Opération spéciale

Chapitre 49 Opération très spéciale

Je voulais tenter de détendre l'atmosphère. L'heure était suffisamment grave pour se chamailler.

-« Lorsque j'ai connu ton père, il m'en a fait baver. Il faut dire que je me rebellais souvent et que ce dernier me donnait toutes les tâches que les autres n'aimaient pas faire : récurer, éplucher les patates, surveiller toute la nuit une cargaison.

Il ne m'épargnait rien mais fier comme j'étais, je continuais sur ma lancée. Il me donna alors la mission d'accompagner des enfants pour une sortie lors de la visite de la base. »

-« Et ? »

Je souris face à ces souvenirs

-« Ils étaient pires que moi ! Ils couraient dans tous les sens et n'écoutaient rien et je ne te parle même pas des pauses pipi. J'ai eu le droit aux questions toute la journée, « Et pourquoi ? »... »Et comment ? » Mais le pire fut le moment du repas. Je crois que cela s'est fini en bataille générale. »

Emma rit à mon histoire. C'était si bon de l'entendre rire.

-« Mon père ne me l'a jamais raconté. »

-« Je n'étais pas une référence. Jamais il ne se serait vanté d'avoir un tel énergumène dans son équipe. »

-« Je pense qu'au contraire, il devait beaucoup t'aimer. Lorsque j'étais petite, je faisais les quatre cent coups lorsqu'il était là car je voulais attirer son attention et même lorsqu'il faisait les gros yeux, deux minutes après, il me prenait dans ses bras et me faisait un gros câlin. Il me manque tellement. »

-« Il était très fier de toi ! Tu étais sa princesse. »

-« Il te parlait de moi ? »

-« Oui souvent. J'avais parfois l'impression de faire partie de la famille. J'avais tous les détails, les photographies, les détails des fêtes d'anniversaire. Il regrettait de ne pas pouvoir passer plus de temps avec toi. »

-« Je sais que ce n'était pas de sa faute. D'autres personnes avaient aussi besoin de lui. »

-« Il a sauvé plusieurs hommes et peu d'hommes l'ont égalé. »

-« Je suis d'accord avec toi ! »

-« Eh bien ce serait bien la première fois ! » Dis –je en plaisantant

-« Nous nous disputons souvent ? » Me questionna-t-elle

-« Non. Nous aimons juste nous chamailler un peu. C'est un peu un jeu entre nous. »

Ma réponse sembla la satisfaire.

Je voyais son attitude se modifier. Il avait fallu que je parle de son père pour qu'elle redevienne sereine.

Si j'avais pu lui apporter un peu de réconfort, et bien, j'en étais ravi.

C'est là qu'Eddy franchit la porte. J'avais ma main dans la poche, prêt à dégainer si un homme débarquait.

Je me détendis lorsque je vis son visage.

Il prit place devant la télévision et mit les informations.

Bien sûr, tout le monde parlait de la disparition d'Emma, ce qui ne nous facilitait pas du tout la tâche.

Hank et Andrew m'avaient averti mais je n'en avais pas encore parlé avec Emma et Eddy. Voilà chose faite !

-« Pourquoi ? » Demanda-t-elle

-« Carlos contrôle les médias. En faisant cela, il facilite la communication. Quelqu'un risque de te reconnaître. »

Des images d'Emma circulaient et Carlos avait convoqué la presse pour leur faire part d'un portrait.

A ses côtés, se tenait une femme chic et élégante ainsi qu'Elsa.

-« Qui est-ce ? » en me montrant la jeune femme en question

-« La femme de Carlos » dis-je calmement.

Mais cela la perturba. C'était comme si elle revivait ce qu'elle avait déjà vécu dans le passé.

-« Je croyais qu'il m'aimait. »

-« Il t'aime à sa façon Emma. Mais dans son milieu, les mariages arrangés sont fréquents. »

-« Je vivais avec lui comme sa maîtresse ? » Dit-elle écœurée

-« Il t'a imposé sa volonté. Tu n'avais pas le choix. »

-« Et Elsa, elle a dut comprendre pour toi ? »

Pourquoi pensait-elle à Elsa alors que le moment était suffisamment grave. Je pensais que lorsqu'elle serait que Carlos était marié, que le choc serait plus grand mais encore une fois, elle me surprit. C'était comme si elle s'en moquait finalement.

-« Non, je l'ai eu au téléphone tout à l'heure. Elle pense que je suis en voyage d'affaires. C'était prévu donc elle ne s'inquiète pas pour le moment. »

-« J'aimerais tellement me souvenir de ces dernières années »

Eddy interrompit la discussion pour proposer que nous allions nous coucher, ce qui était pour une fois, une bonne idée de sa part.

Emma prit la chambre et Eddy et moi, nous allions partager le canapé convertible.

Alors que nous nous allongions et que le silence devint omniprésent, je me tournais vers Eddy..

Il savait que je l'avais dans mon collimateur

-« Quoi ! » Râla-t-il

-« Tu l'aimes n'est-ce pas ? »

-« C'est ma meilleure amie. »

-« Sois honnête Eddy. »

-« Je ne la rendrais jamais heureuse, je me lasse des filles très rapidement. »

-« Mais pas elle ? » Elle était l'exception, je le savais.

-« Elle est spéciale. Je ne supporterai pas de la perdre. »

-« Merci de ta franchise. »

-« Et toi Steve ? »

Il avait été honnête, alors c'était à mon tour.

-« J'ai l'impression de l'avoir déjà perdu. »

Eddy ne me répondit pas mais nous avions tous les deux que le sujet était loin d'être clos.

Finalement, il ferma les yeux et s'endormit.

Je mis mes mains derrière ma tête et je réfléchissais à comment aborder la journée de demain.

Il faudrait se lever à l'aube et quitter l'hôtel le plus vite possible.

Demain, serait encore une journée chargée...

...