L'intérieur était dans un piteux état. Des débris jonchaient le sol, un bout de plafond pendait et semblait pouvoir s'écrouler à tout moment, le papier peint était déchiré et décoloré et l'armoire, seul meuble de la pièce, avait une porte en moins et des trous dans l'autre. Sans oublier la poussière et l'odeur infecte qui régnait dans l'air, pouah ! Mon agresseur avait toujours sa main sur ma bouche et son bras autour de ma taille, m'empêchant tout mouvement. Il me fit avancer sans ménagement. Nous passâmes par plusieurs pièces, toutes aussi désastreuses les unes que les autres. Nous débouchâmes bientôt sur une minuscule cour, où était garée une camionnette grise.
Il ouvrit les portes arrières et attrapa un rouleau de corde qui trainait sur le rebord. Je me débattis de toutes mes forces et criai, profitant qu'il ait enlevé sa main de ma bouche. Mais il me compressa le ventre, m'obligeant à me calmer. Il me plaqua contre le mur adjacent et enroula mes poignets avec la corde. Les mains liées dans le dos, je n'étais plus libre de mes mouvements. Puis le tueur me fit tomber sur le dos sans aucune douceur et posa un pied sur mon ventre.
Je devais absolument m'échapper. Une idée prit forme dans mon esprit, que je répétai plusieurs fois dans ma tête. L'homme était au-dessus de moi, ce qui jouait en ma faveur. Je relevai les jambes, ainsi mes pieds le tapèrent de plein fouet dans l'arrière train. Mon agresseur valsa au-dessus de moi et j'en profitai pour me relevai rapidement. Je l'entendis grogner, tandis que je courrais vers la porte comme une folle, les mains toujours liées.
J'ouvris la porte en essayant de me rappeler le chemin qu'il avait emprunté. Je passai par plusieurs pièces qui me rappelèrent quelques choses, et arrivai enfin devant la sortie. Je l'entendis derrière moi, et commençai à paniquer. Alors je redoublai d'efforts et ouvris la porte à pleine volée. Je détalai comme une cinglée, la peur au ventre.
Pendant ma course, j'enlevai la corde autour de mes poignés. Je sortis de la ruelle et me dépêchai de prendre la route de la maison. J'entendis ces bruits de pas martelant le sol derrière moi. Je n'étais qu'à quelques mètres de la maison quand je sentis ses doigts me frôler le dos. J'accélérai comme une folle et montai les escaliers deux à deux. J'ouvris la porte, entrai et la refermai à clef aussitôt. Je regardai par l'œillade s'il était toujours là. L'homme était en train de partir, tranquillement, comme si de rien n'était. Je me retournai et tombai à genoux. Je calmai ma respiration quand Aaron déboula dans l'entrée.
-Madeline ! Qu'est-ce qu'il se passe ? Tout va bien ?
-Ce n'est rien, répondis-je simplement en me relevant.
-Ne mens pas ! Dis-moi ce qu'il se passe.
-Mais rien ! Il ne se passe rien !
Je le regardai dans les yeux. Je sentis la désolation monter en lui.
-On est amis, non ? Pourquoi persistes-tu à ne rien vouloir me dire ? Je comprends que tu ne veuilles pas me le dire, mais quand même ! supplia-t-il.
Non Aaron, tu ne peux pas comprendre.
-Ne confond pas amis et coloc'. Si je ne te dis rien c'est parce que j'ai mes propres raisons, affirmai-je calmement.
-Mais putain Madeline ! Arrêtes de faire ta tête de mule et dis-moi ! Pourquoi te refermes-tu toujours dans ta bulle ? Pourquoi ne parles-tu à personne ? Pourquoi ?!
-Ça ne te regarde pas ! Maintenant laisses-moi !
Je ne voulais pas en entendre d'avantage. Je montai les escaliers et entrai dans ma chambre, puis claquai la porte. Pour qui se prend-t-il celui-là ? Je donnai un coup de poing sur mon bureau, puis tapai dans mon sac, qui valsa à l'autre bout de la pièce. Je passai mes mains sur mon visage et me calmai petit à petit. Afin de me changer les idées, je décidai de faire mes devoirs. Je m'installai sur mon bureau et les commençai.
Aaron entra dans ma chambre –pourquoi n'avais-je pas fermé cette porte !-. Il portait un plateau avec des biscuits et une tasse fumante. Je le regardai, méfiante.
-Ça devrait allez mieux avec ça.
-Si tu crois pouvoir me soutirer des informations avec ça, tu te trompes fortement.
-Oh, ça va, j'essaye de faire des efforts ! Surtout que, d'après ce que je vois, tu aurais besoin d'aide, hum ?
Je regardai ce dont il parlait. Il est vrai que cela faisait plus d'une vingtaine de minutes que je bloquai sur cet exercice de chimie. Mais...
-Ce n'est pas parce que je propose mon aide que tu es forcément faible. Il faudrait te rentrer ça dans le crâne.
Il est vrai que je n'aime pas demander de l'aide. Ou plutôt que je ne sais pas. J'ai dû tout faire toute seule pendant trois ans. Il est aussi vrai que je veux toujours me montrer forte. Forte envers la vie, forte envers cet homme qui a retiré les personnes les plus chers à mes yeux. Je ne veux pas me démonter, je veux continuer à vivre malgré ça. Je regardai Aaron et fis un signe de tête, montrant que j'étais d'accord. Ce dernier s'installa à côté de moi, croqua dans un biscuit et nous commençâmes l'exercice.
Cela dura une trentaine de minutes. Aaron s'avéra être un colocataire sympathique. C'est pourquoi une question -ou plutôt des questions- me torture l'esprit. Devrais-je lui dire pour le tueur ? Mais comment réagirait-il ? Me croirait-il ? Et s'il allait voir la police ? Non, il n'irait pas voir les flics. Je lui ai dit que s'il parlait de ça à qui que ce soit, je le tuerais de mes propres mains. Je laissai mes interrogations en suspense et allai faire à manger.
Une fois le repas et la vaisselle finie, nous nous installâmes dans le canapé et regardâmes la télévision. Les questions refirent surface une à une. Je regardai la paume de ma main, et, sans savoir pourquoi, je fis apparaître une boule d'air. Elle faisait la taille d'une grosse bille et flottait au-dessus de mon index. Je tournai la tête vers Aaron pour savoir s'il l'avait vu, mais il était trop concentré sur l'écran. Mais comment la faire disparaître ? D'habitude, je sentais mon énergie partir et elle disparaissait ! Je répétai dans ma tête « disparais », et la boule disparut. Oh, pratique ! J'avais une puissante envie de la faire réapparaître et de jouer avec. Mais je ne peux pas...
Après plusieurs minutes de débats intérieurs, je décidai de tout dire à Aaron. Il fallait qu'il sache, même si sa réaction me faisait peur.
-Aaron, il faut que tu saches...
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The Last
FantasíaPourquoi une vie remplit de morts resterait-elle ainsi ? Ma vie n'est que fuite et peur. Etre la dernière de sa famille peut parfois être frustrant. Un inconnu les a tous tué. Et je suis le dernier obstacle. Mais pourquoi fait-il ceci ? Une simple...