Qui a peur du grand méchant loup?

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J'étais dans mon bureau situé derrière le vestiaire. Il était bien agencé et plusieurs téléviseurs diffusaient les images prises par les caméras dans l'établissement.

J'avais cinq danseuses qui pouvaient grimper sur le podium ou faire danser les clients s'ils n'étaient pas accompagnés. Elles devaient les divertir mais en aucun cas, je servais de réseau de prostitution. Les filles ne faisaient rien dans l'établissement, c'était la condition sine qua non.

Même Eddy devait garder ses distances avec ces filles. Je tenais à la bonne réputation de l'établissement. A vingt heures comme prévu, Eddy arriva.

-« Alors beauté, tout va bien. »

-« Tout est prêt pour ce soir. »

-« Bon, dis-moi en plus, sur nos clients VIP. »

-« Ce sont des clients brésiliens, ils ont beaucoup d'argent et ils fêtent un anniversaire, je crois. »

-« Bon, les filles sont là. Elles finissent de se préparer dans leur loge au sous-sol. »

-« Ils ne seront pas accompagnés, mais il faudra quand même assurer la sécurité des filles face à ces hommes. »

-« Compte sur moi. »

-« Quoi de neuf chez toi ? »

-« Le train- train habituel. Des filles et du bon temps. »

-« Tu n'en as jamais assez ? »

-« Non, je m'amuse, mais quand tu seras prête, je me réserverai pour toi. »

Il me fit un clin d'œil

-« Bien sûr tombeur, ça ne marche pas avec moi. »

-« Tu me connais trop bien. »

-« C'est ça. »

-« Dis-moi Emma, quand t'amuseras-tu ? »

-« Je n'ai pas le temps. »

-« Justement, tu es jeune et belle. Profite de la vie et éclate- toi. »

-« Ce n'est pas moi Eddy. Je préfère rester sage. »

Peu de personnes connaissaient ma vie auparavant. Je n'avais pas toujours été irréprochable. Mais je m'étais promise de tout faire pour ne plus jamais connaître les ennuis.

-« Dommage pour la population masculine. »

-« Elle s'en sort très bien sans moi. »

-« Allez, on va faire le briefing à toute l'équipe. »

-« Je te suis playboy »

Il m'embrassa sur la joue et partit le premier.

Il était tellement séduisant. Il portait un pantalon noir et une chemise blanche qui laissait entrevoir un corps svelte et musclé. Ses cheveux châtains retombaient légèrement sur ses épaules et du coup lui donnait un air de méchant garçon. Il avait la peau mate et ses dents étaient d'un blanc éclatant. Bref, les filles seraient toutes émoustillées en le voyant.

Il jouait l'homme sans cœur mais au fond, je savais qu'il était sensible. Il s'était forgé sa carapace pour éviter des sentiments trop profonds pour éviter de souffrir. Il était fils unique et sa mère avait quitté le domicile familial lorsqu'il avait dix ans. Son père l'avait donc éduqué à la dure, blasé par l'amour et déçu par les femmes. Il avait donc dut se débrouiller seul rapidement.

Aujourd'hui, j'étais fière d'être son amie et de l'avoir près de moi .Je savais qu'il serait toujours présent en cas de besoin. Il me l'avait prouvé de nombreuses fois.

Le DJ était une pointure, il était réputé dans le milieu et les foules se déplaçaient en masse pour le voir en soirée. On lui avait fait signer un contrat d'un mois, ce qui nous coûtait une petite fortune mais au vu des entrées et des clients, cela s'avéraient fortement lucratifs pour nous.

Il était dix heures, la soirée débutait, la queue devant l'établissement ne cessait de s'accroître et les videurs avaient bien du mal à les canaliser. Il y avait les habitués mais aussi les « people » qui voulaient être reconnus et être dans le lieu à la mode. Il ne fallait pas commettre d'impair. Tout le monde connaissait quelqu'un qui connaissait quelqu'un d'important. Si nous devions les écouter, tout le monde devait entrer mais je tenais absolument à respecter les consignes de sécurité et privatiser les lieux donnaient encore plus d'attrait à la boite. Ce qui est rare est recherché.

Les brésiliens arrivèrent vers onze heures. J'étais occupé dans mon bureau et j'entendis les rires des invités.

Ils étaient peu discrets mais peu importe, ils étaient dans le salon VIP.

Je reconnus une voix cependant qui me donna la chair de poule. Ce n'était pas possible, comment avait –il pu être ici ?

Je devais certainement rêver. Cette voix sortait d'outre- tombe. Comment pouvait-il être là ?

Je devais confondre. Peut-être que c'était mon imagination qui me jouait des tours ?

Afin de me rassurer et d'éloigner toute mauvaise pensée, je regardais la vidéo et malgré les années, je le reconnaissais. Il était bien là, à quelques mètres de moi.

J'avais des frissons partout sur le corps. Des larmes perlaient sur mes cils. Je ne pouvais plus réellement me contrôler. Les réactions s'enchainaient.

Une danseuse était à ses côtés. Elle buvait un verre et il semblait ravi de la vue sur son décolleté.

C'était tout à fait son style de fille. Je le connaissais trop bien.

Il avait les cheveux plus courts mais ce regard noir et cette petite cicatrice près du sourcil, c'était malheureusement lui. Impossible de me tromper à ce sujet.

J'étais terrifiée, mon bon sens avait disparu.

Mes jambes commençaient à trembler sous le bureau et malgré mes mains fermées, posées sur mes genoux, rien n'y fit. La panique me gagnait.

Je posais mon front sur le bureau et fermais les yeux pour oublier ce cauchemar.

Comment cela pouvait-il arriver maintenant ?



Opération spécialeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant