voix haute. Mais pourquoi avez-vous besoin de mon aide ?

-Pour ouvrir le portail, il faut réunir les cinq clefs d'Inuya. Elles sont éparpillées sur tout la Terre. C'est pour ça que nous seuls pouvons l'ouvrir, ceux à l'intérieur d'Edor ne peuvent rien faire. Chaque clef est gardée par un mage vivant sur Terre, et tes parents en font partis. Ils ont dû te donner une clef, ou quelque chose de semblable.

-Alors c'est ça qu'il voulait... L'homme voulait cette clef ! Mais ça veut dire...

-Qu'il connait le royaume caché, ou même qu'il en vient. Je n'avais pas compris au début quand tu m'as parlé de cette clef, j'aurais pourtant dû y penser...

-Mais le problème, c'est que mes parents ne m'ont rien donné, je te l'ai déjà dit. Nous avons même fouillé leur chambre !

-Nous finirons bien par la trouver. En attendant, nous devons t'entraîner, puis nous irons à la recherche des autres clefs. Ta maison ainsi que la forêt est protégée, tes parents l'ont entourés d'un champ magique, quiconque avec de mauvais intentions ne peut y entrer. Le tueur ne risque pas de venir, m'informa Ezrio.

-Attendez ! Il y a une incohérence. Le portail s'est refermé il y a à peine quelques jours. Sauf que l'homme veut cette clef depuis onze ans.

-Je pense savoir pourquoi il la désire tant, et depuis si longtemps. Je ne préfère rien dire pour l'instant. Mais si mon hypothèse est bonne, alors il ne doit en aucun cas avoir les cinq clefs réunies, où même l'une d'entre elle. 

-Oui. Le problème, c'est qu'il semble savoir énormément de choses à notre sujet. Alors que nous, nous ne savons même pas son prénom. Ça me fait mal de l'admettre, mais la balle est dans son camp.

-Si la balle est dans son camp, alors à nous le gun, conclus-je.

Aaron esquissa un sourire, puis nous allâmes dormir. Je fus emportée immédiatement au pays des songes.


Les rayons du soleil vinrent doucement me réveiller. Je me levai et sortis de ma chambre, quand j'entendis du bruit dans la maison. J'attrapai la barre de fer planquée sous mon lit, et me dirigeai à pas de loup vers les escaliers. Je descendis lentement les marches et sautai dans le salon, mon arme tendue devant moi.

-Je suis armée, faîtes gaffe !

-Hé ! Fais attention avec ce machin-là ! lança mon colocataire affalai sur le canapé.

Je soupirai et rangeai la barre dans un placard.

-Désolée, j'ai momentanément oublié que tu habitais ici. Au fait, comment va-t-on faire pour les cours ?

-Nous irons en cours cette semaine seulement. Puis le soir, on se rejoindra quelques part, afin de t'entraîner. Et quand nous partirons, nous ferons un mot comme quoi nous déménageons. Aujourd'hui, nous sommes samedi. Il est déjà trop tard pour aller en cours, alors nous avons toute la journée devant nous. En parlant de ça, connaîtrais-tu un endroit où personne ne viendra nous déranger ?

-J'ai l'endroit parfait pour ça, dis-je, un sourire aux lèvres.

Aaron acquiesça et nous mangeâmes tranquillement.


Une fois prêt, nous sortîmes de notre domicile et je les emmenai vers la forêt. Le seul endroit tranquille de toute la région. Personne n'ose s'y aventurer, certains racontent qu'il y aurait des monstres et des choses étranges. Enfin, ce sont plutôt des épouvantails légèrement modifies et des haut-parleurs placés là par une adolescente à la chevelure rouge, qui souhaite garder cet endroit tel qu'il est.

Puis nous nous posâmes à la clairière, et commençâmes l'entraînement.


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