Chapitre XV : (1) Territoire de glace, Orphidius, gardien de la clef

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Nous avions fait le voyage en deux jours. Auguste avait fait atterrir l'hydravion devant la base maritime. Les habitants nous avaient accueillis avec gentillesse et nous avions pu dormir. Puis, avant l'aube, nous étions repartis. La température du Groenland se faisait ressentir. Nous nous étions posés en pleine mer pour remettre un peu de carburant dans le moteur et manger un morceau. Puis l'hydravion avait survolé le pays horizontalement. Nous nous étions posés près de la côte pour récupérer un peu. A présent nous longions la côte ouest. Le soleil se levait au loin quand notre pilote lança :

-Nous y sommes bientôt.

Cette déclaration me remonta le moral. Cela faisait deux jours que nous volions. Savoir que nous allons enfin gagner la terre ferme me détendit quelques peu. Je vus au loin la base aérienne après quelques minutes.


Quelques temps après, nous étions posés sur l'eau. Aaron descendit et je le suivis. Entre-temps, nous avions revêtis nos tenues. Nous ressemblions à présent à des esquimaux. Le froid, malgré les combinaisons, se faisait ressentir. Ezrio était rentré dans le sac, je ne préfère pas que des personnes savent que nous avons un chat. Qui sait ce qu'ils penseraient ? Nous nous dirigeâmes ensuite vers la base. Auguste parla avec des hommes en combinaisons puis revint vers nous.

-On y est. Ils peuvent nous offrir le gîte. Je vous laisse vous débrouiller ?

-Oui, merci pour tout Auguste, répondit Aaron.

Et nous nous éloignons. Certains nous regardaient, se demandant surement ce que nous faisions là. Aaron sortit une carte de sa poche. Il montra une croix rouge du doigt.

-Voilà notre destination. Nous sommes là. D'après la boussole, nous devrions aller par-là.

Malgré nos pouvoirs, nous devons tout de même faire certaines choses à l'ancienne. Il doit  bien y avoir quelques kilomètres de marche ! Les sacs sur le dos, le félin à nos côtés, nous commençâmes notre périple.


La glace craquait sous nos pieds, le ciel d'un bleu limpide et le soleil contrastaient avec la froideur du pays. Je me retournai. Le vent glacial gifla mon visage. La base aéronautique n'était plus visible. Aaron se posta à côté.

-Ne t'en fais pas.

-Je ne m'en fais pas. Tu penses vraiment que je me laisse faire facilement  ? Je ne suis pas faite de guimauve contrairement à certain !

-Tu me traites de guimauve ?! Si tu es en danger, ne compte pas sur moi pour t'aider dans ce cas !

Ce garçon est tellement facile à taquiner ! Je me retournai pour continuer, mais une chose blanche fonça sur nous vers la droite. Elle n'était plus qu'à deux mètres.

Un ours polaire.

Il courut vers nous comme un fou. Arrivé à notre hauteur, il se leva sur ses deux pattes arrières. Je restai immobile, incapable de bouger. Un ours blanc, cet animal si rare, se dressait devant moi ! L'ours allait abattre sa patte sur moi. Aaron me poussa sur le côté et l'ours frappa dans l'air. Le garçon se releva.

-Je pensais que tu ne m'aiderais pas si j'étais en danger, ironisai-je.

-Très drôle ! Tu aurais pu te faire tuer !

-Mais non ! répondis-je nonchalante.

Ezrio se posta devant l'ours. Les deux animaux grognèrent. Le félin émit un petit miaulement, et une chose blanche l'entoura quelques instants. Quand celle-ci disparut, ce n'était plus un félin. Mais un ours blanc.

-Les chats d'Edor, en plus de lire dans les pensées, peuvent se transformer en certaines créatures surnaturelles, autres que les humains. Mais plus l'animal est rare, plus il épuise les félins.  

-Ce n'est pas un peu trop, tous ces pouvoirs, dans un simple chat?

Comme réponse, je n'eus le droit qu'à un simple haussement d'épaules. Les deux ours se firent face. Ils grognèrent, plusieurs fois, comme s'ils se parlaient. Ezrio redevint chat et se tourna vers nous.

-L'ours peut nous emmener. Il sait où se trouve la clef.

-U-un ours va nous emmener là-bas ? balbutia Aaron.

Le félin acquiesça. Il montra l'animal polaire de la tête. Celui-ci s'accroupit. Impossible...nous allons...! Je courus vers l'ours et l'enjambai. On va chevaucher un ours polaire ! Incroyable ! Au final, ce voyage aura quand même de bons côtés ! Le garçon brun me regarda, bouche bée.

-Mais tu es folle ! Tu ne vas quand même chevaucher ça !?

-Ce n'est pas toi qui voulais récupérer la clef ? Aller poule mouillée, bouge ton fessier !

Aaron se rembrunit. Puis il s'approcha et grimpa. Il enroula ses bras autour de ma taille. Cette proximité, dont je n'avais pas l'habitude, me gêna quelques peu. Ezrio sauta et se blottit entre mes cuisses. L'animal blanc se redressa et grogna une fois. Puis il s'élança sur la glace. Je m'accrochai à ses poils, Aaron serra comme un malade ma taille.

-Incroyable !

C'était fabuleux ! Je chevauche un ours ! Si on m'avait dit ça un jour, j'aurais ris au nez. Mais avec la magie, tout semble possible. L'animal allait à une vitesse incroyable. Quelques flocons commencèrent à tomber, et le vent me gifla le visage.


Quelques chevauchées plus tard, l'ours s'arrêta. Nous étions entourés d'immenses rochers couverts de neige. Le rocher à notre gauche était doté d'une embouchure. Comme une grotte, dont l'intérieur était sombre. L'animal blanc montra l'embouchure de la tête. Voilà où se trouvait la clef. Aaron descendit, non sans montrer son soulagement.

-L'ours reste ici. Nous pouvons y aller.

Ezrio entra, et nous le suivîmes. Aaron fit trembloter une boule d'électricité dans sa main, de façon à nous éclairer. Il faisait froid et tout était recouvert de glace. Bientôt, un mur de givre se dessina au fond. Nous étions bloqués. C'était un cul-de-sac ! Le garçon s'approcha et donna un coup dans le mur. Celui-ci grésilla. Puis la glace alentour sembla se réunir au milieu. Mais dans quel pétrin nous a-t-il mit !? Bientôt, une forme apparue. C'était une tête faite de glace, d'un vieil homme, comme sortit du mur.

-C'est quoi ça...

La tête craqua. Puis les paupières s'ouvrirent. Et la bouche bougea. C'est effrayant !

-Bienvenue à vous, jeunes mages. Je suis Orphidius, gardien de la clef de glace. Votre quête commence maintenant. Je n'ai le droit de ne rien vous dire, mais sachez que cela ne sera pas facile. La clef se trouve derrière ce mur de glace. Pour l'ouvrir, vous allez devoir répondre à trois de mes énigmes.

-Des énigmes ? C'est bien ma vaine... marmonna Aaron.

-Allez-y, Orphiduis.

-Inscrit dès notre naissance, on ne peut lui échapper. Chacun doit lui faire confiance, car on ne peut pas le changer. Qui est-il ?

Je savais bien que tout ne serait pas une question de force. Mais là, ce n'est pas de la tarte ! A quoi on ne peut échapper ? La mort ? Il est vrai qu'elle est inscrite dès notre naissance. Mais faire confiance à la mort... Notre histoire ? Elle est inscrite dès notre naissance. On ne peut lui échapper, on ne peut le changer, notre destin est tracé et...

-Le destin, répondis-je.

Orphidius sourit. Heureusement, c'est bien ça. Je pense que je vais devoir le faire toute seule. Aaron ne semble pas en mesure de résoudre des énigmes.




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