Chapitre XXII : (2) Enchantement protecteur, ennemi tueur et retour chez soi

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Nous passâmes la nuit sur le dos d'Ezrio. Aucun nuage d'orage ne vint nous électrocuté, et nous vîmes bientôt la terre ferme au loin.

L'Airlos se posa dans le champ qui surplombait notre maison. Nous descendîmes de son dos et il se retransforma en félin. Nous nous dirigeâmes dans la maison, heureux de retrouver notre chez nous. J'entrai, suivie d'Aaron et d'Ezrio, puis refermai la porte.

-Ah ! Notre bon chez nous ! lâcha le garçon en se jetant sur le canapé.

-Nous devrions aller dormir, demain, session d'entraînement pour vous deux.

-D'accord, répondis-je sérieuse. Il nous faut récupérer les trois dernières clefs. Au fait la carte a montré...

-On verra tout ça demain, me coupa Aaron las. Maintenant plongeons dans le pays des songes !

Je soupirai d'exaspération et montai dans ma chambre, Ezrio sur mes talons. Je me changeai rapidement, pendant que le félin tâtait le matelas afin de trouver l'endroit le plus confortable qui soit. Puis je me glissai sous les couettes et ne tardai pas à m'endormir.

Je me réveillai en sursaut. Les doux rayons du soleil filtraient sous mes volets, créant une ambiance tamisée dans la pièce. Je descendis du lit et enfilai des chaussettes. Je sortis ensuite de la pièce et remarquai qu'Aaron dormait encore. Une idée s'immisça dans ma tête et un petit rire diabolique franchit mes lèvres. Je m'approchai à pas de loups et ouvris la porte lentement. L'adolescent avait oublié de fermer ses volets, et le soleil éclairait son dos. Sa couette traînait par terre et un filet de bave pendouillait de sa bouche. Ça mériterait d'être immortalisé...

Je n'étais jamais rentrée dans sa chambre, sachant qu'il souhaitait surement garder certaines choses privées. Aaron avait rajouté certains objets à lui. Sur le bureau de chêne, trainait un carnet et du matériel de dessin. Une colonne avec des casiers étaient remplie d'objets étranges, venant surement d'Edor. Une boule gélatineuse d'un bleue limpide, des livres anciens avec une reliure dorée et des dagues aux manches incrustés de petites pierres précieuses. Un cadre posé sur sa table de chevet m'interpella. Je m'approchai et le pris entre mes mains. C'était Aaron, il y a de ça un ou deux ans, avec une jeune femme à ses côtés. Il ressemblait à ces personnages dans les livres fantastiques, une épée dans un fourreau, des cuirasses aux chevilles et aux poignets. Je reposai le cadre, ne voulant pas trop en découvrir sur son autre vie, celle à Edor -il doit bien avoir des choses qu'il ne souhaite pas révéler-.

Puis, après cette courte pause, je revins au sujet principal. Comment vais-je pouvoir le réveiller ? Oh... Une idée se fraya doucement un chemin dans ma tête. Je partis chercher mon enceinte portative et mon téléphone. Je retournai ensuite dans la chambre d'Aaron et posai l'objet par terre.

J'enclenchai ma musique aléatoirement, et bientôt, du Rammstein fusa de mon enceinte. Bonne pioche on dirait. Je sautai sur le matelas et commençai à chanter.

-We're all living in America, America is wunderbar, We're all living in America, Amerika, Amerika !

Aaron émit un grognement et se retourna, les cheveux en batailles. Il me regarda, encore dans les nuages.

-Tu es sérieuse ?

-Je n'ai pas pu résister, la tentation était trop forte. Allez nounours, on a une dure journée qui s'annonce ! terminai-je.

Je sortis de sa chambre en emportant mon enceinte. Je descendis les marches quatre à quatre et arrivai dans le salon. Je me préparai du thé dans une bouilloire puis versai la moitié dans ma tasse fétiche. Le garçon arriva quelques minutes après. Il avisa la bouilloire et me regarda.

-Tu en veux ? C'est du thé framboise-litchi ?

-C'est quoi, du thé ?

Je le regardai perplexe. Il n'y a pas de thé à Edor ? Ils ont ratés leurs vies alors...

-Tu as raté ta vie si tu ne sais pas ce que c'est ! Ce sont des plantes que l'ont fait tremper dans de l'eau chaude. Tiens, goûte, lui dis-je en remplissant une tasse du breuvage.

Aaron s'installa en face de moi et prit la tasse avec ses grandes mains. Il but une gorgée et me regarda comme si je venais de lui présenter un tout nouveau jeu vidéo.

-Mais c'est...super bon !

Je souris bêtement devant son attitude enfantine. Nous terminâmes notre petit déjeuner dans un silence reposant, puis j'allai me changer. Je descendis en quatrième vitesse et rejoignis Aaron et Ezrio. Puis nous sortîmes et nous dirigeâmes vers la forêt.

Nous pénétrâmes dans le vieux théâtre et descendîmes les marches de la salle de spectacle. Je grimpai sur la scène et nous pûmes commencer l'entraînement.

Je pliai mes bras de chaque côté de mon corps, paume vers le haut. Puis je créai une multitude de boules d'airs, tout autour de moi.

-Tu as fait de sacrés progrès ! s'exclama Aaron.

Je lui adressai un sourire timide en guise de remerciement. Tu n'as pas tout vu, mon cher... Je fis un mouvement de bras vers une cible que mon acolyte avait placé à l'autre bout de la scène. Toutes mes boules de vent convergèrent vers elle, et la cible fut bientôt plus qu'un tas de paille déchirée.

-Bien... très bien. Maintenant il faut que tu travailles ton imagination. Vas-y, crées une attaque.

Je réfléchis quelques instants. Qu'est-ce que je pourrais bien faire ?

Une idée commença à prendre forme dans mon esprit. Je commençai à tourner à une vitesse fulgurante autour d'une autre cible. Puis, de temps en temps, j'envoyai une boule d'air ou une lame. Le garçon commenta, satisfait :

-Si la personne veut contre-attaquer, elle ne pourra pas te toucher. Rapide et efficace. Bien joué !

Il me gratifia d'un sourire que je le lui rendis. Puis nous continuâmes l'entraînement, détruisant les cibles sans ménagement.

Deux heures passèrent, une dizaine de cibles en morceaux jonchaient le sol et nous suions à grosses gouttes. Cet entraînement intensif m'avait épuisé, et je me laissai tomber sur la scène.

-Tu as fait du bon boulot, commenta Aaron.

-On s'est tous les deux amélioré, répondis-je.

Ezrio s'approcha de nous, et je le gratifiai de quelques caresses. Puis il redevint sérieux et commença à parler :

-Nous devrions repartir au plus vite. Il ne faut surtout pas que l'homme récupère les clefs avant nous. De plus, je ne voudrais pas que vous vous fassiez attraper, au cas où vous auriez envie de sortir faire un tour, ajouta-t-il en me fusillant du regard. La prochaine clef se trouve en Nouvelle Zélande.

-En Nouvelle Zélande ! m'écriai-je. Mais c'est trop loin ! Comment va-t-on aller là-bas ?

-J'ai ma petite idée, répondit Aaron. Retournons à la maison et préparons nos affaires. Nous partirons demain matin.

Nous sortîmes du vieux théâtre et nous dirigeâmes vers notre maison. Je sens que la prochaine clef ne va pas être facile à trouver, j'ai un très mauvais pressentiment.

The LastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant