Chapitre 16 - Morsure

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Toph, jeune Poussière, qui avait passé sa vie à se cacher, se redressa d'un seul coup. Après le raffut et le silence qui s'en était suivit, il n'avait osé relever la tête. Mais là, il n'y tenait plus. Il se redressa donc complètement pour voir ce qu'il se passait en prenant le risque de se faire repérer. C'est alors qu'il aperçut, en contre-bas, le speeder de Jiin filer à toute allure dans les rues de Cachi-Mee. Il le suivit du regard pendant de longues minutes et s'amusait de voir ces inconnus chercher leur chemin dans les ruines, bifurquant dans une rue pour ensuite rebrousser chemin vers une autre direction. Ils devaient être perdus. Il ne savait pas qui était ces gens et d'où ils pouvaient bien venir. Ce qu'il savait, par contre, c'est que depuis leur arrivée, il se passait des choses. C'était comme si un sentiment nouveau flottait dans l'air. Quelque chose était en train de changer.

Toph était en charge de la cueillette des Boumboss, un champignon particulièrement résistant et nourrissant qui poussait dans les anciennes caves de Cachi-Mee, du moins dans celles qui n'avaient pas été complètement détruites. Il s'était naturellement autoproclamé spécialiste de la culture du Boumboss et c'était sa petite fierté. Chaque jour, il parcourait la cité en toute discrétion et faisait le tour de « ses » caves humides à moitiés effondrées en remplissant sa besace. Ensuite, il faisait le tour des caches à Poussières clandestines et distribuait sa précieuse nourriture aux affamés qui le remerciaient parfois d'un regard bienveillant ou d'un coup de menton souriant. Mais aujourd'hui, c'était différent. Aujourd'hui il y avait des étrangers qui s'étaient dissimulés sous un toit presque entièrement détruit. Ce n'était pas des Poussières, ou du moins, pas tous. Il y avait déjà cette énorme créature orange qui faisait le guet et ses deux petits êtres énervés qui ne cessaient de s'agiter. Et puis il y avait enfin un humain blessé et un jeune garçon, et tous s'étaient mis à l'abri sous un énorme auvent de fortune.

Aujourd'hui, Toph n'irait pas distribuer ses champignons. Non. Il voulait en savoir plus. Irrésistible attrait de l'inconnu. Il voulait savoir qui était ces gens, pourquoi ils étaient là et surtout, quel était leur rôle dans les événements de la matinée. Car il fallait bien le dire, c'était le bazar en ville ! Bien plus que d'habitude. Non seulement le dôme s'était à moitié écroulé mais une formidable explosion avait eu lieu dans le tunnel du tram. La sorcière devait être en colère. Oh ça oui ! Il en était certain. Et il se doutait bien que ces inconnus n'y étaient pas pour rien. Comme chaque Poussière encore en liberté, il trimbalait avec lui sa lance traditionnelle avec son bout métallique ; une arme ridicule face au tonnerre de feu des B1 et des Cyclattes. En fait elle le gênait plus qu'autre chose. Il passait son temps à la poser quelque part pour se faufiler ensuite dans un trou rempli de Boumboss, et une fois sur deux, il devait faire demi-tour parce qu'il l'avait oublié en sortant. La lutte, la guerre, la résistance, il ne voulait pas s'en mêler. Ce n'était pas un lâche, non, il était convaincu tout simplement qu'il n'avait pas sa place dans la résistance. Il écoutait avec attention les sermons d'encouragement que pouvait avoir certain Poussière, mais il préférait ne pas se mêler au combat directement. De toute façon, à ses yeux, le combat était déjà perdu. D'après ce qu'il avait pu entendre, cela faisait des décennies que la Fédération du Commerce avait pris le contrôle de sa planète. Il avait vécu toute sa vie dans la discrétion et la misère. Ne pas faire de vague, ne pas se faire remarquer, être invisible. Et puis la Sorcière était arrivée et là : tout s'était accéléré. Les enlèvements, les descentes de droïdes à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Les petites batailles en rang serrés, coincés entre deux murs et qui finissait toujours de la même façon : Les Poussières étaient soit tués, soit enlevés et jetés dans la mine : ce qui revenait au même. Grandir dans un tel environnement n'était pas chose aisée mais après tout, il n'avait rien connu d'autre. Alors il avait fini par s'y faire. Il avait trouvé sa place, son rôle et son truc.

Star Wars : La Révolte des PoussièresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant