Chapitre II : (2) Arcanes chimériques et souvenirs moroses

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Je me réveillai en sursaut. La nuit était déjà bien avancée et les étoiles brillaient de toutes leur splendeurs. Je me frottai les yeux pour effacer les dernières traces de fatigue. J'ai dû m'endormir sans m'en rendre compte. Je pris les affaires et rentrai au chaud, puis je me laissai tomber dans le canapé et regardai la télévision.


Je pris l'objet qui pendait à mon cou et le contemplai. C'était une montre à gousset. La dernière chose que j'ai eue de ma mère. Elle m'avait demandé de l'avoir sur moi en permanence car celle-ci me protègerait. Si seulement elle avait pu la protéger, elle... C'est alors que son beau sourire me revint à l'esprit. Son si beau, mais si rare sourire. Une larme, que je ne pus empêcher de sortir, coula le long de ma joue pour finir sa course sur ma cuisse. Je relâchai l'objet et partit me douchai. Je rencontrai Iris dans le couloir et lui fis quelques caresses. Iris est mon chat depuis quelques semaines, c'est un Main Coon aux poils noirs. Ses iris verts me regardèrent intensément, comme pour avoir d'autres caresses. Je lui fis non de la tête, me redressai et partis dans la salle de bain. Une fois propre et vêtue de mon pyjama, je me glissai sous les couettes. Le sommeil ne tarda pas à me prendre et j'y sombrai.


Je sentis quelque chose sur moi. J'ouvris les yeux peu à peu. Mon chat dormait sur moi, m'étouffant quelques peu. Je le poussai et sortis des couettes en faisant attention à ne pas le réveiller. Mon regard se dirigea vers les volets et je les ouvris, remplissant mes poumons d'air frais. La fin de novembre se faisait ressentir, les arbres n'avaient plus leurs feuilles, celle-ci gisaient sur le sol, le recouvrant d'un grand tapis dorée et rouge. Les oiseaux ne chantaient plus, le vent soufflait, comme s'il ne l'avait pas fait depuis longtemps. Le froid nous mordait les doigts et les orteils.

Aujourd'hui, nous sommes dimanche. Une envie subite s'empara de moi. J'ai envie d'aller en ville. Me balader, regarder les vitrines de Noël. Je sais que je ne devrais pas, le tueur pourrait tomber à tout moment. Mais je n'ai pas l'intention de passer le restant de mes jours cloitrée chez moi ! Je me changeai rapidement, enfilai mon manteau et sortis, ma dague dans la manche –car il me faut quand même une protection-.

Parfois, j'ai l'impression d'être une folle qui se promène dans les rues avec une arme cachée dans sa manche. Mais c'est primordiale, je dois pouvoir me défendre tout de même. Je déambulai entre les passants, jetant des regards remplis d'étoiles aux vitrines décorées. L'une contient un père Noël mobil, l'autre des sapins qui tournent entre eux ou encore des petits lutins qui reproduisent le même geste toutes les cinq secondes. J'ai toujours adoré contempler les vitrines de Noël. Même si cette période me rappelle trop de mauvais souvenirs, j'aime la magie qu'il y a dans cette belle fête. L'un de ces souvenirs me toucha profondément. Celui où je les ai vus pour la dernière fois.

« Ma chérie, ton père et moi allons chercher ton cadeau. Reste ici sagement, d'accord ?

-Oui, Maman !

-Bisous, nous n'en n'avons pas pour longtemps.

Puis elle m'embrasse et part... »

Effectivement, ils n'en avaient pas pour longtemps, à vivre. Ils ne sont jamais revenus. Je ne les ai jamais revus. J'avais attendus toute la journée. Puis je me suis dit qu'ils avaient peut-être eu quelques problèmes à la caisse. L'ignorance de l'enfance, quelle honte ! Je suis allée dormir. En me réveillant, j'ai compris que je ne les reverrais pas. Et j'ai reçus cette fameuse série de photos deux jours après. Je ne pouvais pas y croire, et surtout ne voulais pas. C'était ma faute. S'ils n'étaient pas allés chercher ce fichu cadeau, tout ça... Rien de tout cela ne serait arrivé ! Et ils seraient encore là...

Mais on ne change pas le passé, malheureusement. On doit vivre dans le présent. Ce qui est fait, est fait. C'est pour cela que je me dois d'avancer. Je me dois de vivre. Vivre pour eux. Leur montrer que je suis forte, afin qu'ils soient fiers de leur fille. Enormément de souvenirs remontèrent à la surface. Et je dus lutter pour empêcher les larmes de couler.


Je continuai de déambuler entre les passants pendant quelques minutes, puis je pris la décision de rentrer. Je contournai plusieurs groupes de jeunes et arrivai à la petite ruelle. Comme toujours, il n'y avait personne. Je serrai bien fort le manche de ma dague, son contact me réconfortant.

J'avais déjà parcourus quelques mètres quand une main se posa sur ma bouche, étouffant mon cri. Un bras me sera autour de ma taille. Je sentis quelque chose contre moi. Un rire, sadique et à glacer le sang, fusa derrière moi. C'était un homme –d'où sa musculature et son rire-.

C'est lui.

Je me débâtis de toutes mes forces. Mais en vain. Alors je fis glisser ma dague jusque dans ma main, et enfonçai la lame dans sa cuisse. Un petit cri franchit ses lèvres et il lâcha son emprise. Je courus le plus vite que mes jambes me le permettaient.

Au bout d'une quinzaine de minutes, j'arrivai enfin chez moi. Je pris la clef, non sans trembler, ouvris la porte et la refermai violemment. Je fis deux tours de clefs et m'effondrai contre la porte. C'est...la deuxième fois en moins d'une semaine... Mon tour est vraiment arrivé...


The LastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant