Chapitre 11 - Le reflet de la misère

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Les murs étaient crasseux. Ils dégoulinaient de moisissures et s'effritaient par pans entiers qui tombaient et s'écrasaient sur le sol dans de fétides flaques. Le vent s'engouffrait par les interstices en sifflant un air lugubre et charriait avec lui une odeur putréfiée, faisandée, écœurante. Le martellement de la machine résonnait depuis les profondeurs de la mine et lancinait dans un ronronnement monotone. La chaleur humide remontait par volutes de vapeur et traversait les étages, par les couloirs, par les bouches de ventilation inefficaces et stagnait dans les cellules presque toutes vides. Parfois on entendait un cri, mais il était difficile de savoir si c'était une plainte de douleur ou le gémissement absurde de celui qui avait perdu la raison et qui tentait dans un dernier éclat de voix de la retrouver. La mort avait élu domicile dans ces sous-sols. Elle y régnait en maîtresse froide et implacable. Parfois un rongeur déchirait et arrachait un bout de chair du pied que le prisonnier n'avait plus la force de cacher entre ses jambes. Les cellules étaient si exiguës qu'on ne pouvait ni s'asseoir, ni se coucher, ni se mettre debout. L'espoir s'échappait chaque jour un peu plus par le petit trou d'aération situé au-dessus du prisonnier. Il n'avait même plus la force de relever la tête pour le regarder. Il n'y avait rien à voir de toute façon. Il ne savait pas depuis combien de temps il était là, ni pourquoi. A quoi bon ? L'écuelle de bouillie infâme distribuée chaque matin était vide. Avait-il mangé aujourd'hui ? Cela aussi il ne s'en souvenait plus. La contorsion permanente de son corps imposée par la structure de la cellule était insoutenable. Il vivait un enfer et même l'enfer se devait d'être plus vivable. Du moins il essayait de s'en convaincre. Viendrait-elle le tourmenter aujourd'hui ? Il espérait que non. Tout en elle le révulsait. Elle incarnait le sadisme absolu. Quand il entendait le son de ses bottes, il se recroquevillait de toute ses forces en fermant les yeux et en suppliant « Pas moi, pas aujourd'hui ! ». Les supplices qu'elle lui infligeait parfois dépassait l'entendement. Elle lui plantait des aiguilles électrifiés, elle enfonçait des tubes dans les plaies qui trouaient son ventre et ne cicatrisaient jamais. Comment pouvait-il être encore en vie ? Il souhaitait ardemment la mort.

Quand il entendit la mélodie macabre qu'elle avait l'habitude de marmonner en entrant dans le couloir qui menait aux cellules, son souhait fut exaucé. Son cœur bondit une dernière fois dans sa poitrine comme s'il voulait s'arracher de son corps et il poussa un dernier soupir de délivrance. Il était mort.

Elle donna quelques coups de pieds contre les barreaux de la cellule jusqu'à ce que le droïde qui l'accompagnait lui fit comprendre que c'était terminé. Elle ne pourrait plus jouer avec lui. Elle finit par se résigner.

--- Tant pis ! On en trouvera un autre.

Elle s'avança jusqu'au bout du couloir pour constater que toutes les autres cellules étaient bien vides. Elle s'arrêta devant la dernière, dans laquelle gisait un autre et dernier corps sans vie. Elle s'adressa au droïde qui la suivait.

--- Videz les deux cellules et nettoyez-les.


--- A vos ordres. Fit le droïde. Un modèle B1, identique à ceux qu'utilisait la Fédération du Commerce lors de l'invasion de Naboo.

Elle gravit ensuite les escaliers jusqu'à la chambre qu'elle s'était réservée. Elle consulta pendant de longues minutes l'écran de contrôle qui renvoyait toutes les informations provenant des capteurs disséminés un peu partout dans la mine. Les travaux avançaient. Tous les jours, les prisonniers, ainsi que les robots excavaient plus de Cinium. Elle fut satisfaite. Le projet avançait maintenant à pas de géant. Pourtant il manquait quelque chose d'essentiel : L'élément contrôleur. Le projet ne pourrait jamais arriver à son terme sans lui. Il lui fallait à tout prix l'hôte idéal. Elle le savait et n'avait d'autre choix que d'attendre.

Star Wars : La Révolte des PoussièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant