Chapitre VIII : (1) Détention nuisible, supplice et intoxication malsaine

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Ma tête me lançait et un liquide chaud et visqueux coulait sur mon visage. J'ouvris les yeux doucement et la douleur au niveau de mon crâne s'intensifia. Le filet de sang passa sur ma paupière et je l'essuyai du revers de ma manche, laissant une trace rouge sur mon sweat.

Tout était flou dans ma tête, la seule chose dont je me souvenais, était la bâtisse de la directrice et le caillou recouvert de sang. De mon sang. Le tueur m'a lancé un caillou dans la tête. Si je suis toujours en vie c'est un miracle !

Je regardai où je me trouvais. J'étais recroquevillée dans un coin d'une pièce étroite aux murs noirs. Une lampe suspendue au plafond clignotait, m'offrant un peu de lumière. Une table en fer rouillée et une chaise trônaient au milieu, occupant presque tout l'espace.

J'allongeai mes jambes afin de décontracter mes muscles et réfléchis. Je n'ai pas été assez prudente et voici le résultat. Que va-t-il me faire ? Je n'en ai aucune idée et je n'ose même pas imaginer tous les tours qu'il a dans son sac pour me faire souffrir.


Je remarquai mon manteau posé sur la chaise ainsi que ma dague. Peut-être pourrai-je m'en servir, au cas où le tueur arriverait... J'essayai de me lever, mais mes efforts furent vains. Mes chevilles et mes poignets étaient serrés par de la corde, solidement nouée. Raison de plus pour récupérer ce couteau.

Telle une chenille, je fis tomber mon corps sur le côté et commençai à ramper vers la table. Une fois arrivée devant celle-ci, je serrais les pieds pour être stable, et me relevai. Mais avec les mains attachées dans le dos, je perdis l'équilibre et tombai en arrière. Je réitérai l'opération, plus doucement cette fois. Une fois sur mes deux pieds, je m'approchai de la table, à seulement quelques centimètres à peine. Je faillis perdre l'équilibre à cause de la corde entravant mes chevilles, mais je réussis à me stabiliser. Je n'étais qu'à quelques millimètres de la table, quand la porte claqua avec fracas contre le mur. Je tournai lentement la tête, imaginant déjà les pires scénarios.

Il était là.

Cagoulé, masquant son visage, mais laissant voir ses yeux sans pitié, comme la dernière fois. Un sourire malsain se dessina sous son capuchon, suivit d'un ricanement sordide. Il s'avança doucement, savourant chaque seconde. Puis il enleva sa cagoule, dévoilant son visage.

Je ne bougeai plus. J'étais pétrifiée par la peur, la vraie peur. Pas celle quand une guêpe nous tourne autour, mais quand la souffrance s'accroche à notre cheville. Tout mon corps trembla et ma respiration fut saccadée. Il se posta face à moi. Je pus même voir ses yeux, noirs néant, avec des reflets rouge sang et une cicatrice qui traversait son œil gauche. Et ses pâles lèvres, formant un sourire diabolique et carnassier. Après quelques minutes à m'observer, il commença à tourner autour de moi, lentement. L'homme passa un doigt sur mon bras, puis revint devant moi et souleva mon menton de son pouce. Il me répugne.

-Quel joli minois, dommage que je dois l'abîmer. Hinhin, tu croyais vraiment pouvoir t'en tirer avec ce poignard ? Tu me déçois, Mademoiselle Hosthon. Je vais te torturer jusqu'à ce que tu n'aies plus la force de bouger le petit doigt. Je vais profiter de chaque cri qui sortira de ta bouche. Il faut dire que les autres n'avaient rien dit, mais toi, tu le feras, n'est-ce pas ?

-Vous pouvez aller vous faire voir !

L'homme attrapa mon poignard et, en moins de deux secondes, le mit sous mon menton.

-Fais attention à tes propos, cela pourrait te coûter cher.

Puis il retira la lame pour la poser juste au-dessus de ma lèvre inférieure. Il la fit glisser et je sentis un fin filet de sang s'échapper de la coupure.

-Comme ça, tu es marquée et tu m'appartiens, murmura-t-il d'une voix mielleuse.

Je le foudroyai du regard. Il ricana quelques instants puis sortit de la pièce, emportant mes affaires. Je m'écroulai sur le sol une fois la porte refermée. La corde commença à faire une trace sur mes chevilles, et mes poignets étaient dans le même état.

Mon ventre émit un gargouillis. J'avais faim, très faim. Cela doit faire plusieurs heures que je suis ici. En plus de la faim, mon crâne me faisait atrocement mal. Je me levai, essayant de tenir en équilibre avec mes chevilles attachées, et me dirigeai vers un coin de la petite pièce. Je m'adossai non sans difficulté contre le mur, et allongeai mes jambes.

Mes paupières voulurent se fermer. Ma tête voulut tomber sur le côté. Et mon corps entier me hurla de dormir. Mais je refusai. Je devais restée éveillée. Il le fallait à tout prix, sinon, qui sait, il pourrait bien me tirer par les chevilles pour me placer sur une table de torture et me brûler la peau à petit feu... La fatigue me fait délirer en plus. Pour ne pas succomber à l'effet soporifique, je jetai doucement ma tête en arrière, qui frappa contre le mur –une technique certes étrange, mais efficace-. J'essayai de penser à autre chose. Iris, la directrice, mes parents, la famille, même Aaron... Mais les effets du sommeil eurent raison de moi et je ne tardai pas à sombrer.

Plusieurs rêves me happèrent, effroyable et terrifiant.

J'étais dans le noir complet. Ni sol, ni plafond, ni mur, juste le néant le plus total. En face de moi, se dressait une autre moi. Mais celle-ci avait quelque chose de différent. Son expression n'était pas rassurante, au contraire. Elle me regardait comme si elle m'était supérieure.

-Tu me fais pitié. Une moins que rien ! Tu ne sais même pas te défendre, regarde-toi, tu n'es...

-ÇA SUFFIT ! Qui crois-tu être pour me juger ! Je sais me défendre, qu'est-ce que tu crois ? J'ai bien l'intention de sortir d'ici, et je vais te le prouver ! hurlai-je.

-Dans ce cas, fais-le. Montre-moi ce que tu sais faire, Madeline.

Puis mon double disparut dans le néant, laissant place à un autre cauchemar tout aussi étrange.


The LastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant